"Dry january : les marchés financiers à sec de liquidités ?" Christian Bito (ESSEC et SLGP)


Premier feu de l'année sur les marchés obligataires
Pourquoi est-ce cuit ? Le déficit de la Grande-Bretagne devra atteindre 4,4 % en 2024. Celui de la France, record dans les grands pays en Europe, 6,1 %
Avec une croissance qui n'accède pas, le calendrier des émissions de dette d'État que devront absorber les marchés cette année totalisera au minimum 300 milliards de livres pour le Royaume-Uni et 300 milliards d'euros pour la France.
Une hausse des taux généralisée
Ces Perspectives participent à la hausse des taux obligataires depuis le début de l'année. Les taux à 10 ans anglais touchent un plus haut depuis 2008 à 4,90 %. Celui de la France, dans l'attente des orientations du gouvernement Bayrou, est toujours légèrement au-dessus du 10 ans grec à 3,40 %, malgré un chiffre d'inflation en décembre en repli à 1,1 %.
Les facteurs américains qui influencent
Cette hausse reflète aussi la hausse des taux américains, avec des chiffres de l'emploi soutenus : 256 000 créations. Le 10 ans américain touche 4,79 %. Les facteurs qui pèsent sur le marché US sont néanmoins différents. Ils sont liés aux craintes inflationnistes que provoquerait une version dure de la politique du président Trump, notamment dans le domaine des taxes douanières et de la limitation de l'immigration, donc de la manœuvre à bas coût.
Une volatilité accrue avant le 20 janvier
Dans la période d'incertitude précédant le 20 janvier, les marchés réagissent avec une importante volatilité aux différentes déclarations du futur président. Les investisseurs craignent que la Fed campe sur une politique prudente et ralentisse le rythme de baisse des taux directeurs, encore actuellement à 4,50 % pour la Fed.
Maintenant, est-ce pour autant un mur de la dette infranchissable ? Les taux d'intérêt obligataires sont le résultat de l'offre et de la demande de capitaux, c'est-à-dire de prêts et d'emprunts.
Un ajustement de l'épargne en Europe
En Europe, les États, France et Angleterre en tête, seront, nous l'avons vu, demandeurs de crédits. La Banque d'Angleterre et la BCE n'envisagent pas, dans la conjoncture actuelle, d'ouvrir à nouveau leur bilan pour absorber ces dettes, comme pendant la crise du Covid, c'était le quantitative easing.
Mais, d'une part, l'activité ralentit, ce qui diminue la demande de crédit privé. Et d'autre part, les taux d'épargne augmentent, permettant d'escompter un équilibrage entre prêteurs et emprunteurs. Le taux d'épargne en Europe est d'ailleurs passé à plus de 18 %.
Un contraste avec les États-Unis
Pour des raisons différentes, aux États-Unis, le taux d'épargne est à l'inverse devenu très bas compte tenu de l'activité soutenue. Les ventes de détail progressent de plus 3,8 % depuis un an et le taux d'épargne des ménages est redescendu à 4,4 %.
En revanche, le stock de liquidités accumulé dans les placements monétaires à court terme dépasse les records historiques. Résultat, de taux court à plus de 5 % sur les bons du trésor ou des créances commerciales de 1 à 3 mois depuis 2023, les monetary funds, les SICAV monétaires, atteignent plus de 6 800 milliards de dollars d'encours, soit presque autant que le bilan de la Fed.
Une partie des liquidités pléthoriques déjà dans le marché se déplaceront certainement au fur et à mesure de la baisse des rendements des placements à court terme vers des placements obligataires plus longs, voire les marchés d'action.
Un dry January économique
Alors Dry January, mois de privation, beaucoup de stress car les réponses attendront les échéances politiques et pour le moment, il semble que les taux pricent le pire.
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