Auris Gestion : Semaine à haut risque pour les marchés
La semaine qui s’ouvre s’annonce cruciale et pourrait bien donner le ton pour ce début d’année. En effet, outre les premières réunions de politique monétaire de cette nouvelle année pour les principales banques centrales (Fed, BCE et BoE), nous aurons également les premiers indicateurs macroéconomiques sur janvier alors que les premières publications de l’atterrissage de croissance pour 2022 se sont montrées davantage résilientes qu’anticipé.
Les États-Unis ont ouvert le bal la semaine dernière avec la publication du PIB pour le quatrième trimestre 2022. L’économie américaine a ainsi crû de 2.9% sur le trimestre, au-dessus des attentes du marché et en léger ralentissement par rapport au trimestre précédent (3.2%). Sur l’année entière, la croissance du PIB ressort à 2.1%, en ligne avec la moyenne historique. Dans le détail, et c’est une bonne nouvelle, la consommation des ménages résiste plutôt bien et contribue pour 1.5% même si la consommation dans les services montre des signes de ralentissement. L’investissement des entreprises ralentit, quant à lui, fortement mais reste légèrement positif. L’économie américaine a, par ailleurs, profité du rattrapage de l’effet stock après deux très mauvais trimestres. Finalement, et assez logiquement, seul le marché immobilier pèse significativement sur la croissance américaine. Si l’économie américaine montre clairement des signes d’essoufflement, la majeure partie de la croissance s’étant produite en octobre, nous sommes loin de l’effondrement un temps annoncé. Compte-tenu du resserrement monétaire de la Fed, c’est donc plutôt une bonne nouvelle. Le scénario du « soft landing » prôné par Jerome Powell reste donc toujours d’actualité. Dans le même temps, le mouvement de désinflation se confirme aussi bien sur le core que sur le headline de l’indice PCE (indice d’inflation regardé par la Fed). Cette baisse est également confirmée par les indices de prix trimmed mean (qui excluent les variations extrêmes) calculés par la Fed de Dallas. Cependant, elle sera lente et l’inflation reste encore bien au-delà des objectifs de la Fed. La poursuite de cette tendance baissière passera donc par une dégradation plus marquée du marché du travail (le rapport sur l’emploi de janvier, publié ce vendredi, constituera le point d’orgue de la semaine). L’institution américaine devrait donc poursuivre modérément son resserrement monétaire cette semaine, avec une hausse de 25 bps des taux directeurs afin de se rapprocher de son taux terminal.
Au niveau de la zone euro, les publications de PIB pour le dernier trimestre de l’année sont attendues cette semaine pour la majorité des pays. La première estimation pour l’Espagne, publiée vendredi dernier, a surpris positivement grâce notamment au soutien budgétaire (également à l’œuvre dans plusieurs pays de la zone). Cependant, la publication de l’inflation espagnole a largement déçu, puisqu’en hausse sur le mois de janvier malgré des prix de l’énergie en baisse. La BCE ne devrait donc pas changer de cap lors de sa réunion de politique monétaire de jeudi. Elle pourrait même se montrer beaucoup plus hawkish qu’attendu comme l’ont laissé transparaître certaines déclarations, même si les divergences au sein des membres semblent de plus en plus prégnantes.
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