Les économistes surpris par la baisse d'un demi-point de la Fed (Sunny AM)
Rédigé le 18/09
La Bourse de New York a terminé en baisse mercredi, malgré une réduction significative du taux directeur de la Réserve fédérale (Fed), certains investisseurs étant déçus par le ton prudent adopté par son président lors des perspectives futures. Le Dow Jones a reculé de 0,25 %, le NASDAQ a perdu 0,31 %, et le S&P 500 a baissé de 0,29 %.
La Fed a abaissé son taux directeur d'un demi-point, le plaçant désormais entre 4,75 % et 5 %, une décision qui a surpris les économistes, qui s'attendaient plutôt à une réduction de seulement 0,25 point. Lors de sa conférence de presse, le président de la Fed, Jerome Powell, a averti qu'une telle baisse ne deviendrait pas une pratique régulière, ajoutant que la Fed adopterait une approche prudente et pourrait même suspendre les baisses de taux si les conditions économiques le justifient.
Powell a souligné que les futures décisions dépendraient de l'évolution de l'économie. Suite à ces propos, les investisseurs ont ajusté leurs anticipations, ne s'attendant plus qu'à des réductions supplémentaires d'un demi-point d'ici la fin de l'année, contre un point initialement prévu. Cette annonce a entraîné une vague de prises de bénéfices, bien que, théoriquement, une baisse des taux aurait dû favoriser les actions.
Dans ce contexte, la value (-0,24 %) a surperformé la croissance (-0,33 %) et deux des onze secteurs ont clôturé la séance en territoire positif. A noter, la surperformance du secteur de l’énergie (+0,25 %) tandis que les secteurs de s services aux collectivités (-0,77 %) et de la Tech (-0,51 %) terminent bon dernier. Au niveau macro, le taux 10 ans US est en hausse de 5 bp à 3,70 % et le deux ans est en hausse de1bp à 3,62%. Le dollar est en baisse de 0,04% à 0,8994 contre euro.
Économie et marchés US
Les demandes de prêts hypothécaires ont progressé de 14,2 % pour la semaine se terminant le 13 septembre, marquant ainsi une quatrième hausse consécutive. Les demandes d'achat ont augmenté de 5,4 %, tandis que les refinancements ont bondi de 24,2 %. Le taux hypothécaire fixe moyen sur 30 ans est tombé à 6,15 % contre 6,29 % la semaine précédente. Les refinancements représentaient 51,2 % de tous les prêts, contre 46,7 % la semaine précédente. Les achats via la FHA ont augmenté de 2,9 %, et les refinancements VA ont augmenté de 23,9 % après une baisse précédente.
Les mises en chantier aux États-Unis ont rebondi en août, augmentant de 9,6 % pour atteindre un taux annualisé de 1,36 million, le rythme le plus rapide depuis avril. Cela fait suite à une baisse le mois précédent, alors que les constructeurs équilibrent les niveaux de stocks avec une demande accrue en raison de la baisse des taux hypothécaires. Les permis de construire, indicateurs des futures constructions, ont augmenté de 4,9 % pour atteindre 1,475 million, tandis que les autorisations de maisons individuelles ont atteint un sommet de quatre mois. Les mises en chantier de maisons individuelles ont bondi de près de 16 %, tandis que les projets multifamiliaux ont diminué pour la première fois depuis mai. Bien que la construction résidentielle ait soutenu la croissance économique à la fin de 2023, elle devrait légèrement réduire le PIB du troisième trimestre. Les mises en chantier ont bondi de 15,5 % dans le Sud, récupérant des effets de l'ouragan Beryl, tandis que les achèvements de maisons individuelles ont chuté de 5,6 %.
La Réserve fédérale américaine (Fed) a procédé à une baisse de ses taux directeurs pour la première fois depuis 2020, en les réduisant de 0,5 point de pourcentage. Désormais situés dans une fourchette de 4,75 % à 5,00 %, ces taux avaient atteint leur plus haut niveau depuis le début du siècle, après une longue période à 5,25 %-5,50 %. Cette décision, qualifiée de « début » d'un processus de changement de politique monétaire par le président de la Fed, Jerome Powell, intervient à moins de deux mois des élections présidentielles américaines entre Kamala Harris et Donald Trump.
L'objectif de cette réduction est double : stimuler la consommation, notamment d'énergie, en abaissant le coût de l'emprunt, tout en préservant la vigueur du marché du travail. Powell a souligné que la décision reflétait la confiance croissante de la Fed dans sa capacité à maintenir un marché de l'emploi solide grâce à un ajustement de sa politique. Malgré cela, la décision n'a pas fait l'unanimité au sein du comité de politique monétaire (FOMC), Michelle Bowman ayant plaidé pour une baisse plus modeste de 0,25 point.
La Fed envisage de nouvelles réductions de taux d'ici la fin de l'année 2024, avec un abaissement total supplémentaire de 0,5 point prévu. Bien que la banque centrale se revendique indépendante du pouvoir politique, certains analystes estiment que cette décision pourrait favoriser Kamala Harris, notamment en redonnant du pouvoir d'achat aux ménages américains. Jerome Powell a, cependant, insisté sur le fait que les considérations politiques n'influençaient pas les décisions de la Fed.
En parallèle, Donald Trump a critiqué cette baisse des taux, affirmant qu'elle n'était possible que parce que l'économie américaine est en mauvaise posture. Il a promis de poursuivre cette politique de réduction s'il était élu. Jerome Powell a réitéré l'engagement de la Fed à se concentrer uniquement sur ses deux missions principales : la stabilité des prix et le plein emploi.
Lors de cette réunion, la Fed a également révisé à la baisse ses prévisions d'inflation pour 2025, désormais à 2,1 % contre 2,3 % précédemment. En revanche, elle a révisé à la hausse le taux de chômage pour 2024, à 4,4 % contre 4,0 % auparavant. La croissance du produit intérieur brut (PIB) est attendue à 2,0 %, légèrement en dessous des prévisions précédentes.
La baisse continue Selon l'outil FedWatch du CME Group, la Fed devrait baisser ses taux de 25 bp dans la fourchette 4,5 % et 4,75 % le 7 novembre 2024, à l'issue de la prochaine réunion monétaire. Cette hypothèse affiche désormais de 65,6 % de probabilité contre 33,4% pour une baisse de 50 bp dans la fourchette 4,25 %-4,50 % et de 1% pour une baisse de 75 bp dans la fourchette 4,00% - 4,25%.
Matières premières
Le pétrole a réduit ses pertes mercredi après avoir évolué majoritairement dans le rouge, soutenu par la décision de la Réserve fédérale américaine de baisser significativement ses taux. Le Brent, pour livraison en novembre, a légèrement reculé de 0,07 %, clôturant à 73,65 dollars, tandis que le WTI américain, échéance octobre, a perdu 0,39 %, atteignant 70,91 dollars.
Au cours de la journée, le WTI avait chuté de plus de 2 %, avant de se redresser en fin de séance après l'annonce de la Fed, qui a réduit son taux directeur d'un demi- point. Le marché était divisé avant l'annonce, certains pariant sur une baisse de 0,5 point, d'autres sur 0,25 point. Un assouplissement monétaire entraîne généralement une baisse des coûts d'emprunt, stimulant ainsi la consommation, y compris celle d'énergie. De plus, une baisse des taux fait souvent chuter la valeur du dollar, ce qui tend à faire grimper les prix du pétrole, étant libellé en devise américaine.
Le marché a également montré peu de réaction face à la nouvelle d'explosions au Liban liées au Hezbollah pro-iranien. Ces événements, bien que dramatiques, n'affectent pas directement la production de pétrole, réduisant ainsi leur impact géopolitique sur les prix.
Enfin, les traders n'ont pas beaucoup réagi au rapport hebdomadaire de l'Agence américaine d'information sur l'énergie (EIA), qui a révélé une baisse plus importante que prévu des réserves de pétrole aux États-Unis, avec un recul de 1,6 million de barils contre les 200 000 attendus.
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