15’ Insight – Partie 3 : "Récession ou atterrissage en douceur, le marché obligataire en sortira gagnant" Avec Gilles Etcheberrigaray et Igor de Maack
Vincent TOURAINE : Quelle allocation d'actifs pour 2024 ? C'est la troisième partie de ce 15' Insight, toujours avec Gilles Etcheberrigaray et Igor De Maack. Compte tenu de tout cela, avant de parler allocation, votre état d'esprit alors que 2024 arrive. Igor, vous êtes plutôt prudent, confiant quand vous regardez l'état de l'économie ?
Igor DE MAACK : Si le mot existait en français, je dirais "prufiant", c'est-à-dire une espèce de combinaison.
VT : C'est un néologisme.
IdM : Prudence, parce quand les volatilités sont très basses, le risque d'une hausse est plus important et il y a des éléments de volatilité, des pics potentiels géopolitiques, liés aux taux d’intérêt. Les marchés directeurs des marchés, c'est les taux d'intérêt. La masse la plus importante, c'est l'obligataire. C'est pour ça qu'il faut toujours avoir ça dans le coin de l'œil.
Et puis confiant, je parlais de la hausse des indices des marchés actions, mais nous on ne fait pas de prévision de hausse d'indices, mais on pense qu'il y a de la valeur dans les marchés actions, parce qu'il y a de la dichotomie, nous en avons parlé avant, entre segments, grosses capitalisations boursières, petites. Il y a des secteurs qui ont très bien performé.
VT : Les petites peuvent se reprendre ?
IdM : Les petites, là, elles sont vraiment très basses. Ça ne va pas conduire une performance de portefeuille parce qu'on va en mettre de manière homéopathique mais tous les gérants small et mid caps que nous rencontrons sont quand même relativement interloqués par les niveaux de valorisation aujourd'hui.
VT : Gilles, votre état d'esprit d'investisseur ?
Gilles ETCHEBERRIGARAY : Deux choses : un, pour nous il y a un vainqueur, c'est difficile d'être sûr, mais quelque chose d'intéressant, dans tous les cas, c'est les obligations. Il y a des niveaux hauts, la désinflation devrait se poursuivre en 2024. Donc l'obligataire, que ce soit dans un scénario de récession ou d'atterrissage en douceur, c'est quelque chose qui devrait gagner, plus dans un cas que dans l'autre, mais c'est quelque chose qui devrait être gagnant. Donc l'obligataire, pour nous, c'est une partie importante. Sur les actions, je dirais qu'il y a cette dichotomie. Il commence à y avoir des choses très intéressantes sur les small caps, les foncières, sur plein de choses qui sont à des valorisations faibles, mais il y a une espèce
d'épée de Damoclès qui sont les grandes valeurs, qui sont une purge, une augmentation de la volatilité. Nous aimerions la voir arriver, nous ne l'avons pas vu arriver en 2024, nous aimerons la voir arriver pour pouvoir s'investir sans état d'âme, sur tous ces secteurs. Il y a effectivement des secteurs aujourd'hui où il y a une dichotomie très forte sur les actions, entre à notre sens, des secteurs trop chers, et des secteurs où personne ne va, à tort probablement, mais il n'y a pas de catalyste pour faire rentrer et faire monter le marché.
VT : En termes d'allocation, d'arbitrage entre les obligations, les actions dans un portefeuille, Igor ?
IdM : Les obligations, Gilles l'a dit, il y a un portage intéressant, une baisse de l'inflation, baisse des taux donc ça va soutenir la valorisation d'un portefeuille obligataire. Si on regarde le crossover ou le crédit, c'est toujours très intéressant notamment dans des secteurs généralement très gros émetteurs comme les banques et sur les obligations senior mais aussi sur les petites subordonnées donc clairement je pense que c'est difficile de ne pas avoir des positions obligataires voire monétaires pour la rémunération du cash. Je pense que les actifs illiquides, immobiliers, Private Equity sont très difficiles aujourd'hui parce qu'il n'y a pas encore eu l'ajustement de valorisation. Donc nous, nous restons persuadés qu'une poche d'actions en titres vifs avec du stock picking sur des choses qui n'ont pas marché.
VT : Des petites idées ?
IdM : Par exemple, je trouve que la banque reste un secteur, tant sur l'obligataire que l'action qui est intéressant Et le précédent cycle pour les banques a été très défavorable. Il y a évidemment des valeurs industrielles qui vont bénéficier de la baisse des coûts matières. Il y a l'aéronautique notamment, Safran, mais aussi de la construction qui a un petit peu souffert du niveau de taux d’intérêt. Donc je pense qu'il y a beaucoup de valeurs. Dans les small et mid, il y en a plein. C'est tout petit. Là, je pense qu'il faut plutôt aller vers des OPCVM, des gérants spécialisés qui vont faire leur choix et nous, nous sommes plutôt dans cette optique de mettre petit à petit des choses qui n'ont pas bien marché sachant que les grandes réussites, LVMH etc. il faut toujours les avoir un peu en portefeuille parce que c'est du fond de portefeuille parce que c'est des entreprises qui ont beaucoup de cash.
VT : Gilles, vous n'êtes pas un stock picker ? Mais dans un portefeuille équilibré, comment faut-il que ce soit réparti ?
GE : Nous sommes dominante taux et même cash, ce qui a été dit, donc cash is back, bien rémunéré, et quelque part, nous ce qui nous gêne un peu, c'est qu'effectivement, nous changeons de cycle, nous avons des taux d'intérêt réels positifs, nous avons de l'inflation donc c'est une rupture très forte par rapport à 2010-2020. Il y a un peu un changement de leader. La structure de marché reste la même et quelque part nous aimerions purger cette structure de marché donc en clair se débarrasser des sept mercenaires ou des sept magnifiques et pouvoir investir sur un nouveau marché où effectivement les bancaires paraissent intéressantes, les foncières, les choses qui avec des nouvelles structures de taux d'intérêt et d'inflation vont bien marcher sur les 10 ans qui viennent mais ce marché a du mal à naître et à se transformer.
VT : Ce sera le mot de la fin. Merci à tous les deux d'avoir participé à ce premier 15' Insight.
Igor De Maack, Associé Dirigeant de Vitalépargne, et Gilles Etcheberrigaray, Président Directeur des investissements d'Elkano AM. Merci à toutes et à tous de nous avoir suivis. À très bientôt pour une nouvelle émission.
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