Financement du modèle social : Macron relance le débat sur une taxation de la consommation

Une fiscalité jugée trop concentrée sur le travail
Lors de son intervention télévisée sur TF1 le 13 mai 2025, Emmanuel Macron a estimé que le modèle social français repose "trop sur le travail". Il a pointé le poids des cotisations et contributions sociales qui pèsent sur les revenus d’activité, en particulier sur les actifs, et appelé à une révision structurelle du financement de la protection sociale.
Le président de la République souhaite que le gouvernement engage "une conférence sociale" réunissant les partenaires syndicaux et patronaux afin d’ouvrir un nouveau cycle de concertation. L’objectif : identifier des leviers de financement alternatifs à la seule mise à contribution des revenus du travail.
Une fiscalité de la consommation évoquée comme piste de réforme
Emmanuel Macron a explicitement mentionné la consommation comme source de financement possible. Il a souligné que "certains de nos voisins taxent davantage la consommation", suggérant que la France pourrait s’en inspirer. Si aucune mesure concrète n’a été annoncée, cette déclaration relance indirectement le débat sur une TVA sociale, dispositif régulièrement évoqué ces dernières années sans jamais avoir été mis en œuvre à grande échelle.
Le principe serait de réduire les charges sociales pesant sur le travail en contrepartie d’un relèvement ciblé de la TVA, afin de maintenir le niveau global de prélèvements obligatoires tout en modifiant leur structure. Cette idée, soutenue de longue date par une partie du patronat, reste toutefois sensible d’un point de vue social et politique.
Des positions divergentes sur les contributions et les cotisations
Interpellé par Michel Picon, président de l’Union des entreprises de proximité (U2P), qui proposait la suppression de la CSG et de la CRDS, Emmanuel Macron a répondu préférer une révision des cotisations plutôt que des contributions. Ce positionnement confirme l’intention présidentielle de s’orienter vers une réforme du financement reposant sur l’ajustement des assiettes sociales plutôt que sur une refonte globale des prélèvements existants.
Cette orientation pourrait avoir des conséquences concrètes sur la répartition entre revenus du capital et revenus d’activité, ainsi que sur les choix de rémunération des dirigeants d’entreprise ou des travailleurs non salariés.
Une négociation élargie à la transformation du travail
Le président a également souhaité qu’une négociation sociale s’engage autour de l’évolution des formes de travail, faisant le constat que "de plus en plus de jeunes ne veulent pas être salariés" et que "de plus en plus de seniors veulent travailler différemment". Cette ouverture s’inscrit dans une logique plus large d’adaptation du droit du travail et de la protection sociale aux nouveaux usages professionnels.
Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, a toutefois rappelé que cette discussion avait déjà été engagée l’an dernier, sans déboucher sur des mesures substantielles selon elle. Le dialogue social s’annonce donc tendu sur ce volet.
Une réforme à moyen terme, sans calendrier défini
Emmanuel Macron n’a pas donné de calendrier précis pour cette réforme, ni évoqué de dispositif concret à ce stade. Mais son intervention marque une volonté politique de repositionner le débat fiscal sur le terrain de l’efficacité économique, en lien avec les enjeux d’emploi et de compétitivité. En clôture, il a souligné que "le problème le plus important de la France, c’est qu’elle ne produit pas assez", comparant le taux d’emploi national à celui de l’Allemagne ou des États-Unis.
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