États-Unis, Inde : le H-1B au cœur du bras de fer commercial

Économie
Rémy Gicquel
L’Inde et la Chine reçoivent le plus de visas H-1B

Le H-1B, nouvelle arme de négociation commerciale entre Washington et New Delhi

Le 19 septembre dernier, le président américain a annoncé une mesure surprenante : les frais pour l’obtention d’un visa de travail H-1B passeraient de 215 $ à 100 000 $. Derrière cette annonce, il faut y voir un nouvel épisode de bras de fer entre Washington et New Delhi. Faute d’accord commercial depuis plusieurs mois, l’administration américaine augmente la pression, après avoir déjà relevé fin août les droits de douane de 25% à 50%.

top 5 bénéficiaires appouvés de visas h-1b

Le rôle central du Visa H-1B pour les travailleurs qualifiés

Parmi les nombreux visas permettant de travailler aux États-Unis (E-2, O-1, L-1A/B, EB, etc.), le H-1B reste le plus flexible et le plus rapide d’accès, en particulier pour de jeunes diplômés titulaires au minimum d’une licence (Bachelor’s degree).

Chaque année, les entreprises déposent leurs demandes en mars pour une loterie organisée en avril. Le quota est fixé à 65 000 visas, auxquels s’ajoutent 20 000 visas réservés aux titulaires d’un master obtenu aux États-Unis. Un H-1B est valable jusqu’à trois ans, renouvelable pour une durée maximale de six ans.

Selon les données officielles, le salaire médian des nouveaux employés sous H-1B s’élevait récemment à 94 000 $ par an. Porter les frais d’obtention à 100 000 $ représenterait donc un surcoût d’environ 35 % du coût salarial total sur la durée du visa, une hausse significative pour les entreprises utilisatrices.

Une dépendance forte vis-à-vis des talents indiens

Plus de 70% des H-1B sont attribués à des ressortissants indiens, loin devant les Chinois (12%). Ce biais s’explique par plusieurs facteurs : une éducation en anglais dès le plus jeune âge, un vivier massif de diplômés spécialisés en STEM (sciences, technologies, ingénierie, mathématiques), et la forte implantation de sociétés indiennes de services informatiques aux États-Unis.

Après les grands groupes technologiques américains tels que Amazon, Microsoft, Apple etc…, les entreprises indiennes comptent parmi les principaux utilisateurs du H-1B. Même si ces salariés ne représentent souvent que 1 à 2 % de leurs effectifs totaux, leurs postes sont stratégiques : ils assurent la coordination entre les clients américains et les équipes basées en Inde.

Une mesure de pression plus que de fond

L’impact financier immédiat resterait donc limité, mais le signal est fort : à terme, un tel surcoût pourrait menacer le business model des sociétés indiennes d’outsourcing IT. Des recours juridiques devraient être engagés, mais beaucoup d’observateurs estiment que cette mesure est avant tout un levier de négociation. Elle pourrait disparaître rapidement une fois trouvé un compromis commercial plus large entre Washington et New Delhi.

Par Rémy Gicquel, CFA, Gérant, Swiss Life Banque Privée

Source : https://blinks.bloomberg.com/news/stories/T2Z1SFGOT0JK

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