Auris Gestion : Powell refroidit les marchés

Économie
Auris Gestion : Powell refroidit les marchés

Après la « hausse dovish » de la BCE, voici venue la « pause hawkish » de la Fed. Comme cela était attendu, la banque centrale américaine a maintenu ses taux directeurs inchangés dans la fourchette 5.25% - 5.5%. Les membres du FOMC semblent maintenant faire du soft landing leur scénario central, remettant au goût du jour le « chemin idéal » un temps vanté par Jerome Powell. Exit donc leurs prévisions de juin qui anticipaient une récession proche pour l’économie américaine !

Ce scénario idyllique verrait donc une baisse de l’inflation, à 2.6% pour l’année prochaine et 2.3% pour 2025 (aussi bien pour la globale que le noyau dur), alors que la croissance demeurerait résiliente et, surtout, sans remontée importante du taux de chômage. Sur ce dernier point, les membres du FOMC ont, en effet, revu à la baisse leurs prévisions de taux de chômage pour cette année et les deux suivantes. Ils estiment que si les tensions sont moins fortes avec, par exemple, une baisse de nombre de postes à pourvoir, la hausse de l’offre de travail et du taux de participation ont permis un rééquilibrage significatif du marché de l’emploi. Si ces éléments paraissent, à première vue, positifs, ils sont le signe pour Jerome Powell que la banque centrale n’en a probablement pas fait assez. Il lie ainsi directement la résilience de l’économie américaine au fait que le taux neutre soit encore probablement au-dessus des taux actuels, ce qui maintient donc le risque d’un rebond de l’inflation. Si la Fed estime qu’elle n’a plus besoin d’agir dans l’urgence et peut, selon ses prévisions macroéconomiques, se laisser le temps d’une pause supplémentaire afin d’appréhender au mieux les conséquences du resserrement actuel, les « dot plots » signalent cependant un positionnement plus hawkish que lors de la réunion de juin. Les membres du FOMC anticipent encore une hausse des taux directeurs avant la fin de l’année avant de les baisser deux fois, contre quatre précédemment, l’année prochaine. Si les marchés financiers ont une nouvelle fois réintégré le « higher for longer », poussant les taux à la hausse aussi bien sur le court que le long terme, ils ne semblent pas encore totalement croire au scénario de l’institution américaine. En effet, selon les anticipations de marché, la Fed a bien atteint son pic en juillet dernier et ne devrait plus bouger les taux cette année. De la même manière, la probabilité que la Fed baisse plus de deux fois ses taux l’année prochaine est actuellement d’environ 65%. Nous nous inscrivons dans ce scénario et considérons que la croissance américaine devrait marquer le pas plus fortement que ce qu’anticipe actuellement la banque centrale américaine, lui donnant ainsi plus de marge de manœuvre pour justifier une nouvelle pause lors de ses prochaines réunions. Par ailleurs, la nouvelle menace d’un shutdown des administrations américaines, la hausse inquiétante du nombre de faillites, l’impact de la hausse des taux sur le marché immobilier sont autant de points d’attention à même de remettre en cause le scénario d’un atterrissage en douceur de la croissance américaine. Mais comme l’a rappelé le président de la Fed, la croissance n’est pas sa priorité.

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