“La perspective de récession s’impose sur les marchés” Léonard Cohen, Ginjer AM


Retour sur une semaine extrêmement violente sur les marchés
Nous nous sommes parlé mercredi dernier, donc c'était juste avant les annonces de Donald Trump et les annonces de hausse de douane. On va faire pour commencer un petit retour sur cette semaine très très agitée.
Oui, c'est le moins qu'on puisse dire. Elle a été extrêmement violente et elle l'est encore aujourd'hui, ce mercredi 9 avril. En fait, la surprise de mercredi dernier, elle vient du fait qu'il a attaqué le monde entier, et notamment les sous-traitants des sociétés américaines en annonçant des taxes douanières pour les pays asiatiques, notamment, ce qui n'était pas envisagé dans les quinze jours qui précédaient. Et les chiffres qu'il a proposés étaient très élevés. Et donc l'impact sur les sociétés américaines qui produisent aux États-Unis, qui assemblent des produits venant du monde entier est notoire. Et c'est pour ça que très vite, on a basculé dans l'idée d'un ralentissement économique mondial violent, voire très violent. Et du coup, les valeurs industrielles, les valeurs financières, avec les mouvements sur les taux d'intérêt notamment, ont basculé dans des scénarios nouveaux de récession.
Les craintes de récession s’installent durablement aux États-Unis
Justement, il semble que ce scénario de récession soit presque devenu majoritaire, alors qu'il ne l'était pas encore il y a quelques semaines. Est-ce que c'est votre avis ? Est-ce que c'est comme ça que vous voyez l'économie américaine ?
Alors d'abord il faut l'expliquer, les opposants à Trump étaient clairement dans des révisions à la baisse de la croissance économique américaine. Ça se voyait depuis trois mois et ça se mettait en place logiquement. C'est d'ailleurs pour ça que comme alternative ils avaient trouvé l'Europe avec notamment le plan allemand qui permettait de réviser à la hausse la croissance de l'Allemagne notamment, et donc l'alternative devenait naturelle avec la préférence régionale qui pouvait être installée en Europe. Et ce qui s'est passé avec ces annonces la semaine dernière, c'est que même les partisans ont commencé à utiliser la récession comme un outil permettant de faire baisser les taux d'intérêt et de faire baisser également le prix du baril, permettant de donner aux Américains un peu plus de pouvoir d'achat. Donc dire au monde entier que cette proposition de négociation violente permettait aussi d'ajuster différents paramètres et notamment même si c'était de la récession flash, ça pouvait être un outil utile pour la dernière partie du programme de Trump, parce qu'il y en a une, et cette dernière partie, elle est plus favorable, ce sont les baisses d'impôts. Mais pour pouvoir le faire, il faut qu'il les finance. Et pour les financer, il faut profiter des taxes douanières et également avoir des taux de refinancement qui ne soient pas trop élevés. Comme je vous l'expliquais la semaine dernière, avant ces annonces, rappelez-vous du Brexit. 40 % de baisse des banques le lendemain du vote qui annonçait le Brexit. Et pourtant, à la fin 2016, c'était les financières qui étaient en tête de tous les classements. Il faut raison garder et surtout continuer de travailler avec ces outils justement pour analyser les choses.
L’Europe, pas épargnée malgré des annonces anticipées
On va finir avec les marchés européens qui ont également subi ce choc. Proportionnellement, néanmoins, on est dans des taxes qui étaient un peu annoncées. Donc il y avait moins de surprises sur les annonces côté Europe. On parle de 20 % et quelques secteurs avec des taxes supplémentaires. Et pourtant, ils ont autant, si ce n'est pas plus baissé que certains marchés asiatiques, par exemple.
C'est toujours la même chose, quand une région devient le refuge, au moment où il y a un « fly to quality » induit par un événement exogène aussi important et mondial que celui que nous vivons, malheureusement, il y a des flux qui sortent. Et comme il n'y a aucun acheteur, et notamment sur les industriels, les financières, dans ces périodes de doute, de perte de repère complète, il n'y a aucun acheteur, ça reviendra, ça va revenir, et donc c'est un peu plus tard qu'on jugera justement les vrais effets. Mais malheureusement, effectivement, la chute est extrêmement violente, des baisses de 30 à 50 % sur certains titres industriels parce qu'il n'y a aucun acheteur, c'est la vie des marchés, c'est le couteau qui tombe, ça participe aux évolutions naturelles liées aux événements exogènes. Nous, on reste dans notre processus de gestion, comme je le signalais, nos balises ne bougent que peu, elles ont bougé, mais elles restent à des stades tout à fait mesurés de risque. On reste très exposé sur les actions parce que pour nous ça ne se terminera pas comme ça et on rebondira comme en 2016, comme en 2018, comme en on n'est pas dans les crises de 2008 ou 2011, bien au contraire. Donc j'espère qu'on sera dans le bon sens pour être jugé d'ici quelques semaines.
Lire aussi :
États-Unis : « libérés, délivrés » ?
Nous avions été prévenu « No pain, no gain »
Un mois de mars marqué par une forte correction des marchés
Contributeurs
Chaque jour, nous sélectionnons pour vous, professionnels de la gestion d'actifs, une actualité chiffrée précieuse à vos analyses de marchés. Statistiques, études, infographies dans divers domaines : épargne, immobilier, économie, finances, etc. Ne manquez pas l'info visuelle quotidienne !

Ne loupez aucun événement de nos partenaires : webinars, roadshow, formations, etc. en vous inscrivant en ligne.

