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Analyses de marchés

Marchés émergents : quel potentiel pour les actions chinoises ? Michel Audeban (Gemway Assets)

22
Dec
2023
Michel Audeban, Directeur Général de Gemway Assets revient sur les perspectives sur les marchés émergents, notamment pour les 2 mastodontes que sont la Chine et l’Inde avec des dynamiques très différentes.

Vincent Touraine : Bonjour à toutes et à tous. Quelle stratégie adopter sur les marchés d'actions émergents ? Que penser du match Chine / Inde ? Nous voyons ça tout de suite avec Michel Audeban.

Michel Audeban : Bonjour.

VT : Vous êtes Directeur Général, Fondateur de Gemway Assets. Merci d'être avec nous aujourd'hui. Pouvez-vous nous rappeler ce qu'est Gemway Assets ? Quelle est votre approche de l'investissement dans l'univers des émergents ?

MA : Nous avons été créés un peu plus de 11 ans. Nous sommes spécialisés sur les marchés émergents. Nous gérons 1,2 Mds€ sur 4 fonds, un fonds global Actions émergentes, Gemway Equity, un fonds Asie, un fonds Chine et depuis 2 ans un fonds dette émergente.

VT : C'est de l'investissement responsable.

MA : Oui. On va dire investissement responsable dans les marchés émergents. Pourquoi ? Parce que tout simplement, lorsqu'il y a un problème de gouvernance par exemple, dans les pays émergents, ça peut être de suite -40 %, -50 %, -80 % sur le titre. C'est important de regarder cela. Nous allons beaucoup sur place. Tous les mois, il y a un gérant qui part 1 semaine à 15 jours sur place. Nous voyons 300-350 entreprises par an.

VT : Asie, Amérique du Sud, principalement..

MA : Oui, Europe de l'Est, un petit peu d'Afrique, mais en effet surtout Asie, Amérique du Sud et nous avons un peu plus de 25 entretiens cette année dédiés à l'ESG. C'est une mesure de risque.

VT : Concentrons-nous sur l'Asie et sur 2 géants de cet univers émergent, la Chine et l'Inde. On oppose souvent le dynamisme de l'Inde depuis quelques années à l'essoufflement de la Chine. Quelle est votre appréciation des forces et faiblesses de l'un et de l'autre ?

MA : C'est le juste terme. Tout ce qui est blanc chez l'un et noir chez l'autre, et vice versa. Donc nous n'allons pas revenir sur le problème immobilier en Chine mais en Inde, merci l'immobilier se porte bien.

VT : On en parle pas. Ça veut dire que ça va.

MA : Parfait. La croissance en Chine, elle a du mal à repartir, entre autres à la consommation. La croissance en Inde, c'est le pays qui caracole en tête des croissances mondiales des grands pays. Tout ce qui est perspectives industrielles sont compliquées, pas claires encore en Chine, alors il y a des contre-exemples, nous en parlerons, mais l'Inde a une route tracée. Et dernier point, tout ce qui est valo, ça vaut vraiment pas grand chose en Chine. On est à 9 de PE en Chine et au Brésil, et historiquement ça fait longtemps qu'on n'a pas vu ça.
La Chine aujourd'hui et de la croissance parce qu'il y a de belles sociétés de croissance à prix value. C'est la Chine. L'Inde, ce n'est pas donné.

VT : Ce qui vous fait dire qu'il ne faut pas jeter  la Chine pour autant, bien au contraire. Ce n'est pas parce qu'on n'arrête pas de tresser des compliments à l'Inde qu'il l faut tout mettre dessus.

MA : Alors, nous sommes surpondérés en Inde aujourd'hui. Nous sommes à l'indice, très légèrement sous-pondérés en Chine, parce que nous attendons que ça reparte. Qu'est-ce qui pourrait changer ? Quelles sont les 2 ou 3 choses qui sont peut-être en train de se passer en ce moment ? Dollars. Nous avons eu un long cycle de hausse du dollar et des taux américains. Tout ça, c'est mauvais émergents, dette, mais en particulier actions aussi. Nous avons l'impression, nous ne sommes pas du tout spécialiste du dollar, mais quand on regarde depuis 1990, nous avons 2 ou 3 vagues qui passent et là nous sommes en haut d'une 1ère vague, donc si ça s'inversait, ce serait une bonne chose, premier point. Deuxième point, les résultats sont en train de tomber. Ils ne sont pas si mauvais que ça, pas excellents, mais pas trop mauvais. Vu que des choses catastrophiques sont anticipées et que tout ça est pricé très bas, des nouvelles moyennes nous vont déjà et peuvent être très positives et puis troisième point, nous sommes dans des pays, en Chine en particulier, où les sociétés sont très cash-reach 48 % des sociétés ont du cash dans leur bilan, seulement 18 aux États-Unis, ce qui est bien dans une période de hausse de taux, mais ce qui permet de racheter les actions, ce qu'ils font actuellement ce n'était pas le cas chinois habituellement, ce n'était pas leur habitude.

VT : Votre fonds flagship, c'est GemEquity. Comment mettez -vous cela en pratique dans votre fonds ?

MA : Alors quelques très belles histoires en Inde, pas toujours données mais de belles histoires de croissance. En Chine, nous arrivons à trouver des titres intéressants à des prix très bas. La question, c'est qu'elle va être le catalyste qui va pouvoir permettre de remonter un petit peu. Nous aimerions que le marasme immobilier soit un petit peu évacué. Des mesures ont été prises. Elles commencent un petit peu à donner leur effet.Pour être clair, les volumes de transactions ont divisé par trois. Cela a été vertical. Là, nous sommes peut-être un peu en train d'atteindre un point bas. Il faudrait qu'il se confirme. Il faut que les consommateurs commencent à avoir un petit peu confiance dans leur investissements immobiliers pour qu'ils arrêtent d'épargner comme des fous. Aujourd'hui, nous en sommes à 30 % du taux d'épargne, presque 2 fois la France, et consommer un petit peu plus. C'est ça qui pourrait être un catalyste en début d'année.

VT : Avez-vous des exemples de valeurs en portefeuille ?

MA : Deux exemples. SK Hynix, coréen, spécialiste des composants. Les DRAM sont en train de repartir, donc la mémoire et puis l'intelligence artificielle est en train de tirer le marché. SK Hynix est très bien positionnée là-dessus, sur un marché où les volumes se développent, les marges sont beaucoup plus importantes que sur les composants classiques. Cette société-là qui a déjà bien performé à notre avis, a énormément de potentiel pour les mois à venir, tirée par l'intelligence artificielle. Et puis BYD, électrique. L'automobile. L'automobile électrique,premier producteur mondial,3 millions de véhicules...

VT : Premier producteur mondial ?

MA : Oui c'est beau. Comparé à Tesla, Tesla 1,6 millions de voitures, donc deux fois plus pour BYD, avec un chiffre d'affaires presque comparable 97 Tesla et 87 BYD.Un résultat net 2 fois plus pour Tesla, mais en valo 8 fois plus pour Tesla, 730 - 93 il y a de la valeur à aller chercher chez BYD.

TVT : Très bien. Ce sera la conclusion. Merci Michel Audeban d'être venu parler de votre façon d'investir dans l'univers des émergents et de votre stratégie au sein de GemEquity, votre fonds phare. Je rappelle que vous êtes Directeur Général Fondateur de Gemway Assets, Au revoir.

MA : Merci.

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