“Accord douanier États-Unis – UE : impacts sur les marchés et l’inflation” Marina Garlatti, Tailor AM

Accord douanier États-Unis – UE : un compromis à 15 % sur fond de concessions stratégiques
On va commencer avec l'accord entre les États-Unis et l'UE sur des droits de douane autour de 15%. Qu'est-ce qu'il faut retenir de cet accord qui a traîné en longueur avant d'aboutir ?
Oui, enfin il a été fixé. Donc effectivement, 15% de droits de douane sur la plupart des exportations européennes vers les États-Unis, y compris certains secteurs clés qui faisaient l'objet de droits de douane additionnels, comme l'automobile. C'est une bonne nouvelle parce qu'on craignait bien pire, mais il faut quand même garder en tête qu'avant l'élection de Donald Trump, on était plutôt autour de 2% de droits de douane, donc ça reste quand même un sujet, notamment pour l'industrie allemande. Sur la pharma et sur les semi-conducteurs, ça devrait être 15% aussi. Par contre, pour l'acier et l'aluminium, pas de changement, on reste sur un taux de 50%. Et donc, en échange de tout ça, l'Union Européenne a dû faire quelques concessions. Elle a accepté d'acheter pour 750 milliards de dollars de biens américains, en particulier des produits énergétiques. Elle s'est engagée à acheter des équipements militaires et à investir 600 milliards de dollars aux États-Unis. Sur les marchés, ce n'est pas vraiment l'euphorie, la réaction a été mitigée. Parce que c'est un deal qui est plutôt perçu comme défavorable pour l'Union européenne. On a même un dollar qui reprend quelques couleurs face à l'euro. Côté positif, c'est qu'on a plus de visibilité. Ça permettra de mieux anticiper les impacts sur l'inflation et sur la croissance. Donc pour la BCE, c'est plutôt une bonne chose. BCE qui d'ailleurs n'a pas baissé ses taux jeudi dernier, c'était largement attendu. Elle a expliqué que les incertitudes commerciales invitaient à rester prudents et à rester dépendants des données.
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États-Unis : l'inflation sous pression avec la hausse des droits de douane
Maintenant que cette politique tarifaire a des effets plus concrets, on a quelques chiffres, quel impact est-ce que ça va avoir sur l'économie américaine ?
Oui effectivement, donc ça devient plus concret, on a plusieurs accords qui ont été conclus, on parlait de l'Union européenne à l'instant, il y en a d'autres avec certains partenaires asiatiques, je pense par exemple à l'Indonésie, les Philippines ou le Japon. Pour les pays qui n'ont pas encore d'accord, Trump parle d'un droit de douane général de 15 à 20%. Plus de visibilité, certes, mais le taux moyen de droits de douane appliqué par les États-Unis a augmenté de façon significative. Donc même si l'économie américaine fait preuve d'une grande résilience, à un moment les effets négatifs vont commencer à se sentir. On s'attend à un rebond un peu plus marqué de l'inflation qui pèsera sur la consommation. Ça devrait impacter à terme le marché de l'emploi et ça, ce sera le signal pour la Fed pour baisser ses taux. On n'en est pas encore là, d'ailleurs l'indice de confiance des consommateurs a rebondi hier, donc on ne s'attend pas à un changement de politique monétaire cette semaine lors de la réunion de la Fed. On va avoir une semaine assez chargée d'ailleurs, il faudra surveiller l'inflation PCE demain et le rapport sur l'emploi vendredi.
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Résultats d’entreprises : contrastes marqués entre les États-Unis et l’Europe
On finit avec la saison des résultats, on a eu beaucoup de résultats qui sont tombés et qui vont encore tomber cette semaine, qui est assez chargée de ce côté-là.
Côté résultats, c'est plutôt positif, surtout aux États-Unis. Plus de 80% des sociétés du S&P 500 ont battu les attentes. Et quelque part, heureusement, parce que vu le niveau des valorisations, la moindre mauvaise nouvelle serait sanctionnée. Donc pas le droit à l'erreur cette semaine pour les 4 géants qui vont publier, Apple, Amazon, Meta, Microsoft. En Europe, c'est un peu plus contrasté. On a évidemment l'impact négatif de l'appréciation de l'euro. On a un environnement de croissance plus faible. Parmi les déceptions, on retrouve Amundi qui a publié un chiffre d'affaires inférieur aux attentes de 6%. On retrouve Novo Nordisk surtout qui a chuté assez fortement hier de plus de 20% après l'annonce d'un deuxième profit warning. Stellantis qui a confirmé une perte nette de 2,3 milliards d'euros au premier semestre mais qui a plutôt bien résisté. On a aussi quelques bonnes surprises qui ont bien soutenu les indices actions hier. Je pense par exemple à Essilor qui a annoncé une hausse de 7,3% de son chiffre d'affaires au deuxième trimestre.
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