« L’enjeu de l’Evergreen, c’est de lever les freins sur l’adoption du Private Equity » (Altaroc, La Financière d’Hauteville, Treeefle)

Private Equity
Thomas d'Hauteville
Frédéric Stolar (Altaroc), Thomas d’Hauteville (La Financière d’Hauteville) et Antoine Cauchy (Treeefle), Club Patrimoine, Patrimonia 2025

À l’occasion de Patrimonia 2025, Frédéric Stolar, fondateur et Managing Partner d’Altaroc, a répondu aux questions de Thomas d’Hauteville, fondateur de la Financière d’Hauteville, et d’Antoine Cauchy, cofondateur associé de Treeefle.

Quel bilan Altaroc tire-t-il de l’essor du private equity auprès des CGP ? Comment sont définis les objectifs de rendement des fonds de private equity ? Quels sont les futurs axes de distribution d’Altaroc auprès des CGP ? Et pourquoi lancer un nouveau produit evergreen ?

Un mot de présentation d’Altaroc ?

Frédéric Stolar : Altaroc, notre raison d’être, c’est de rendre accessible du Private Equity de grande qualité, de qualité institutionnelle à des clients qui ne connaissaient pas la classe d’actifs ou qui la trouvaient difficile d’accès avant l’avènement d’acteurs comme nous. On a démarré cette activité il y a quatre ans. J’ai démarré seul. On est aujourd’hui 74 personnes. On a collecté sur cette activité Private Equity un milliard cinq, un peu plus d’un milliard cinq. On a à peu près 8 500 clients privés. Et donc, on a essayé d’expliquer comment et pourquoi le Private Equity apporterait quelque chose à des clients privés peu équipés avant nous.

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Thomas d’Hauteville : Oui, le Private Equity, notamment sur la partie retail, a connu un essor exceptionnel depuis quelques années. Et c’est vrai qu’on commence à entendre parfois pour certains fonds qu’il y aurait des mauvaises nouvelles à venir. Donc, je voulais avoir un peu un premier regard là-dessus et savoir aussi quels étaient les éléments à surveiller dans l’industrie généralement par rapport à ces différents dangers par rapport au Private Equity.

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Le bilan du Private Equity retail depuis 2021, un cycle à relativiser

FS : On dit le Private Equity a connu un événement exceptionnel. On partait de rien. Donc il y a une vraie collecte qui démarre. L’appétit démarre. Il est quand même nouveau. Les volumes ne sont pas énormes non plus. Mais quand on part de zéro, la croissance est très forte. Donc ça, c’est le premier point. Après, 2021, 2022, 2023 ont été des années difficiles pour le Private Equity au plan mondial pour une raison simple. Les taux d’intérêt sont montés massivement en 2022. Et ça, ça a généré deux choses majeures. Je dirais un frein à l’achat et un frein à la vente. Donc le marché s’est un peu grippé sur le déploiement et, je dirais, sur les cessions. Donc on voit que le marché est plus compliqué qu’il ne l’a été. Mais c’est un marché au cycle long. Il faut savoir s’inscrire sur des périodes longues. Et c’est un petit blip de marché dans l’histoire des 60 ans passés du Private Equity. Je ne suis pas du tout inquiet sur la perspective de l’industrie. Il faut néanmoins être vigilant. Et c’est notre job à nous d’être vigilant quand on investit dans des gérants de premier quartile ou de grande qualité, s’assurer qu’ils ont bien traversé les phases complexes des quatre années passées. Mais je ne suis pas du tout inquiet sur les perspectives de marché. Je reste très confiant. Néanmoins, devoir de vigilance, devoir de vigilance accrue.

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Antoine Cauchy : Le Private Equity est par définition un actif encore peut-être plus incertain que les marchés cotés. Aujourd’hui, êtes-vous capables d’afficher des objectifs de rendement précis, en tout cas des promesses assez précises ? Les promesses n’engagent que ceux qui y croient. Comment vous assurez-vous ? C’est une promesse marketing ou c’est vraiment quelque chose d’être capable de calculer, de tabler pour avoir affiché dans vos rendements et dans vos promesses des rendements précis ?

FS : Il faut faire attention au terme promesse. C’est une attente moyenne. Il n’y a pas de garantie de retour en Private Equity. Il n’y en a pas sur les marchés non plus. C’est un produit où, en termes de risque, tant sur les marchés cotés que sur le non-coté, le capital est à risque en TRI. La probabilité de perdre son capital en Private Equity est assez faible, quand on regarde historiquement. Il n’y a pas de promesse au sens garanti, actuariel ou assurantiel. C’est une attente statistique de retour. La façon dont on les a construites, eh bien on a regardé les performances historiques des gérants qu’on accompagne et on a pris des décotes de prudence significatives. Donc on a regardé sur les 20 ans passés, gérant par gérant, sur tous les gérants qu’on a accompagnés, leurs performances moyennes, cash on cash, donc sur du réalisé, et on a appliqué une décote de prudence significative qui nous paraît tenir compte de la baisse des retours probables du Private Equity sur les 15 ans qui viennent. Sur des gérants d’exception historique, on a regardé leurs perfs, qui sont au-delà de 20 % net par an sur 20 ans, et on les a décotées significativement pour anticiper des retours qui nous paraissent à nous raisonnables sur les 10 ans qui viennent. Ce ne sont pas des promesses de rendement garanti. On ne peut pas garantir de retour en capital ni sur les marchés cotés ni sur le non-coté. Mais c’est une démarche prudentielle au regard des performances historiques de l’industrie, de la qualité de surperformance des gérants qu’on accompagne et de la marge de prudence qu’on juge nécessaire pour être capables de promettre quelque chose de raisonnable. Une fois qu’on a dit ça, Antoine, ce que vous appelez nos promesses, en tout cas nos attentes de retour, sont en dessous de ce que nos concurrents annoncent. On connaît bien le marché. On est dans ce marché, Maurice et moi, depuis 50 ans pour lui, 35 ans pour moi. On a des attentes de retour en dessous de celles de nos concurrents, pas parce que nos fonds sont moins bons, mais parce qu’on est plus prudents. On a choisi stratégiquement d’être plus prudents. Nous, il nous semble que 13 % de retour net sur les 10 ans qui viennent pour un portefeuille diversifié, c’est déjà magnifique. Nos concurrents ont annoncé des retours supérieurs qui ne nous paraissent pas raisonnables. Ce sont des retours prudemment attendus. Sur la base des retours passés, on ne sait pas faire mieux.

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TH : Oui, une question un peu plus personnelle. Finalement, votre regard sur ces quatre années passées, quelles ont été les bonnes ou les mauvaises surprises, notamment sur cette clientèle de gestionnaires de patrimoine ? Et peut-être si vous avez une ou deux anecdotes un peu marquantes dont vous vous souvenez sur ces quatre années.

FS : Je ne viens pas de ce monde, Thomas, donc je l’ai découvert, je viens du monde du Private Equity Instit. Je suis assez engagé dans le produit, donc j’ai découvert la communauté CGP, j’y passe ma vie. Je suis frappé par une chose, c’est l’envie d’innovation en fait. Le CGP, il a besoin d’innover. Il n’a pas une marque suffisamment puissante à part un ou deux réseaux pour concurrencer les banques sur sa marque, donc il a besoin d’apporter de l’innovation, de la fraîcheur, de l’engagement du service. Moi, ce qui m’a frappé, c’est l’intérêt pour le produit qu’on apporte au marché. Quand on apporte un produit nouveau, dont le track record institutionnel est démontré, qu’on l’a bien packagé au sens technologique, serviciel, qu’on est très proche des CGP, on a un niveau d’intérêt des CGP qui est spectaculaire. Tout le monde n’est pas au même niveau de sophistication, mais les partenaires de la première heure, ils sont avec nous depuis 4 ans, jamais défaillis. Donc, un niveau d’intérêt incroyable, un niveau d’envie d’apporter de l’innovation incroyable, et franchement, très en avance sur les banques privées. Ce sont les early adopters. Quand on regarde les marchés, c’est chez les CGP que l’innovation apparaît. Donc un très grand respect pour le secteur de marché. Après, il y a différents acteurs dedans. Il y a des très sophistiqués, moins sophistiqués, mais un niveau d’intérêt incroyable et une envie d’apporter de l’innovation à leurs clients privés. Donc pour nous, un partenaire absolument fantastique et indispensable.

AC : Frédéric, un sujet d’actualité en septembre 2025. L’AMF a récemment sanctionné Altaroc, sans revenir sur les détails liés aux procédures. Mais le but, c’est de rassurer un client qui investit chez vous. Qu’est-ce qui a été mal fait et qui aurait pu impacter ou qui pourrait impacter la qualité, la stabilité ou même la performance de vos fonds ?

FS : Alors, je voudrais dire une chose importante. J’ai démarré l’activité Altaroc seul il y a quatre ans. J’ai fait le tour des CGP. J’en ai vu 600. Est-ce qu’en 2021, quand je démarre Altaroc, je pouvais être parfaitement conforme ? La réponse est non. Il fallait malheureusement que je démontre qu’il y avait un marché. Donc on a essayé de démontrer qu’il y avait un marché. Alors, la conformité a toujours été au cœur de nos préoccupations, mais l’AMF a jugé qu’en 21-23, on était un très petit nombre de gens. On n’était pas au niveau attendu par l’AMF. Je ne reviens pas là-dessus. C’est derrière nous. Aujourd’hui, on est 73 personnes. On est la plus grosse équipe de Private Equity pour les clients privés. On ne fait que ça. On a recruté 5 personnes sur conformité légale sur les 12 derniers mois. C’est colossal. La conformité, aujourd’hui, c’est au cœur de nos process. C’était au cœur de nos préoccupations, c’est au cœur de nos process. L’AMF a acté que personne n’avait été lésé, personne n’avait été trompé, personne n’avait été dupé, on n’a absolument rien gagné. Les exigences de l’AMF sont très élevées sur une classe d’actifs nouvelle et l’AMF est dans son droit. Honnêtement, je ne pense pas que j’aurais pu faire mieux parce qu’il fallait que je démontre qu’il y avait un marché. On a créé un marché nouveau. Aujourd’hui, on est devenus une firme. On est 73, peut-être même 74 personnes. On a des process de conformité partout. On est obsédé par la conformité sur l’investissement, le KYC, la distribution. On est en train de faire jurisprudence sur la distribution. C’est au cœur de tout ce qu’on fait. Je regrette ce qui s’est passé, mais on est obsédé par cette conformité. Ça n’a aucun impact sur nos process au sens d’investissement. Ça n’a aucun impact sur notre performance. Ça n’a aucun impact sur le client. Personne n’a été dupé. On reste totalement engagé. Mais j’étais un, on est 73. On ne peut pas être aussi conforme qu’à 73.

TH : Patrimonia, c’est évidemment, c’est un moment particulier dans notre industrie. Donc, on a cru comprendre qu’il y allait y avoir un nouveau venu dans la gamme, le petit Discovery. Donc, le but, c’était d’en avoir un peu quelques éléments supplémentaires et savoir en quoi ça allait être un peu un game changer pour vous et pour le marché.

Un produit evergreen simple et éligible à l’assurance-vie

FS : Le sujet, Thomas, qu’est-ce qui freine l’adoption du Private Equity chez les entreprises privées ? Il y a trois choses. Il y a la complexité, technique, opérationnelle et même de souscription. Donc on a voulu créer un produit simple. Et on a aussi voulu créer un produit que les assureurs pourraient adopter et distribuer. Parce que le produit à appel de fonds différé n’est pas éligible chez les assureurs français. Donc on a fait un produit, à appel de fonds unique, éligible à l’assurance-vie française. Un produit qui n’est pas millésimé, donc un seul produit universel qu’on appelle un Evergreen. Avec une idée simple, le client investit en une fois et c’est lui qui choisit son horizon d’entrée et de sortie. Donc un produit dont la liquidité sera portée par la survie. Donc on va simplifier tous les codes du Private Equity. Plus la peine de rentrer dans les jargons techniques TRI, TVPI, DPI. Je suis rentré sur une valeur liquidative d’entrée. Je sors sur une valeur liquidative de sortie. Toutes les distributions sont réinvesties. Donc, ça ressemble beaucoup à un produit coté. Je dirais au passif, c’est un produit coté. À l’actif, c’est du Private Equity. Et ça a la vertu d’être simple. Alors, ça aurait une performance moins bonne que le Private Equity pur. Parce que la garantie de liquidité partagée avec la survie a un coût sur la performance. Mais c’est un couple rendement-risque qui nous semble intéressant pour un client moins sophistiqué ou un client qui veut investir par son assurance vie ou par son PER. Donc un produit plus simple, plus facile à expliquer, sans courbes en J, avec une ambition d’absolute return. On parlait de promesses tout à l’heure. Retour attendu, sans garantie évidemment, 9 % plus. Ça nous paraît être un produit performant, intéressant, qui permettra aux clients privés de s’équiper en Private Equity et aux CGP moins sophistiqués de commencer à craquer la classe d’actifs par un produit plus simple à pousser.

Une stratégie de distribution en architecture ouverte

AC : Frédéric, dernière question. Dans 5, 10 ans, où est-ce que vous voyez Altaroc ? Est-ce que vous devenez un modèle centralisé comme Corum, Oddo et vos propres distributions, plateformes, enveloppes ? Ou est-ce que de plus en plus, votre créneau, c’est comme vous le faites via le nouveau produit de nouveau Private Equity liquide, le faire via des plateformes et en architecture ouverte ?

FS : Architecture ouverte. On a une conviction absolue. Architecture ouverte. Nos partenaires CGP sont vitaux. Nos partenaires fonds d’investissement sont vitaux. On va chercher la meilleure distribution possible avec les meilleurs gérants possibles. Architecture ouverte. Conviction absolue. Il n’y a pas de modèle intégré Altaroc. Ça n’a pas de sens, ni économiquement, ni stratégiquement. Les clients, ce sont les vôtres. On sait vous accompagner. On ne peut pas être meilleur gérant du monde sur toute la classe d’actifs, donc on va aller chercher. Architecture ouverte, c’est la signature d’Altaroc. Par contre, la seule petite différence, c’est les solutions. Les meilleures solutions de private et d’outils en architecture ouverte, c’est notre signature et notre conviction absolue depuis le premier jour.

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