Budget 2026 : une année blanche contestée par tous

Une équation budgétaire à 40 milliards d’euros
François Bayrou a présenté ce mardi son plan pour réaliser 40 milliards d’euros d’économies en 2026. Un exercice périlleux, dans un contexte international tendu, entre pressions géopolitiques et contraintes financières internes. Le Premier ministre entend ramener le déficit public à 4,6 % du PIB, contre 5,8 % en 2024, tout en augmentant le budget de la défense, avec 3,5 milliards d’euros supplémentaires prévus en 2026 et 3 milliards en 2027.
L’hypothèse d’une « année blanche » au cœur des tensions
Parmi les options les plus controversées figure celle d’une « année blanche » : un gel partiel ou total des dépenses de l’État, reconduites à l’identique par rapport à 2025, sans ajustement à l’inflation. Une telle mesure pourrait rapporter entre 5 et 10 milliards d’euros selon les périmètres concernés, mais elle suscite une vive opposition. Le budget de la Défense serait épargné, ce qui accentue les critiques, notamment sur les sacrifices demandés aux autres secteurs.
La secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, a qualifié l’année blanche d’« année noire » pour les travailleurs et les services publics. Elle dénonce une politique budgétaire qui, selon elle, revient à « financer des Rafale en fermant des hôpitaux », pointant le décalage entre les priorités affichées et les besoins concrets de la population. La CGT fustige également l’absence de prise en compte de l’inflation, qui réduirait de fait le pouvoir d’achat des Français les plus fragiles.
Taxer les plus riches
L’opposition de gauche, de La France insoumise au Parti socialiste, critique également une politique jugée injuste. Le député PS Philippe Brun réclame que les plus riches ne soient pas exemptés d’efforts. Plusieurs élus défendent une taxation du patrimoine inspirée de l’économiste Gabriel Zucman, avec un prélèvement de 2 % par an sur les très grandes fortunes, pour un rendement potentiel de 20 milliards d’euros par an. Une option écartée par le gouvernement.
Une remise en cause de l’assurance-chômage
Le gouvernement envisage aussi de revoir une nouvelle fois les règles de l’assurance-chômage, malgré un accord signé il y a six mois avec les partenaires sociaux. Une perspective qui provoque l’incompréhension de la CGT, qui rappelle qu’au moins quatre réformes ont déjà été menées depuis l’élection d’Emmanuel Macron. Pour Sophie Binet, cette stratégie revient à rendre les chômeurs responsables de leur situation : « Comme si on faisait exprès d’être au chômage ».
La suppression d’un jour férié également envisagée
Autre mesure évoquée : la suppression d’un jour férié, perçue par la CGT comme une forme de travail gratuit. « Cela revient à travailler plus pour gagner moins », a dénoncé Sophie Binet, qui rappelle que de nombreux travailleurs sont déjà touchés par des plans de licenciement ou des fermetures d’entreprises, sans réaction du gouvernement.
Une contribution des retraités les plus aisés à l’étude
François Bayrou n’écarte pas non plus une mise à contribution des retraités les plus aisés. Un système de compensation serait toutefois envisagé pour les pensions modestes. Cette mesure, sensible politiquement, pourrait provoquer des tensions avec Les Républicains, soucieux de ménager leur électorat en vue de 2027.
Des hausses d’impôts ciblées plutôt qu’une fiscalité généralisée
S’il exclut une hausse générale des impôts, François Bayrou n’écarte pas des contributions ciblées. La contribution exceptionnelle sur les hauts revenus instaurée dans le budget 2025 pourrait être reconduite, avec un rendement estimé à 3 milliards d’euros. Reste à savoir si cela suffira à équilibrer les comptes sans susciter de nouvelles crispations.
La rationalisation des agences et opérateurs de l’État
Parmi les pistes d’économies identifiées figure également la fusion ou la suppression d’un tiers des agences publiques, ce qui pourrait représenter 2 à 3 milliards d’euros. Cette rationalisation, portée par la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin, s’inscrit dans une volonté plus large de maîtrise des dépenses.
Des aides aux entreprises dans le viseur de la CGT
La CGT appelle à une refonte des aides publiques aux entreprises, qu’elle estime mal ciblées et non évaluées. Sophie Binet dénonce les 211 milliards d’euros d’aides versées sans conditions, qui bénéficieraient principalement aux grandes entreprises versant des dividendes. Elle plaide pour les réserver aux entreprises vertueuses, en matière sociale et environnementale.
Un exercice d’équilibriste sur fond de majorité fragile
Sur le plan politique, François Bayrou évolue sur un terrain instable. Avec une majorité relative, le gouvernement s’expose à une motion de censure si les mesures suscitent une opposition conjointe du RN, de la gauche et d’une partie des Républicains. Le RN a d’ores et déjà prévenu qu’un gel budgétaire ou une hausse d’impôt entraînerait une tentative de renversement du gouvernement.
Une trajectoire budgétaire sous haute tension
Avec une dette publique atteignant 114 % du PIB, l’exécutif mise sur un double levier : maîtrise des dépenses publiques et soutien à la production. Mais la volonté de ne pas « laisser de poussière sous le tapis », selon les mots de Bayrou, se heurte à des lignes rouges multiples et des revendications sociales pressantes. La partie de François Bayrou s’annonce donc aussi politique que budgétaire.
Sources : BFMTV, Boursorama
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