Les marchés ont-ils trop vite oublié les États-Unis ? Éric Lafrenière, Sunny AM

Analyses de marchés

Aujourd’hui, on va se poser une question un petit peu plus large que d’habitude pour sortir un peu de l’actualité court terme. On avait une fin d’année qui était très optimiste sur les États-Unis. On a un début d’année qui est, au contraire, un peu négatif.

Pourquoi les marchés actions ont-ils abandonné l’exceptionnalisme américain, ce qui faisait sa force ?

Depuis plusieurs semaines, le marché semble remettre en question la supériorité économique et boursière des États-Unis, marquant un regain d’intérêt pour les actions européennes et émergentes. Pourtant, ce repositionnement pourrait être prématuré, car plusieurs éléments plaident toujours en faveur de l’exceptionnalisme américain.

Et en termes de croissance, les États-Unis se distinguent-ils toujours ?

Oui, donc l’OCDE prévoit une croissance du PIB américain de l’ordre de 2,2 % en 2025. La Fed, elle, a revu à la baisse à 1,7 %. Donc un ralentissement par rapport aux années précédentes, mais toujours supérieur à celui de la zone euro où l’activité reste pénalisée par une consommation molle et une politique monétaire restrictive. Malgré les tensions commerciales, les incertitudes politiques, l’économie américaine continue de bénéficier d’un marché de l’emploi solide, d’une consommation résiliente et d’une innovation technologique qui alimente la productivité.

Qu’en est-il côté micro ?

Oui, donc l’une des principales forces du marché américain réside dans les capacités des entreprises du S&P 500 à maintenir des marges élevées malgré un environnement économique plus complexe. Grâce à leur pricing power et à l’optimisation des coûts, les marges des bénéfices restent à des niveaux historiquement élevés, autour de 11 à 12 % en moyenne pour le S&P 500, bien au-dessus des standards européens. Par ailleurs, les programmes de rachat d’actions continuent de soutenir les valorisations. Après un ralentissement temporaire en 2023, les buybacks continuent de progresser et, en 2025, avec un volume estimé de l’ordre de 900 milliards de dollars, pourraient même dépasser la barre symbolique du trillion. Ce soutien mécanique aux bénéfices par action reste un puissant moteur de performance aux États-Unis. Par ailleurs, les prévisions de croissance des bénéfices restent favorables aux actions américaines. Les BPA du S&P 500 sont attendus en hausse de 10 % en 2025, tirés par les secteurs de la technologie, de la santé, des services de communication et des valeurs industrielles. À l’inverse, en Europe, la croissance des bénéfices devrait être plus modérée, autour de 5 à 6 % par an. Enfin, la politique monétaire américaine pourrait jouer en faveur des actions américaines. Le marché a peut-être trop vite intégré l’idée d’un resserrement prolongé, alors que la Fed prévoit toujours deux baisses de taux cette année. Si l’inflation se modère, la banque centrale pourrait ajuster son approche, offrant un soutien supplémentaire aux actifs risqués.

Est-ce toujours un marché à privilégier pour le reste de l’année ?

Les investisseurs semblent avoir acté trop rapidement un affaiblissement de l’exceptionnalisme américain. Certes, la valorisation du S&P reste plus élevée que celle de ses homologues internationaux, mais elle se justifie par une rentabilité supérieure et un retour aux actionnaires plus dynamique. Tant que la croissance des bénéfices et les marges restent élevées, il sera prématuré d’enterrer la domination des actions américaines. Ceux qui ont parié sur une sous-performance durable du marché US pourraient être bien contraints de revoir leur jugement dans les mois à venir.

Quels sont les points clés de la semaine ?

Oui, donc cette semaine tous les regards sont tournés vers l’indice PCE, l’indicateur d’inflation préféré de la Fed, attendu vendredi. Les économistes anticipent une hausse de 2,7 % sur un an contre 2,6 % en janvier, un chiffre qui pourrait influencer la politique monétaire et donc les taux d’intérêt. Mais l’agenda ne s’arrête pas là. Aujourd’hui, l’attention se portera sur les prix immobiliers et la confiance des consommateurs. Mercredi, on aura la dynamique industrielle qui sera scrutée avec la consommation des biens durables. Et puis on aura également la dernière estimation du PIB du T4 aux États-Unis, attendue en hausse de 2,4 %, ainsi que les ventes de logements en attente.

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