"Y a pas le feu, dixit le président de la Fed !" Christian Bito (ESSEC et SLGP)


La Réserve fédérale face aux appels à la baisse des taux
Le président Trump avait appelé lors de son discours à Davos à une baisse de taux immédiate. Eh bien, le président de la Fed, M. Powell, vient clairement de lui répondre cette semaine en répétant cinq fois dans son intervention : « not in a hurry ». Il n'y a pas d'urgence. Il est vrai que les derniers chiffres de croissance aux USA ne montrent pas d'inquiétude. Le PIB du T4 ralentit légèrement à +2,3 % en rythme annualisé, contre 3,1 % au T3, mais reste sur une dynamique proche de 2,8 %. Et les prix ne dérivent pas en décembre, comme le confirme l'inflation PCE à 2,6 %.
La BCE contrainte de baisser ses taux face à une croissance faible
La BCE a en revanche été contrainte d'abaisser à nouveau de 0,25 % ses taux directeurs, les ramenant à 2,9 %. L'inflation est plus basse qu'aux États-Unis, à 2,4 %, et même 1,4 % en France. Les indicateurs de croissance sont toujours faibles, même si le PMI composite est tout juste repassé au-dessus de 50, à 50,2 %.
Une croissance européenne à la traîne, notamment en France et en Allemagne
Au quatrième trimestre, en zone euro, le PIB a progressé de 0,9 %, alors que la France enregistre -0,1 %. Le gouvernement allemand vient de réviser à la baisse ses prévisions de croissance pour 2025, à +0,3 % seulement. Les marchés d’actions ont néanmoins signé un mois de janvier mouvementé mais positif. Un des facteurs qui a contribué à la bonne tenue des marchés d’actions réside dans la baisse des taux longs obligataires depuis mi-janvier. Le 10 ans américain est revenu vers 4,5 % et vers 3,2 % pour le 10 ans français.
Les marchés d’actions résilients grâce à la baisse des taux obligataires
Mais l’évolution des taux sera suspendue aux futures décisions politiques : le budget pour la France, les taxations douanières effectivement décidées par les États-Unis… et ça commence fort.
Le déroulement de la saison des résultats des sociétés est pour le moment plutôt positif : Netflix, IBM, Meta, Tesla par exemple, malgré quelques réactions négatives, comme pour Microsoft.
Nvidia, victime collatérale de la percée de DeepSeek
Enfin, les investisseurs se préoccupent des conséquences de l'affaire DeepSeek. Affaire, car la nouvelle est impressionnante et mérite approfondissement à mon avis. La société chinoise a développé un logiciel d’IA pour un coût qu’elle déclare de seulement 6 millions de dollars, bien inférieur à tous les produits concurrents. Surtout, il n’aurait pas eu besoin de recourir aux processeurs les plus puissants.
Le marché a en conséquence sanctionné les fabricants de hardware au profit des logiciels. Nvidia a enregistré la plus forte perte de capitalisation de l’histoire financière sur une seule société, avec plus de 580 milliards de dollars de baisse. Le titre est encore en baisse depuis le début de l’année, de près de 13 %, mais se reprend un peu dans l’attente de comprendre s’il s’agit d’une mutation du secteur, d’un épiphénomène, voire d’une fake news. DeepSeek espérons qu’il ne suivra pas la rivière de la célèbre chanson.
Lire aussi : « Bulle » de l’IA : où en sommes-nous ?
Chaque jour, nous sélectionnons pour vous, professionnels de la gestion d'actifs, une actualité chiffrée précieuse à vos analyses de marchés. Statistiques, études, infographies dans divers domaines : épargne, immobilier, économie, finances, etc. Ne manquez pas l'info visuelle quotidienne !

Ne loupez aucun événement de nos partenaires : webinars, roadshow, formations, etc. en vous inscrivant en ligne.

