Droits de douane reportés au 9 juillet : la France alerte sur une situation « intenable », l’Allemagne réclame des négociations

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Une menace douanière à 50 % repoussée, mais toujours suspendue

Initialement prévue pour le 1er juin, l’instauration de droits de douane de 50 % sur les importations européennes par les États-Unis a été repoussée au 9 juillet. Ce report a été obtenu à la suite d’une demande d’Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, qui a plaidé pour davantage de temps afin de conclure un accord commercial avec Washington.

L’annonce de ce répit a permis aux principales places boursières européennes de rebondir lundi matin. Le CAC 40, le Dax et l’EuroStoxx 50 étaient attendus en hausse de plus de 1 %, dans un contexte de prudence accrue alors que les Bourses de Londres et de New York étaient fermées pour jours fériés. Le Stoxx 600 progressait également de 1,32 %.

Cette suspension n’efface toutefois pas les tensions. La dernière volte-face de la Maison-Blanche intervient après que Donald Trump a menacé vendredi d’imposer une hausse tarifaire généralisée à 50 % sur les produits européens, relançant les craintes d’un bras de fer commercial prolongé.

Une situation jugée « intenable » pour plusieurs filières françaises

En réaction aux menaces tarifaires américaines, le ministre délégué au Commerce extérieur Laurent Saint-Martin a exprimé ses inquiétudes dans La Tribune Dimanche. Il alerte sur une situation « absolument intenable sur le long terme » pour certaines des principales filières d’exportation françaises, si la surtaxe entrait en vigueur au taux prévu.

Les secteurs visés incluent les vins et spiritueux, les cosmétiques et l’aéronautique, qualifiés de « filières de réussite à l’export ». Le ministre juge « non souhaitable » une telle issue pour l’économie française. En 2024, les exportations françaises vers les États-Unis se sont élevées à :

  • 9,1 milliards d’euros pour l’aéronautique (18,8 % du total),
  • 4,1 milliards d’euros pour les boissons, dont le vin (8,4 %),
  • 3,8 milliards d’euros pour les produits pharmaceutiques (7,9 %)¹.

Laurent Saint-Martin a souligné que la France travaillait avec ses partenaires pour construire une réponse européenne coordonnée. Il a toutefois reconnu des divergences internes sur le niveau de riposte : « Il y a des nuances qui dépendent des vulnérabilités, des sensibilités, du rapport aux filières de chaque État-membre. »

Trois vagues de surtaxes déjà imposées par les États-Unis

Le report au 9 juillet s’inscrit dans une séquence déjà marquée par trois vagues successives de sanctions commerciales :

  1. 25 % sur l’acier et l’aluminium (mi-mars),
  2. 25 % sur les automobiles (en avril),
  3. 20 % sur l’ensemble des autres produits européens, également en avril.

Cette dernière mesure de 20 % a été suspendue jusqu’en juillet pour permettre la négociation. Par ailleurs, des droits de douane de 10 % continuent de s’appliquer sur la plupart des produits européens exportés vers les États-Unis, y compris dans les filières stratégiques.

Une position allemande ferme et résolument diplomatique

L’Allemagne a également réagi. Lars Klingbeil, ministre allemand des Finances, a déclaré dimanche dans Bild : « Nous n'avons pas besoin d'autres provocations, mais de négociations sérieuses. » Il estime que les droits de douane américains mettent en péril l’économie américaine autant que l’économie allemande et européenne.

Il a indiqué avoir évoqué la question avec son homologue américain Scott Bessent. L’Allemagne soutient fermement la stratégie de négociation pilotée par la Commission européenne. « Nous, en tant qu'Européens, sommes unis et déterminés à représenter nos intérêts », a-t-il insisté, affichant l’unité du bloc dans ce contexte commercial tendu.

Le ministre allemand rappelle que l’Allemagne exporte majoritairement des automobiles, machines-outils et équipements de transport vers les États-Unis, tandis que ces derniers vendent à l’Europe principalement des logiciels et services de communication.

Une réponse européenne attendue d’ici juillet

Le commissaire européen au Commerce, Maros Sefcovic, a réaffirmé vendredi l’engagement de l’Union européenne à obtenir un accord commercial fondé sur le respect plutôt que les menaces. Il a assuré que l’UE était « pleinement engagée » à trouver une solution « qui fonctionne pour les deux parties ».

D’ici le 9 juillet, les négociations s’annoncent intenses. L’issue reste incertaine, mais l’Union semble déterminée à défendre ses secteurs stratégiques. Comme l’a rappelé Laurent Saint-Martin, « tout est sur la table » côté européen pour élaborer une réponse, si les discussions avec Washington échouaient.

Sources : Sud Ouest, La Tribune, Boursorama

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