America first ! (Financière de l'Arc)
C’est dorénavant un miraculé, qui a frôlé la mort de quelques centimètres. En échappant à cet attentat en ayant eu l’instinct de survie de se coucher mais également celui de se relever le poing levé, Donald Trump a changé de statut politique. Il est devenu en quelques secondes, en ce samedi 13 juillet à 18h08 heure locale, un guerrier survivant quasi indestructible, comme un super héros tant adoré aux États-Unis. Les conséquences de cet évènement ont été immédiates : une percée dans les sondages devant son rival si affaibli, Joe Biden, et une position confortée de favori dans la course à la présidentielle américaine du 5 novembre prochain.
Quelle a été la réaction de l’opinion publique et des opérateurs de marchés ?
Le marché a fait clairement son choix en votant pour l’ancien président et non pour l’actuel occupant de la Maison-Blanche. Comme toujours, les investisseurs voient au-delà, en anticipant un Congrès totalement sous contrôle des Républicains. Actuellement, chaque camp contrôle une Chambre, avec les Démocrates légèrement majoritaires au Sénat (51 contre 49) et les Républicains contrôlant la Chambre des Représentants avec une courte majorité (220 contre 213). Ce partage du Parlement est traditionnellement perçu comme un gage de stabilité politique. C’était le scénario avant le week-end dernier. Le balancier a clairement basculé en faveur du parti du challenger. Il est désormais envisageable de se projeter avec une victoire totale et les pleins pouvoirs attribués à Donald Trump et ses alliés. Dans ce cas, on aurait affaire à un président débridé et non ficelé, synonyme de décisions et de lois radicales, dont l’onde de choc irradierait non seulement Wall Street, mais aussi les autres bourses mondiales.
Quels arbitrages des investisseurs ?
Les réactions ont été violentes, voire caricaturales. Le lendemain de la tentative d’attentat, le titre du célèbre fabricant de pistolets Smith & Wesson Brands a gagné 11,40 % et celui de l’opérateur de prisons privées GEO Group 9,3 %. En réalité, nous assistons à une grande rotation dans les portefeuilles, avec de surcroît des flux massifs vers les actions et les obligations américaines. Les chiffres de la semaine écoulée sont sans appel : 48,6 milliards de dollars de collecte ont été enregistrés dans les ETF d’actions américaines, contre une décollecte de 1,4 milliard de dollars dans les ETF d’actions européennes. Dans une nouvelle ère Trump, les investisseurs ont fait leur choix entre les deux continents pour le slogan America First.
Quelles réactions des indices boursiers ?
Au niveau des mouvements sectoriels, il est intéressant d’observer, sur la semaine (du 11 au 18 juillet), la baisse de l’Indice NASDAQ Composite de 2,25 % contre une progression de 2,29 % de l’indice Dow Jones et surtout la progression de 3,45 % de l’indice Russell 2000. Ce dernier est constitué de petites et moyennes capitalisations dont l’activité est beaucoup plus domestique. La nouvelle politique redonnerait donc un coup de fouet à la vielle économie américaine. Boursièrement, cela signifie un mouvement de rééquilibrage outre-Atlantique vers les valeurs cycliques au détriment des grandes valeurs de croissance, notamment des 7 magnifiques, dont l’écart de valorisation avait atteint des sommets historiques. Est-ce le début de la fin pour ces titres ? Nous ne le pensons pas, car nous voyons plutôt une normalisation saine des performances de l’ensemble de la cote, avec toujours de bons chiffres à venir pour les valeurs technologiques.
Les perspectives avec Trump à la présidence
Dans une interview de Donald Trump publiée par Businessweek le 16 juillet, il est possible de deviner ce qui serait décidé : les tarifs douaniers sont un formidable moyen de pression économique vis-à-vis des autres pays. Le dollar est trop fort surtout vis-à-vis du yen et du renminbi. La meilleure façon de réduire l’inflation est de faire baisser le prix de l’énergie. Pour y arriver, il suffit d’extraire davantage « l’or liquide », c’est-à-dire le pétrole dans le sous-sol des États-Unis. Les voitures électriques et l’énergie solaire sont des équipements formidables, mais qui nécessitent des subventions colossales et des surfaces à exploiter irréalisables. Tout est limpide : plus de consommation d’hydrocarbures à un prix réduit et moins d’investissement dans les énergies renouvelables. Une politique qui favorise l’Amérique au détriment des autres nations. Cette perspective de bras de fer propulse l’or à des nouveaux sommets historiques. Les investisseurs s’attendent donc à un monde plus bipolarisé et tendu et cèdent en investissant davantage aux États-Unis.
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