Dorval AM parie sur le nouveau cycle financier européen (Debrief Club Patrimoine)

Dorval AM anticipe un cercle vertueux pour l’Europe: regain d’intérêt pour l’euro, valorisations boursières encore attractives et multiplicationdes sources de stock-picking.
Une conférence de rentrée consacrée aux perspectives européennes
Club Patrimoine a assisté à la conférence de presse de rentrée de Dorval Asset Management, organisée le 9 septembre 2025 à l’hôtel Westminster à Paris. Intitulée « Investir en Europe : la nouvelle donne politique, économique et boursière », cette réunion a été animée par François-Xavier Chauchat (membre du comité d’investissement, économiste et stratégiste), Frédéric Ponchon (directeur général et directeur de l’investissement responsable), Gilles Sitbon (directeur de la gestion active actions) et Laurent Trules (gérant).
« Dans un contexte politique français potentiellement source d’inquiétudes pour les investisseurs et les épargnants », selon les termes de Frédéric Ponchon, cette conférence tombait à point nommé pour prendre du recul, avec la présentation du scénario central macroéconomique et financier de Dorval AM puis son déploiement dans les stratégies de gestion.
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Dorval AM, désormais filiale à 100 % de Natixis Wealth Management
En préambule, Frédéric Ponchon a rappelé l’actualité de Dorval AM, détenue, depuis le 1er juillet, à 100 % par Natixis Wealth Management, la banque privée du groupe BPCE. « Ce changement relève d’un projet industriel : faire de Dorval AM la « manufacture » de la banque privée, tout en continuant à répondre aux besoins des CGP, family offices et petits institutionnels », a-t-il souligné. S’ajoutent de nouvelles expertises, avec notamment l’arrivée de Jean-Philippe Muge comme directeur de la gestion privée, et un recentrage de l’offre en trois gammes : patrimoniale, flexible et pure actions.
L’Europe au cœur du rééquilibrage financier mondial
Présenté par François-Xavier Chauchat, le scénario central de Dorval AM repose sur un « nouveau cycle financier européen » plaçant la région au cœur du rééquilibrage mondial. « Contre toute attente, l’Europe financière attire aujourd’hui l’attention malgré les handicaps de la région », souligne-t-il, citant, par exemple, le retour en grâce des valeurs financières, désormais 25 % de la capitalisation européenne. Bien inspirée, selon lui, de ne pas entrer en conflit commercial avec les États-Unis, la zone euro bénéficie des effets indirects de la « politique Trump » : plan de relance outre-Rhin, regain du pouvoir d’achat, taux d’épargne élevés servant de réserve de consommation, et taux réels courts négatifs, longs autour de 1 %. « La croissance de la zone euro pourrait revenir à son potentiel d’environ 1,25 %, voire faire mieux si le cercle vertueux porté par le regain d’intérêt pour l’euro se poursuit », estime-t-il.
Un regain d’intérêt pour l’euro sur la scène internationale
Encore sous-évalué de 15 % face au dollar, l’euro, qualifié de « capteur final des pressions géopolitiques », est porté par la recherche d’alternatives au billet vert et de diversification. Deuxième monnaie internationale avec 20 % des réserves de change, elle bénéficie aussi du boom d’émissions obligataires en euros par des non-européens depuis début 2025. « Cet afflux d’euros-liquidités doit être surveillé pour évaluer la vitesse et l’ampleur du nouveau cycle financier », souligne François-Xavier Chauchat. Plusieurs facteurs internes renforcent cette dynamique dont une gouvernance renforcée par la BCE, l’inflexion budgétaire en Allemagne, l’amélioration économique en Europe du Sud. « La dispersion des taux longs, au plus bas depuis 2008, montre la capacité de la zone à absorber les chocs, comme la dissolution de 2024 en France ou la crise politique actuelle », souligne-t-il.
Un scénario central de croissance équilibrée
Pour résumer, le scenario central de Dorval AM, évalué à 65 % de probabilité, se caractérise par une croissance mondiale résiliente et mieux équilibrée, qui soutient les marchés actions. La Fed ajuste progressivement ses taux et arrive en relais de la fin de la détente monétaire de la BCE, le boom des dépenses en IA se diffuse et la reprise économique et financière de l’Europe se concrétise. Deux scénarii de risque, l’un basé sur deux facteurs potentiels de déstabilisation (20 %), l’autre sur deux facteurs potentiels de déception (15 %), sont utilisés pour les stratégies de couverture.
Des valorisations boursières encore attractives en Europe
Avec le retour du « bull market » depuis 2023, la question sous-jacente est celle de la valorisation des actions européennes. « Un marché porteur repose sur l’harmonie entre cycles financier et économique. Notre scénario anticipe un affermissement du premier et un redémarrage du second », indique François-Xavier Chauchat. Malgré un regain d’intérêt, les actions européennes restent sous-valorisées : le PER du MSCI Europe ex-UK équipondéré affiche encore un écart de 23 % avec son équivalent américain. « Si le cycle financier se confirme, l’Europe pourrait combler cet écart pour revenir au niveau de valorisation moyen d’avant-guerre en Ukraine, soit un potentiel de hausse de 10 à 15 % », poursuit-il. Il note aussi l’évolution de la cote européenne, « désormais sur deux jambes » : des grandes valeurs internationales, certaines chahutées, et des valeurs domestiques en plein réveil. « Cela multiplie les opportunités de stock picking, aussi bien en cœur de portefeuille que dans les poches satellites », se félicite-t-il.
Des thématiques structurelles et conjoncturelles pour le stock-picking
Frédéric Ponchon, Gilles Sitbon et Laurent Trules ont ensuite passé en revue les convictions de Dorval AM sur les valeurs européennes. Les thématiques structurelles des cœurs de portefeuilles sont : les bénéficiaires de l’IA (électrification, équipementiers semi-conducteurs, les faux perdants), les champions de l’innovation, la transition énergétique et l’économie circulaire, la consolidation sectorielle/les champions du build-up. Les thématiques conjoncturelles des poches satellites sont : les banques « avec une sélectivité accrue requise », le luxe, la reprise de la construction et les pharmaceutiques.
L’absence du secteur de la défense expliquée par des critères ISR
Interrogés lors de la session « questions-réponses » sur l’absence du secteur de la défense, Frédéric Ponchon a livré plusieurs éléments d’explication : « Nos fonds sont tous labellisés ISR, et nous ne considérons pas que la défense doive être exclue par principe. Ce secteur est essentiel à la souveraineté européenne mais il reste difficile à intégrer. Le manque de transparence, lié naturellement au secret défense, n’est pas compatible avec notre cadre ISR. À cela s’ajoutent des valorisations déjà élevées et une forte volatilité. Nous suivons de près les efforts de la Commission pour rendre ce secteur plus lisible et plus compatible avec les exigences des investisseurs responsables. »
Par Carole Leclercq
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