L’or affiche une performance inverse au CAC 40 en juillet 2025

Une progression de l'or soutenue par le dollar et l’accord USA-Europe
Au 31 juillet, l’once d’or a atteint 2891 euros, en hausse de 3% sur le mois et de 15,3% depuis le début de l’année. Cette progression efface la baisse enregistrée en juin et place le métal jaune largement au-dessus des actions (+5,3% pour le CAC 40 hors dividendes en 2025), du bitcoin (+13,8%) ou encore des obligations (+0,5%).
La hausse a été amplifiée par l’appréciation du dollar consécutive à l’accord commercial conclu entre les États-Unis et l’Europe. L’or s’est par ailleurs distingué par une décorrélation marquée avec le CAC 40, avec un coefficient de corrélation de -0,4 sur 30 jours. Le graphique de juillet montre que le métal jaune avait tendance à monter lorsque l’indice parisien reculait.

La baisse attendue des taux comme moteur pour l’or
Aux États-Unis, le ralentissement du marché de l’emploi et un changement attendu à la Réserve fédérale pourraient ouvrir la voie à un assouplissement monétaire. L’or, traditionnellement favorisé par un contexte de taux plus bas, bénéficie de ces anticipations.
Des prévisions optimistes circulent : Citigroup anticipe un cours à 3500 dollars l’once à trois mois (+6% par rapport à fin juillet), tandis que Fidelity envisage un possible franchissement du seuil des 4000 dollars.
L’argent signe un record historique
Le 23 juillet, l’once d’argent a atteint un sommet inédit de 33,54 euros, dépassant son précédent record de 2011. Depuis le début de l’année, sa progression atteint 14% après une hausse de 29% en 2024.
Cette performance s’explique par un déficit structurel : 2025 devrait marquer la septième année consécutive où la demande excède l’offre. Tirée par les usages industriels, notamment dans le photovoltaïque et les véhicules électriques, la consommation mondiale reste soutenue. En parallèle, la production minière a reculé de 6% depuis 2016.
Le ratio or/argent avoisine désormais 90, contre une moyenne de 70 sur vingt ans, suggérant une sous-évaluation relative du métal gris.
L’offre et la demande d’or au deuxième trimestre
Une demande d’investissement dynamique
Au deuxième trimestre 2025, la demande d’or a atteint 1249 tonnes, en hausse de 3% sur un an. Cette progression est principalement due à l’investissement (+78%), soutenu par une forte demande en Chine où les achats de pièces et lingots ont bondi de 44%.
En revanche, la demande joaillière mondiale a reculé de 15%, avec des baisses significatives en Inde (-17%) et en Chine (-20%), pénalisées par des prix élevés. Les banques centrales ont légèrement réduit leurs achats, mais les 166 tonnes acquises restent supérieures à la moyenne des dernières années.
Une offre en hausse limitée
La production minière mondiale a atteint 909 tonnes au deuxième trimestre, en progression de 1%. Malgré la hausse des cours, l’or recyclé n’a augmenté que de 4%, à 347 tonnes, un niveau relativement modeste.
Les bénéfices records du premier producteur mondial
Newmont Mining, premier producteur mondial d’or, a vu ses bénéfices s’envoler. Malgré une baisse de 8% de sa production au premier semestre, son bénéfice net a atteint 3,96 milliards de dollars, contre 1,02 milliard un an plus tôt. Le bénéfice par action a presque quadruplé, soutenu par les rachats d’actions. En Bourse, le titre a bondi de 68% en 2025.
La Serbie rapatrie ses réserves d’or
La Banque nationale de Serbie a annoncé son intention de rapatrier 5 tonnes d’or actuellement stockées en Suisse. Cette décision vise à renforcer la sécurité des réserves nationales dans un contexte d’incertitude.
Au-delà de la taille modeste de l’opération, la question se pose pour d’autres pays qui détiennent d’importants volumes à l’étranger : plus de 550 milliards de dollars d’or seraient ainsi stockés à Londres, l’Allemagne conserve 1237 tonnes à New York, tandis que l’Italie détient 1352 tonnes réparties entre Londres, New York et la Suisse.
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L’or surperforme le CAC 40 au S1 2025 malgré un recul en juin
Le cours de l’once d’or a terminé le premier semestre en cotant respectivement 2 806,82 euros et 3 287,45 dollars au second fixing de Londres du 30 juin. Le cours en euros affiche un repli de 3 % sur le mois de juin, mais une progression de 11,9 % sur les six premiers mois de 2025.

En comparaison, le CAC 40 recule de 1,1 % sur la même période, tandis que le S&P 500 américain progresse de près de 5 %. Cette dynamique confirme la place du métal jaune comme actif de couverture, notamment dans les contextes d’incertitude.
Côté dollar, l’or reste stable en juin (+0,3 %), mais affiche +26 % depuis le début de l’année. Cette performance est liée à une baisse de plus de 10 % du billet vert en 2025, causée par les inquiétudes liées à la dette américaine et à la guerre commerciale initiée par Trump.
Un marché qui reste soutenu malgré la correction de juin
Le repli du mois a permis de tempérer les attentes. Pour la banque UBS, cette pause pourrait ouvrir la voie à de nouveaux sommets. Citigroup évoque une consolidation entre 3 100 et 3 500 dollars, tandis que JP Morgan anticipe un franchissement du seuil des 4 000 dollars l’once. Un éventail de prévisions qui reflète une diversité d’interprétation, jugée saine pour le marché.
La géopolitique mondiale continue de soutenir les cours
L’or réagit au conflit Iran-Israël
Déclenchée autour du programme nucléaire iranien, la guerre entre Israël et l’Iran a culminé avec des frappes américaines sur des sites nucléaires. En réaction, l’or a grimpé de 3 % en deux jours, avant une relative stabilisation avec les discussions pour une trêve Israël-Hamas et un cessez-le-feu avec Téhéran.
La réforme fiscale Trump relance les craintes sur la dette
Donald Trump a fait adopter la « one big beautiful bill », qui prolonge les baisses d’impôts de 2017, coupe dans les dépenses sociales et écologiques, et augmente celles de sécurité. Résultat : un déficit supplémentaire estimé à 3 000 milliards de dollars sur 10 ans, ravivant les craintes de crise de la dette américaine.
L’allocation en or explose chez les investisseurs fortunés
Une étude HSBC menée auprès de 10 000 clients aisés dans 12 pays révèle un doublement de la part d’or dans les portefeuilles : elle atteint désormais 11 %, contre 5 % en 2024. L’inflation, la volatilité monétaire et l’instabilité géopolitique expliquent cet engouement.
En Indonésie, l’or représente 25 % du portefeuille moyen. En Chine, il atteint 15 % (+8 points), tout comme en Inde (+7 points) et en Malaisie (+8 points), signalant une forte appétence pour les métaux précieux dans les économies asiatiques.
Les jeunes générations se tournent elles aussi vers le métal jaune
Les générations Z et Millennials (21–44 ans) détiennent en moyenne 12 % d’or dans leur portefeuille, contre 11 % pour la génération X et les Baby-Boomers. Pour ces jeunes investisseurs, l’or semble conjuguer valeur refuge et outil de diversification dans des stratégies plus audacieuses.
Les banques centrales consolident leur stock d’or stratégique
Les banques centrales ont annoncé des achats officiels de 20 tonnes d’or en mai. La Turquie et la Pologne ont mené les opérations avec 6 tonnes chacune.
Selon le World Gold Council, 92 % des 73 banques centrales interrogées pensent que les réserves mondiales d’or vont croître en 2025, et 43 % prévoient d’augmenter leurs propres stocks (contre 29 % en 2024). L’or est perçu comme un actif performant en temps de crise, protecteur à long terme et politiquement neutre.
Le rapport OMFIF 2025 confirme cette tendance : 29 % des banques centrales prévoient d’augmenter leurs réserves d’or dans les 12 à 24 mois, un record. Pour 68 % d’entre elles, le risque politique joue un rôle décisif, et l’or devient un actif refuge face à la fragmentation du système mondial.
Source Comptoir de l'or
Focus de Janvier à Mai 2025 : une performance solide de l'or dans un contexte volatil
Au 30 mai 2025, le cours de l’or s’établit à 2 895 € l’once à Londres, enregistrant un léger recul de 0,38 % sur le mois, mais affichant une progression notable de 15,4 % depuis le début de l’année¹. En dollars, l’once atteint 3 277 $, soit une hausse de 25,5 % en 2025, malgré un repli mensuel de 0,74 %¹. Cette divergence s’explique par la dépréciation du dollar face à l’euro.
Comparativement, le CAC 40 ne progresse que de 5 % sur la même période, tandis que le bitcoin, exprimé en euros, enregistre une hausse de 4,3 %¹. L’or confirme ainsi son statut de valeur refuge, particulièrement prisée en période d’incertitude.
Les doutes sur l’économie américaine renforcent l’attrait de l’or
Les inquiétudes concernant l’économie américaine s’intensifient. Le 16 mai, l’agence Moody’s a abaissé la note de la dette américaine, soulignant un déficit projeté à 9 % du PIB sur dix ans¹. Le plan fiscal du président Trump, surnommé « one big beautiful bill », pourrait alourdir la dette de 3 300 milliards de dollars sur la prochaine décennie, en raison de baisses d’impôts et d’augmentations des dépenses de défense et de sécurité intérieure¹.
Dans ce contexte, des analystes de Bank of America estiment que l’or pourrait devenir moins risqué que les obligations d’État américaines, envisageant un cours atteignant 4 000 $ l’once au second semestre¹.
Lire aussi : Moody’s dégrade la note américaine, un défi budgétaire en vue
Des perspectives haussières à moyen terme
JP Morgan anticipe une hausse significative du cours de l’or, avec un objectif de 6 000 $ l’once d’ici quatre à cinq ans, soit une progression de plus de 80 % par rapport au niveau actuel¹. Cette projection repose sur un désengagement accru des investisseurs internationaux vis-à-vis des actifs américains. Selon l’analyste Natasha Kaneva, un redéploiement de 0,5 % des actifs américains vers l’or pourrait suffire à provoquer une flambée des prix¹.
Les tensions géopolitiques soutiennent le métal jaune
Le conflit entre l’Ukraine et la Russie continue d’alimenter la demande pour l’or. Une attaque de drones ukrainiens sur des bombardiers stratégiques russes a ravivé les tensions, entraînant une hausse de 3 % du cours de l’or le lendemain¹.
Par ailleurs, les relations commerciales entre les États-Unis et la Chine se détériorent. Le président Trump a accusé la Chine de ne pas respecter leurs accords en maintenant des restrictions sur l’exportation de terres rares, essentielles à la fabrication de produits technologiques et militaires.
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