Dégradation de la note de la France : nouvel avertissement sur la dette et la crédibilité budgétaire

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Standard & Poor’s a abaissé, le 17 octobre 2025, la note souveraine de la France de AA- à A+. Face à cette nouvelle, le ministre de l’Économie Roland Lescure appelle au « sérieux » et exige le vote rapide du budget 2026 pour restaurer la confiance.

La France dégradée par S&P plus tôt que prévu

Le vendredi 17 octobre 2025, Standard & Poor’s a abaissé la note souveraine de la France de AA- à A+ avec une perspective stable, évoquant une incertitude persistante sur les finances publiques malgré le dépôt du projet de budget 2026. Cette décision, attendue initialement pour fin novembre, intervient après la dégradation par Fitch en septembre 2025 et s’inscrit dans une série de quatre baisses depuis 2012, marquant la lente perte du triple A qui avait été détenu jusqu’en janvier 2012.

Roland Lescure, ministre de l’Économie, a réagi en soulignant qu’il s’agit d’un « appel à la lucidité et au sérieux ». Il a rappelé la nécessité de voter le budget 2026 pour rassurer les agences de notation et tenir les objectifs de réduction du déficit, tout en insistant sur la responsabilité collective du gouvernement et du Parlement.

Les motifs de la dégradation selon S&P

S&P justifie cette révision par plusieurs facteurs. Le premier concerne le déficit public, que l’agence juge incertain malgré l’objectif de 5,4 % du PIB pour 2025. Pour 2026, S&P estime que, sans mesures additionnelles, le déficit pourrait atteindre 5,3 % du PIB, contre 4,7 % prévu par le gouvernement. Le second facteur est l’instabilité politique, illustrée par des votes de confiance négatifs au Parlement et la dissolution de l’Assemblée nationale en juin 2024, qui pèse sur la consolidation budgétaire et pourrait freiner l’investissement, la consommation privée et la croissance.

L’agence rappelle néanmoins que les fondamentaux économiques de la France restent solides avec une économie diversifiée, une croissance résiliente et un haut niveau d’épargne, mais elle souligne que la crédibilité budgétaire doit être renforcée.

Historique des dégradations et contexte européen

Depuis 2012, la France a perdu progressivement son triple A. La première dégradation de S&P a eu lieu en janvier 2012, dans le contexte de la crise de la dette de la zone euro. La deuxième est intervenue en novembre 2013, passant de AA+ à AA. Les deux dégradations suivantes ont été décidées sous le second quinquennat d’Emmanuel Macron, la première en mai 2024 de AA à AA-, et la seconde en octobre 2025, portant la note à A+.

Parmi les pays européens comparables, seule l’Allemagne conserve encore le triple A. Le Royaume-Uni est noté AA et l’Italie BBB+, cette dernière ayant récemment vu sa note relevée. La France se situe désormais au quatrième rang auprès de Moody’s et au cinquième rang chez Fitch.

Les enjeux pour les finances publiques et le budget 2026

Le gouvernement reste déterminé à atteindre ses objectifs. Roland Lescure a réaffirmé que le déficit de 5,4 % du PIB pour 2025 devrait être respecté et que le projet de budget 2026 vise à réduire le déficit à 4,7 % du PIB. La dette publique devrait frôler 118 % du PIB cette année, avec un pic prévu à 118,6 % du PIB en 2027, avant une décrue progressive. S&P reste plus prudent et anticipe une dette de 121 % du PIB en 2028.

Le ministre insiste sur l’importance d’un vote rapide du budget 2026 pour stabiliser la dette et restaurer la confiance des observateurs et des marchés financiers. Selon lui, le respect du cadre fixé permettra de ramener le déficit public en dessous de 3 % du PIB d’ici 2029.

Réaction des marchés et perception des investisseurs

Malgré la dégradation, l’impact immédiat sur les taux d’intérêt reste limité. Les investisseurs avaient déjà ajusté leur perception de la dette française, évaluée à un niveau équivalent à BBB, soit plusieurs crans en dessous de la note officielle. Certains pays européens moins bien notés, comme l’Espagne et le Portugal, se financent actuellement à moindre coût. Cependant, la stabilisation politique récente a permis de réduire l’écart de taux entre la France et l’Allemagne à ses niveaux d’août 2025, renforçant légèrement la confiance sur les marchés.

Sources : Le Figaro, Libération, Les Échos

Voir aussi : La dette publique française est-elle soutenable ?

Lire aussi : Fitch rétrograde la France : une absence d’horizon clair de stabilisation de la dette

Trois agences qui dominent le marché mondial de la notation

Standard & Poor’s, Moody’s et Fitch, toutes trois américaines, contrôlent plus de 90 % du marché mondial de la notation financière. Leur rôle consiste à évaluer la capacité des États et des entreprises à honorer leurs engagements financiers. Elles attribuent des notes allant de AAA, la plus élevée, à la catégorie spéculative dite « junk bond ». Ces notations sont utilisées comme référence par les investisseurs, les banques centrales et les régulateurs, influençant directement la confiance et les conditions de financement des États.

Des critères budgétaires et politiques pour évaluer la solidité d’un pays

Pour établir leur verdict, les agences analysent une multitude d’indicateurs : niveau de dette publique, croissance économique, déficit budgétaire, stabilité politique et qualité des institutions. La France conserve plusieurs atouts qui soutiennent sa note : une économie diversifiée, une forte épargne privée, un secteur bancaire solide et une dette très liquide qui attire les investisseurs. Toutefois, la dégradation de la situation politique, marquée par la chute du gouvernement et l’absence de majorité parlementaire, fragilise la crédibilité budgétaire et pèse sur l’évaluation.

Les conséquences financières d’une dégradation de la note

Un abaissement de la note souveraine enverrait un signal négatif aux marchés financiers. Concrètement, cela pourrait entraîner une hausse des taux d’intérêt exigés par les investisseurs pour continuer à prêter à l’État. Avec une dette publique qui dépasse 3 300 milliards d’euros, chaque point de taux supplémentaire représente des milliards d’euros de charges supplémentaires chaque année, réduisant la marge budgétaire pour financer les services publics et les investissements. Même limitée, une dégradation pourrait donc peser sur les finances publiques à moyen terme.

Sources : Le Figaro, Sud Ouest, Franceinfo

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