"La BCE s’inquiète de la croissance : tu m’étonnes !!" Christian Bito (Professeur de finance à l’ESSEC)

Analyses de marchés
Christian Bito
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Tensions croissantes aux États-Unis et récession imminente en Europe

Le rythme frénétique des nominations du futur président Trump et M. Powell, qui en rajoutent sur l'indépendance de la Fed, ont propulsé les taux 10 ans américains à 4,45 %. Pas de panique néanmoins, car la deuxième priorité de la future administration Trump est la lutte contre l'inflation US, et déjà le pétrole repasse à 71 dollars pour le Brent.
En revanche, la situation est plus préoccupante en Europe. Le compte-rendu de la réunion de la BCE du 16 octobre révèle que les informations suggèrent que l'activité économique a été plus faible que prévu. La BCE cite un indicateur que nous mentionnons souvent, le PMI composite d'activité. Il chutait de 51 en août à 49,6 pour septembre. Sous 50, ce sondage auprès des grandes entreprises pointe vers une contraction de l'activité. Le dernier chiffre, dont elle ne disposait pas encore lors de sa réunion, à 50 pour octobre, n'incite pas à l'optimisme. Et les nouvelles vont dans le sens d'une nette dégradation. La production industrielle en zone euro recule fortement sur le mois de septembre et atteint maintenant moins 2,8 % sur un an glissant. Même si l'activité manufacturière est une composante inférieure à 30 % du PIB européen, la consommation et les services seront affectés par la multiplication des fermetures d'usines et des faillites.
La France dépasse son record historique de défaillances avec 66 800 dépôts de bilan sur 12 mois. Les difficultés du gouvernement pour faire adopter son budget retardent son action. De toute façon, il s'agira d'un budget restrictif. L'Allemagne n'est pas en meilleure situation puisque son indicateur ZEW plonge de 13,1 à 7,4. Le gouvernement de M. Scholz implose et il faudra attendre février 2025 pour de nouvelles élections. Enfin, l'Espagne, qui se distinguait par son dynamisme, notamment dans ses investissements dans les nouvelles énergies, comme l'hydrogène, doit maintenant subir le coup de ces inondations dramatiques et de cette mauvaise conjoncture liée aux perspectives de croissance à la baisse.
En Europe, depuis 15 jours, les taux se tassent chez nous et ne suivent pas la tension observée sur les taux longs américains. Mais aux États-Unis, les craintes sur l'inflation et de possibles taxes à l'importation semblent ne pas altérer la croissance américaine. Les ventes de détail remontent à plus de 2,8 % sur un an.
Avec plus de 15 % de différence en moyenne accumulée depuis le début de l'année entre les différents indices européens et américains, un rebond pourra être puissant, mais il faudra des catalyseurs forts, bien au-delà de la politique accommodante de la Banque centrale européenne que nous connaissons maintenant. La résolution des conflits, notamment en Ukraine, ou une relance massive en Chine — déjà les premières mesures ont soutenu les ventes domestiques, qui s'améliorent à plus 4,8 % en Chine —, ce seront peut-être des facteurs de relance tant attendus.

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