Comment les produits structurés s’adaptent-ils à un environnement incertain ?

Produits Structurés
Maxime Tournoux (Natixis Corporate & Investment Banking), Éric Coudert (Financière de la Seine), Mathias Tanguy (Maison Fürstenberg), Club Patrimoine, Patrimonia 2025

À l’occasion de Patrimonia 2025, Maxime Tournoux, Sales Produits Structurés chez Natixis Corporate & Investment Banking a répondu aux questions de Éric Coudert, Président de la Financière de la Seine et Mathias Tanguy, Président Directeur Général de Maison Fürstenberg. Quelle est la dynamique de collecte sur les produits structurés ? Quelles classes d’actifs au sein des produits structurés privilégier ? Comment l’évolution des taux influe-t-elle sur les produits proposés par Natixis ?

Une forte dynamique de collecte sur les produits structurés

Eric Coudert : On observe un réel dynamisme aujourd'hui de la collecte de l'épargne en général, avec même une accélération au second semestre. Qu'en est-il des structurés ? Est-ce qu'on a ce même mouvement ? Est-ce que ça suit cette tendance ?

Maxime Tournoux : C'est vrai qu'on est sur une très belle tendance depuis le début 2025 au niveau des produits structurés. Si je fais un rapide retour en arrière, 2023-2024, on avait eu plus de 17 % de progression de la classe d'actifs avec plus de 65 milliards émis. Ça a été une année record, l'année 2024. Et là, sur l'année 2025, les chiffres qui sont sortis effectivement sur le premier semestre confirment qu'on est sur une dynamique similaire, voire légèrement supérieure.

Un marché en expansion et une concurrence accrue

Mathias Tanguy : Donc, on est sur un marché qui se porte très bien sur la classe d'actifs des produits structurés en termes de volume. Nous, on observe qu'il y a de plus en plus d'acteurs qui travaillent cette classe d'actifs, les brokers et autres. Est-ce que, selon toi, c'est une évolution qui est positive ou négative ?

MTO : C'est vrai que le marché a beaucoup évolué depuis quelques années avec l'apparition de nouveaux acteurs. Nous, on se positionne chez Natixis comme étant un acteur historique sur le marché des produits structurés. Ça fait plus de 20 ans qu'on est présent sur le marché français. C'est notre marché domestique, donc on a à cœur de le couvrir de la meilleure façon qui soit. Pour vous donner pareil un petit peu une idée des chiffres, grosso modo, on est dans le top 3 des émetteurs de produits structurés, en représentant un peu plus de 15 % des volumes qui sont émis. Donc on est un acteur qui pèse dans l'univers des produits structurés français. Il y a eu une évolution effectivement avec l'apparition de nouveaux acteurs qui permettent d'évangéliser, pour partie, la classe d'actifs sur un certain nombre d'investisseurs auxquels nous n'aurions pas pu avoir accès en direct. Même si, pour le coup, chez Natixis, je fais partie de l'équipe Agapan. On est dédiés, spécifiquement, on est au cœur de la salle des marchés de Natixis, et notre objectif, c'est d'aller apporter, extraire le savoir-faire de notre salle des marchés et de le mettre à disposition des conseillers en gestion de patrimoine.

L’impact des taux d’intérêt et de la volatilité sur la conception des produits

EC : Maxime, comment l'évolution récente des taux d'intérêt et des politiques monétaires influencent la conception des produits structurés ? Les banques centrales envisagent des baisses de taux, mais dans le même temps, nous ne savons pas si l'inflation est totalement maîtrisée. Donc dans ce contexte, que pensez-vous fabriquer ?

MTO : C'est un point extrêmement intéressant. On est dans un environnement de marché dans lequel on a finalement peu de volatilité, beaucoup d'incertitude. Peu de volatilité parce qu'on a eu un épisode au moment du Liberation Day en avril de cette année où on a eu le VIX qui a atteint 50 points. Depuis, on est dans un range très étroit, entre 13 et 17 points. Donc on est finalement dans un environnement, d'un point de vue du risque perçu par le marché, qui est assez faible. Malgré tout, on a beaucoup d'incertitudes. Comme tu le dis, on a une incertitude de la part des banques centrales. Quelles sont les actions qui vont être menées, notamment du côté de la Fed, avec un marché de l'emploi qui ralentit mais une inflation qui reste élevée ? On a des incertitudes aussi géopolitiques avec une guerre qui se poursuit sur le sol européen. Et la dernière incertitude, ça va être l'impact des tarifs douaniers sur les marges des entreprises. Les résultats des entreprises ont été très bons au premier semestre 2025, mais on va voir comment ça va se passer pour les prochains mois. Dans ce contexte-là, on a deux philosophies chez Natixis. La première, c'est d'aller travailler les produits structurés avec des mécanismes adaptés qui vont permettre d'aller optimiser les points d'entrée sur les produits structurés. Et la deuxième, c'est d'aller chercher des thématiques porteuses sur le long terme.

Les tendances de structuration et les sous-jacents privilégiés

MTA : Est-ce que tu aurais la possibilité de nous détailler l'offre de Natixis ? Ça rejoint une autre question : est-ce qu'il y a une tendance qui se dessine sur la structure des produits qui sont travaillés ? Est-ce qu'il y a plus de taux, d'indices, de capitaux protégés, garantis ?

MTO : Je vais répondre à cette deuxième partie de question dans un premier temps. Depuis 2023, et comme tu le disais, on a une grosse évolution sur la part des produits structurés qui sont maintenant sur des sous-jacents taux ou avec de très fortes protections en capital. On a eu effectivement un tiers maintenant des produits structurés sur indices, 35 % sont sur actions et le dernier tiers est sur des indices type CMS. Nous, la façon dont on construit notre offre dans l'environnement que je viens de vous donner, c'est notamment à travers des mécanismes de best timing ou de best strike, c'est-à-dire qu'on va aller chercher à optimiser le point d'entrée. Je prends l'exemple d'un produit Agapan, le Agap France Selection, qu'on a actuellement lancé chez Swiss Life, qui est donc un produit qui va aller chercher à capter un momentum de marché intéressant à travers des entreprises françaises qui pourraient souffrir de la situation politique. On est allé travailler des secteurs bancaires, auto, immobilier, qui sont des secteurs dans lesquels on peut avoir un momentum un peu difficile en cas de risque politique français qui serait accru. Ça, c'est une première solution. La deuxième solution par rapport aux dynamiques de long terme, nous, il y a deux dynamiques de long terme qu'on affectionne. La première, c'est la thématique souveraineté et défense européenne. Il y a une partie des annonces qui ont été faites notamment par les gouvernements allemand et polonais. On considère que tout n'est pas encore passé dans les prix des actions. Ça, c'est une thématique qu'on aime bien. Et la deuxième, par rapport à ce que tu posais sur l'évolution des sous-jacents, on voit beaucoup d'offres maintenant sur des thématiques transatlantiques. Et c'est aussi ce qu'on affectionne, notamment sur la partie IA, semi-conducteurs, où là, on va aller chercher à capter des tendances de long terme sur des entreprises sur lesquelles on a parfois des interrogations sur les valorisations, mais nous, on pense malgré tout qu'à moyen terme, ça reste des secteurs qui seront extrêmement intéressants à jouer.

Une offre en innovation autour de la protection du capital

EC : La remontée des taux a permis justement la conception des fonds structurés à capital protégé, ce qui est vraiment très bien accueilli par les épargnants, notamment quand il y a de l'aversion au risque, et pour ceux qui peuvent se projeter dans le long terme. Donc nous avons vu des produits sur indices, sur valeurs, des produits sur les taux, tu les as cités. Mais pour être innovant, sur quel type de sous-jacent vous allez pouvoir continuer à nous proposer ce type de protection dans les nouveaux produits ?

MTO : Effectivement, c'est vrai qu'il y a une demande maintenant de plus en plus importante de la part des investisseurs finaux d'avoir des produits structurés qui offrent une très forte protection du capital. Et on a lancé tout récemment une nouvelle offre sur l'or, sur un produit extrêmement lisible, qui est simplement un produit de 90 % capital protégé, dans lequel vous allez percevoir 100 % de la performance de l'or, capée à 30 %  à horizon 5 ans. Dit autrement, vous allez avoir une espérance de rendement de 6 % par an en ayant un sous-jacent qui est indexé à la performance de l'or. Pourquoi est-ce qu'on trouve que c'est intéressant ? La première raison, comme on le disait, on a une très forte protection du capital. La deuxième chose, c'est qu'effectivement, on est sur un actif qui est connu, identifié du grand public, qui est apprécié. Et c'est également un actif qui est diversifiant, un sous-jacent qui est diversifiant par rapport à ce que vous pouvez déjà avoir aujourd'hui en portefeuille.

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