La Fed maintient ses taux, les marchés hésitent entre soulagement et incertitude

Économie
La Fed maintient ses taux

La Réserve fédérale reste immobile, malgré les pressions politiques

Lors de sa réunion du mercredi 19 juin 2025, la Réserve fédérale américaine (Fed) a décidé de maintenir ses taux directeurs dans la fourchette de 5,25 % à 5,50 %, un niveau historiquement élevé depuis juillet 2023. Cette décision, largement anticipée par les marchés, illustre une posture de prudence face à une inflation encore jugée trop résiliente, malgré une légère détente ces derniers mois.

Le président de la Fed, Jerome Powell, a confirmé que la banque centrale n’entendait pas baisser ses taux tant qu’elle n’aurait pas une confiance suffisante dans la trajectoire baissière de l’inflation vers l’objectif de 2 %. Cette position défensive contraste avec les appels répétés de Donald Trump, candidat républicain à la présidentielle de novembre 2025, qui réclame une baisse rapide du coût du crédit afin de soutenir la croissance.

Le Comité de politique monétaire n’envisage plus qu’un seul assouplissement monétaire cette année, contre trois attendus en mars. La Fed s’appuie sur un scénario de croissance revue à la baisse, à 2,1 % pour 2024 et 2,0 % pour 2025, avec un taux de chômage qui remonterait légèrement à 4,2 % en 2025.

Un impact immédiat sur les marchés européens

Le lendemain de cette annonce, la Bourse de Paris évoluait dans le rouge. Le CAC 40 cédait environ 0,45 % dans les premiers échanges, prolongeant son repli de la veille. Cette baisse, amorcée après la publication du communiqué de la Fed, traduit l’inquiétude des investisseurs face à la perspective d’une politique monétaire américaine plus restrictive qu’attendu.

Parmi les valeurs les plus pénalisées figurent Société Générale, Crédit Agricole et BNP Paribas, en retrait de 1 % à 1,5 %. Les valeurs du luxe, comme Hermès ou LVMH, affichaient également une performance négative, sur fond de tensions persistantes entre les États-Unis et la Chine. À cela s’ajoute un climat d’incertitude politique en France, qui pèse depuis plusieurs séances sur le moral des investisseurs.

Les marchés obligataires sont eux aussi affectés : les rendements des bons du Trésor américain à 10 ans sont repartis à la hausse, autour de 4,25 %, un niveau qui reflète le recul des anticipations de baisse de taux pour 2025.

Wall Street termine en ordre dispersé après la décision de la Fed

Outre-Atlantique, les indices boursiers américains ont affiché des performances contrastées à la clôture de mercredi. Le Dow Jones a perdu 0,13 %, tandis que le S&P 500 a grignoté 0,25 % et que le Nasdaq a progressé de 0,82 %, porté par les valeurs technologiques.

Cette configuration traduit une forme d’hésitation des investisseurs. Si les perspectives d’une baisse de taux cette année restent sur la table, le ton jugé plus restrictif de la Fed a tempéré les espoirs d’un assouplissement rapide. Les marchés doivent également composer avec d’autres incertitudes, telles que la hausse possible des droits de douane sur les importations chinoises en cas de victoire de Donald Trump en novembre.

Dans ce contexte, les investisseurs privilégient la prudence. Les valeurs cycliques, sensibles à la conjoncture, sont restées en retrait, tandis que les valeurs technologiques ont bénéficié de la résilience du secteur face à des taux durablement élevés.

Une équation toujours plus complexe pour les banques centrales

La décision de la Fed s’inscrit dans un environnement global où les banques centrales sont confrontées à un dilemme entre lutte contre l’inflation et soutien à l’activité économique. La Banque centrale européenne (BCE), qui a amorcé un cycle de baisse de ses taux en juin, se trouve sur une trajectoire divergente.

Mais l’attitude de la Fed pourrait ralentir la dynamique de détente monétaire mondiale. Si les taux américains restent élevés, cela continue d’exercer une pression haussière sur le dollar, rendant plus difficile l’assouplissement des politiques monétaires dans d’autres régions du monde, notamment en zone euro.

La réunion de la Fed de septembre sera donc particulièrement scrutée. Les investisseurs attendront des signaux plus clairs sur le calendrier et l’ampleur des éventuelles baisses de taux. D’ici là, les marchés continueront de naviguer à vue, entre données économiques, discours politiques et tensions géopolitiques.

Une volatilité accrue en perspective

Les prochaines semaines s’annoncent déterminantes. Entre les élections américaines, les décisions des principales banques centrales et les tensions commerciales potentielles, les marchés restent exposés à une volatilité élevée.

Pour les investisseurs, la prudence semble s’imposer, dans un environnement où les signaux macroéconomiques sont brouillés et les décisions de politique monétaire plus que jamais stratégiques.

Sources : Le Monde, Boursorama, Fortuneo

Lire aussi :

BCE, Fed, Chine : quels impacts sur les marchés ?

Fin de cycle pour la BCE ?

Découvrez d'autres contenus du même partenaire

Contributeurs

À découvrir
Graph du jour

Chaque jour, nous sélectionnons pour vous, professionnels de la gestion d'actifs, une actualité chiffrée précieuse à vos analyses de marchés. Statistiques, études, infographies dans divers domaines : épargne, immobilier, économie, finances, etc. Ne manquez pas l'info visuelle quotidienne !

Voir tous nos graphs
Agenda

Ne loupez aucun événement de nos partenaires : webinars, roadshow, formations, etc. en vous inscrivant en ligne.

Voir notre agenda
Challenge & Club Patrimoine
Lire une sélection d'articles publiés dans le numéro spécial 2024 Gestion de Patrimoine "La Nouvelle Donne".
Découvrir
Challenges & Club Patrimoine : Gestion de patrimoine la nouvelle donne
Les fonds de nos partenaires