“La future hausse des droits de douane affaiblit certains secteurs” Marina Garlatti, Tailor AM
Nomination au trésor de Scott Besant, réactions de marchés
On va commencer par la nomination au trésor de Scott Besant par Donald Trump. Est-ce que vous pouvez nous en dire un peu plus sur son profil et sur les réactions qui ont suivi ?
Ça a été annoncé en début de semaine et c'est vrai que ça a causé un mouvement presque inverse à ce qu'on observe sur les marchés depuis la victoire de Donald Trump. Donc avec cette fois un recul des taux souverains et du dollar. La raison, c'est que ça a rassuré concernant la trajectoire des finances publiques, puisqu'il est soucieux, je dirais, de la réduction des déficits budgétaires, et puis il est perçu comme quelqu'un d'assez mesuré, donc un regain de confiance dans la politique économique à venir.
L'autre annonce de Donald Trump qui a fait beaucoup parler, ce sont des prémices d'infos sur les futurs droits de douane qui pourraient être appliqués, notamment aux pays d'Amérique du Nord et à la Chine.
C'est vrai que ça a complètement contrebalancé l'optimisme du début de semaine, donc des droits de douane contre la Chine, le Mexique, le Canada. Ça fera visiblement partie des premières mesures qui seront mises en place après son institut le 20 janvier. Pour le moment, il parle d'une taxe de 25% sur les produits en provenance du Canada et du Mexique, ce qui mettrait donc fin à l'accord de libre-échange entre les trois pays, et un droit de douane supplémentaire de 10% sur tous les produits chinois entrant sur le sol américain. Donc là, on est sur des niveaux inférieurs à ceux qui avaient été évoqués avant sa victoire. Je rappelle qu'on parlait de droit de douane de l'ordre de 60% pour la Chine, mais ça confirme bien sa volonté d'agir rapidement et puis de relancer une guerre commerciale. Pour le moment, on ne parle pas de l'Europe, mais ce sera très sûrement la prochaine cible, et ça, ça pourrait davantage affaiblir le secteur automobile. À titre illustratif, une société comme Stellantis, qui à première vue a été épargnée puisqu'inventée aux États-Unis, là sera finalement exposée compte tenu de ces importations élevées en provenance du Canada et du Mexique.
Le commerce mondial pèse lourd dans le PIB allemand
Si on pense au secteur automobile en Europe, on pense à l'Allemagne qui est déjà dans une place un peu difficile. Est-ce que ça pourrait aggraver les choses ?
Oui, tout à fait. C'est vrai que le commerce mondial pèse assez lourd dans le PIB allemand. Donc oui, l'Allemagne risque d'être fortement impactée. Elle est déjà dans une situation compliquée. En effet, le secteur industriel souffre entre autres de la faiblesse de la demande chinoise, de coûts de production élevés avec la hausse des prix de l'énergie. D'ailleurs, l'indice IFO du climat des affaires qui a été publié lundi s'est dégradé et a atteint un point bas depuis la crise Covid. Ce qui est compliqué, c'est qu'en parallèle, l'Allemagne fait face à une crise politique puisque les désaccords sur la gestion du budget ont provoqué la chute du gouvernement. En quelques mots, le frein à l'endettement qui limite le déficit budgétaire à 0,35% du PIB est un sujet de discussion puisque certains partis de la coalition voudraient réformer ce principe pour pouvoir augmenter les dépenses d'investissement et donc relancer l'économie, mais d'autres partis sont contre et donc c'est tout le cœur du problème et ça freine totalement la prise de décision pour essayer de sortir de cette récession.
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