« Il faut savoir gérer le risque et saisir les opportunités » Avec Julien Quistrebert (Tailor AM), Thaïs Castang (L&A Finance) et Henry Masdevall (Valorey Finance)

Quelle pertinence pour les solutions d'allocation de Tailor AM ? Quelle performance pourrait-on attendre ? Julien Quistrebert, gérant chez Tailor AM répond aux questions de Thaïs Castang, Associée chez L&A Finance, Henry Masdevall, Président du groupement Actualis Associés et PDG de Valorey Finance.
Voir ou revoir la partie 1 : Comment gérer son allocation dans des marchés instables ?
Voir ou revoir la partie 2 : La gestion de la volatilité est au cœur de notre approche
Thaïs Castang :
Nous sommes dans un contexte instable de marché. Quelle performance pourrait-on attendre ?
Julien Quistrebert : Écoutez, on est effectivement dans un environnement instable. Ce que je disais, c'est que le maître-mot, au-delà de la performance, c'est toujours la maîtrise du risque. Et je pense que c'est important, vous me rejoindrez là-dessus. Dans l'allocation, ce qui compte pour les clients finaux, c'est quand même une maîtrise du risque. On a plutôt une approche prudente parce qu'il y a beaucoup d'incertitudes. On a des marchés européens qui ont plutôt bien performé, etc. Je dirais que sur un fonds défensif, l'objectif est plutôt de 5-6 %, et évidemment sur l'équilibré de 8-9 %. C'est possible aujourd’hui parce que, pour faire très court, les gens ont souvent été déçus par ce type de fonds en 2022, non pas à cause de la stratégie, mais souvent parce que ces fonds manquaient de flexibilité. Et puis ils ont manqué de flexibilité pour beaucoup sur la partie obligataire. Et comme les actions et les obligations ont baissé en même temps, on s'est dit finalement que ce genre de fonds ne servait à rien. Aujourd’hui, l'image est différente, puisque l'on a des taux qui sont plutôt hauts. Et donc, avec les obligations, on retrouve ce côté portage, ce coupon qui tombe régulièrement. Sur les fonds flexibles, évidemment, cette flexibilité sur la duration et aussi sur la poche actions sera à même d'amener de la performance.
Liquidités à placer sur le long terme, quel placement ?
Henry Masdevall : Dans le cas où un client vient vous voir et vous dit : "J’ai des liquidités à placer pendant une période longue, 5 ans, comme vous le disiez tout à l’heure." Aujourd’hui, qu’est-ce que vous lui conseillez ?
JQ : On n’a pas tant que ça de monétaire aujourd’hui, pour être franc. On en a un peu, mais ce n’est pas l’essentiel. On a plutôt, comme je vous le disais, accompagné la hausse des taux. Récemment, c’était côté américain, et là, on va remonter côté européen, vu la hausse des taux sans risque. Donc, pas tellement de monétaire. On peut faire des allocations hybrides avec des produits structurés, avec du capital garanti, où il y a des choses intéressantes à faire. On a parlé d’autocall sur Engie. Le problème, si on veut faire, par exemple, sur le CMS 10 ans, c’est que la duration est un peu plus longue. C’est un peu plus compliqué, parce qu’on part plutôt sur du 10-12 ans, même si les rendements sont intéressants. Et puis, on met toujours un peu d’actions. Je dirais 10 à 20 % maximum pour quelqu’un qui est très prudent. Mais aujourd’hui, le profil type, c’est quand même le profil équilibré, car c’est celui qui offre le plus de souplesse et qui permet d’aller chercher la performance là où elle se trouve. Et on est aussi sur du High Yield, pas trop long en duration, parce que même si aujourd’hui les spreads sont relativement bas, on a quand même un rendement qui reste intéressant pour quelqu’un qui a un horizon de 5 ans. Cela reste une durée d’investissement raisonnable.
TC : L’appréhension que l’on a tous, c’est : et si ça se retourne ? Si ça se retourne, qu’est-ce qu’on fait ?
VT : Qu’est-ce que vous anticipez ? Vous dites que les marchés sont un peu hauts en ce moment et qu’ils pourraient avoir besoin de souffler dans les mois qui viennent ? Cela ne serait pas étonnant ?
JQ : Sur l’Europe, je pense qu’on peut avoir une petite digestion, et puis, comme je vous le dis, cela tient beaucoup à l’actualité à court terme. Les technologies américaines, il y a certaines valeurs où l’on commence à se dire que ce n’est peut-être pas idiot de regarder. Je vous donne un exemple de titre vif : Microsoft, sur un an, est en baisse. Ce n’est pas forcément intuitif, car tout le monde a en tête que les valeurs technologiques ont énormément performé, et ce n’est pas le cas pour tous les modèles. Donc aujourd’hui, sur le marché, il y a toujours des opportunités dans l’absolu. Après, il y a des phénomènes de corrélation mondiale qui font que c’est assez compliqué. Mais là, ce sont des sujets de classes d’actifs. Logiquement, vous devez pouvoir vous en sortir. Je dirais que le maître-mot, c’est la construction de départ et la maîtrise du risque. Si vous faites une allocation suffisamment robuste, normalement, vous ajustez votre portefeuille.
Désensibiliser le portefeuille, investissement direct, flexibilité, la réponse de Tailor AM
HM : Oui, c’est vrai, mais au moins, il faut utiliser des couvertures. Est-ce que vous le faites chez vous ? Vous faites des couvertures sur les taux, vous faites une couverture sur les actions, sur des indices ?
On a la possibilité de le faire. Alors personnellement, je préfère désensibiliser le portefeuille. Je suis plus sur l’investissement direct. Mais on a la possibilité de le faire. Par exemple, sur Tailor Allocation Défensive, on peut aller jusqu’à -20 % d’exposition sur les actions. Donc c’est possible. Je vais être franc avec vous, ce n’est pas forcément ce que je ferais le plus naturellement, parce que, sur le long terme, les actions montent. Donc il ne faut pas forcément être contre le marché. Mais en tout cas, on a cette flexibilité pour le faire. Et comme je vous le disais, on n’hésitera pas en tout cas à faire les mouvements nécessaires.
Clients néophytes, quelle pédagogie et stratégie sur les marchés ?
TC : Au sein du cabinet, on se retrouve parfois face à des clients qui sont néophytes en matière de marchés. J’aurais aimé avoir votre avis pour savoir comment vous qualifieriez aujourd’hui la tendance de marché de manière simple. Est-ce un marché dans lequel il faut entrer ?
JQ : Si on attend un point d’entrée, c’est toujours compliqué, car on les rate toujours. Donc l’investissement progressif, c’est du bon sens. Il ne faut pas aller uniquement sur des idées d’investissement basées sur le momentum. Quand, en fin d’année, j’entends des gens dire qu’il faut mettre 100 % sur les U.S., que l’Europe, c’est fini... Ça, ce n’est pas de l’allocation d’actifs. C’est un pari. C’est autre chose. Ce sont des convictions, mais pour moi, l’allocataire doit avoir des convictions raisonnées. C’est-à-dire que personne ne maîtrise tous les événements exogènes qui peuvent survenir à tout moment. Et donc, encore une fois, je reviens à ce que je vous ai dit auparavant. La performance, oui. La gestion du risque, en priorité.
TC : On parle souvent de résilience aussi.
JQ : Tout à fait, oui. C’est une des choses qu’il faut avoir en tête. Cela ne veut pas dire que l’on n’hésitera pas à faire du momentum, ni à se positionner sur des valeurs fortement valorisées à certains moments, mais on va s’efforcer d’aller chercher des fonds qui ont une maîtrise de la volatilité.
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