“Google défie NVIDIA dans la course à l’IA” Eric Lafrenière, Sunny AM
Commençons par un revenir sur ce mois de novembre. Qu'est-ce qu'il faut en retenir ?
Un mois globalement volatile sur les marchés actions. Pour terminer, in fine avec des indices légèrement dans le vert, à l'exception du Nasdaq. Le S&P a terminé en hausse de 0,25. Le Dow Jones en hausse de 0,48, le Russell s'en sort plutôt bien en hausse de 0,96 et le Nasdaq lui termine en baisse de 1,45. Ce sont des performances en dollars dividendes net réinvestis. En termes de secteurs, les secteurs qui ont le mieux performé aux Etats-Unis au mois de novembre sont les secteurs de la santé, des services aux communications notamment tirés par Alphabet, des matériaux et de la consommation courante. Les secteurs les moins performants étaient la tech, la console discrétionnaire, les valeurs industrielles. Les plus forts contributeurs à l'indice en novembre ont été Alphabet, Eli Lilly, Broadcom, Apple et Marks & Co. Les moins bons contributeurs au S&P ont été NVIDIA, Microsoft, Amazon, Oracle et Tesla.
Pour démarrer ce mois de décembre, quels sont les éléments à suivre cette semaine ?
On attaque le dernier mois de l'année avec une semaine particulièrement dense, marquée par le rattrapage de plusieurs indicateurs macro retardés par le shutdown. Le calendrier a déjà bien commencé mais va s'accélérer mercredi avec un ensemble de données permettant de prendre le pouls de l'économie, des données sur l'emploi privé, l'activité dans les services, ainsi que des statistiques sur les prix à l'import et à l'export. On aura également le rendez-vous le plus important de la semaine sans doute les PCE qui sont on le rappelle très suivis par la Fed et on aura également l'indice de confiance du Michigan qui est attendu lui en léger rebond.
Côté entreprises, le rythme sera tout aussi soutenu avec une grande diversité de secteurs représentés mais le focus sera sans doute sur Salesforce qui publiera mercredi après clôture.
Passons à notre sujet de la semaine, c'est NVIDIA et Google. Pour commencer :
Est-ce que NVIDIA doit s'inquiéter de Google qui a très fortement progressé en bourse la semaine dernière ?
Depuis quelques semaines, un mouvement inattendu s'est opéré dans la guerre de l'intelligence artificielle. Google est soudainement devenue l'une des pièces maîtresses du marché. Tout a commencé avec le lancement très remarqué de Gemini 3, son nouveau modèle d'IA, entraîné non pas sur des puces NVIDIA, mais sur les TPU, les processeurs maison de Google. L'intérêt pour ces puces a encore grimpé lorsque la presse américaine a révélé que Meta discuterait avec Google pour récupérer un futur data center d'IA. Un domaine jusque-là dominé par les fameuses puces NVIDIA. Résultat a été immédiat, Alphabet a fortement rebondi alors que NVIDIA a reculé dans les échanges. On voit aujourd'hui qu'Alphabet talonne Apple et NVIDIA dans le trio tête mondiale des plus grosses capitalisations boursières. Même Broadcom qui collabore à la conception
des TPU a profité de cet engouement.
Mais côté matériel, que se passe-t-il vraiment ?
Comment expliquer cette irruption de Google dans ce marché ?
En fait, pour mieux comprendre, il faut revenir aux années 2010. Google faisait face aux mêmes difficultés que les clients actuels d'NVIDIA, des besoins massifs en calcul, du matériel coûteux et surtout des délais d'approvisionnement. À cette échelle, impossible de dépendre d'un seul fournisseur. Google a donc créé les TPU en 2015. Ces puces sont conçues pour une seule tâche, faire tourner les calculs matriciels du deep learning et elles le font extrêmement bien, souvent à des coûts plus avantageux que les GPU traditionnels. Les GPU d'NVIDIA, eux, sont plus polyvalents et peuvent générer des calculs massifs en parallèle, ce qui les rend indispensables pour la plupart des applications actuelles d'IA. À ce titre, NVIDIA dispose donc d'une position écrasante, plus de 80% de parts de marché dans les puces pour Data Center, et surtout une marge brute de plus de 70%, digne des plus grands monopoles technologiques. Mais même un leader n'est pas éternel. Faut se rappeler, Intel, autrefois incontesté des serveurs, en a fait les frais. Et la pression monte, Amazon a ses puces, Tranium, Microsoft et Meta explorent leur propre design et des acteurs comme Anthropic multiplient les partenariats pour réduire leur dépendance à NVIDIA.
Est-ce que Google peut vraiment prendre la place de leader du marché à NVIDIA ?
Pas encore. La véritable bastion d'NVIDIA, ce n'est pas son matériel, mais son logiciel, notamment CUDA, la plateforme qui permet aux développeurs d'utiliser facilement les GPU pour l'IA. Cela fait 20 ans qu'elle est construite, enrichie, standardisée. Aujourd'hui, la grande majorité des chercheurs et ingénieurs IA maîtrisent CUDA. L'écosystème de Google, lui, reste encore plus confidentiel et moins mature. Le jour où la position d'NVIDIA sera réellement menacée, un signal ne trompera pas, la baisse de ses marges. Cela voudra dire que la concurrence devient suffisamment crédible pour obliger NVIDIA à baisser ses prix. Pour l'instant, on n'y est pas, mais l'émergence des TPU, la montée des alternatives et les succès de Gemini montrent que la bataille de l'IA s'intensifie.
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