“Les marchés sous pression face à la guerre commerciale” Éric Lafrenière, Sunny AM

Point de situation sur les tarifs douaniers américains

Commençons par évidemment ce qui occupe quasiment toute l'actualité, c'est les tarifs douaniers appliqués par les États-Unis. Est-ce qu'on peut faire un petit récap de ce qui s'est passé depuis jeudi dernier ?

Oui, donc après le fameux « liberation day » de la semaine dernière, les tensions commerciales continuent. Depuis vendredi, les États-Unis appliquent un tarif douanier minimum sur toutes les importations et ce n'est qu'un début puisqu'à partir de mercredi, place aux hausses tarifaires ciblées. Donc on parle de 34% pour la Chine, 24% pour le Japon, 20% pour l'Union Européenne. Pékin a déjà annoncé sa riposte. À compter de cette semaine, les produits américains seront taxés à 34%. Aujourd'hui, dans la nuit, on a eu des informations additionnelles. Les tensions semblent encore se durcir, puisque Pékin a promis de riposter à la dernière menace tarifaire de Donald Trump qui envisage une surtaxe de 50% sur les importations chinoises. Si Pékin ne recule pas de cette propre annonce de tarifs, en réponse la Chine soutient activement ses marchés, intervention des fonds publics, assouplissement du yuan et promesse de nouveaux prêts pour stabiliser l'économie. L'indice Hang Seng s'est redressé de 3,7% cette nuit après un plongeant historique, mais les lois de l'Uni touchent son plus bas niveau depuis septembre 2023.

Des indicateurs clés à suivre cette semaine

Même si les yeux semblent braqués sur les taxes douanières, il y a quand même des indicateurs à suivre cette semaine ?

Oui, donc les principaux indicateurs sont bien entendu l'indice des prix à la consommation qui donnera un indicateur de l'inflation, ce sont les indicateurs de mars attendus en progression sur un an de 2,6 % et de 3 % pour le corps. Vendredi, on aura droit donc aux indices des prix à la production, attendus en progression de 3,6% et bien entendu l'indice de confiance de l'Université Michigan qui a tendu en fort repris à 54,5. Et vendredi, on ouvrira également le bal des publications avec la grosse artillerie financière, avec JP Morgan Chase, Morgan Stanley, Wealth Fargo, BlackRock et donc New York Mellon, ce qui nous donnera un petit peu de visibilité sur le secteur des financières.

L’affaire Nippon Steel relancée par Donald Trump

On a aussi des nouvelles du dossier Nippon Steel avec un rachat qui a été bloqué et une opération qui traîne depuis quelques mois maintenant. Quelles sont les nouvelles ?

Donald Trump a demandé à ce que le dossier soit réexaminé. On parle d'une offre initiale de rachat par Nippon Steel de US Steel pour un montant de 14,9 milliards de dollars, qui avait été bloquée par l'administration Biden pour des raisons de sécurité nationale. Donc l'administration Trump a saisi le CFIUS, qui est le comité chargé d'évaluer les risques liés aux investissements étrangers. Wall Street a plutôt bien accueilli l'annonce, puisque hier le titre de US Steel a bondi de 13 %. L'entreprise a salué un geste crucial pour l'avenir de la hiérarchie américaine. Les syndicats eux restent toujours farouchement opposés, évoquant des menaces directes pour l'industrie et l'emploi. Le comité a désormais 45 jours pour rendre ses recommandations. Pendant ce temps, l'idée d'un gros investissement alternatif par Nippon Steel aux États-Unis plutôt qu'un rachat complet reste bien évidemment sur la table et puis le feuilleton continue.

Canada : le moral des entreprises et des ménages en berne

On va finir avec le Canada, qui est un des pays les plus impactés évidemment par la politique américaine. On a eu quelques indicateurs intéressants.

Oui, donc la dernière enquête de la Banque du Canada fait sortir des résultats sans équivoque sur le moral des entreprises canadiennes. Le moral chute fortement, les investissements sont gelés, les embauches sont stoppées et les coûts en hausse à cause des droits de douane. Deux tiers des entreprises prévoient une répercussion directe sur les prix à la consommation, les exportateurs souffrent particulièrement. Difficile de trouver des alternatives aux États-Unis à cause des coûts de transport. Heureusement, certains réussissent à s'en sortir en misant sur l'achat local pour limiter la casse. Chez les ménages également, la tendance est au repli. Beaucoup d'inquiétude sur l'emploi, sur le repli des attentes salariales et des baisses d'intentions de consommation. Beaucoup de Canadiens privilégient les produits canadiens par solidarité et par résistance face à l'administration Trump. La prochaine décision de la Banque centrale du Canada est attendue le 16 avril et sera suivie de près.

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