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Analyses de marchés

Financière de la Cité : "Divergence transatlantique"

11
Jul
2023
La Fed ajuste ses prévisions de croissance tandis que la BCE maintient ses hausses de taux malgré une économie chancelante.

Sans surprise, le mois de juin 2023 a été marqué par la poursuite de la divergence d’approche des banques centrales, voyant la Réserve fédérale des Etats-Unis marquer une pause dans son cycle de resserrement monétaire tandis que la BCE décidait d’une nouvelle hausse de ses taux directeurs, malgré deux trimestres consécutifs de stagnation du PIB de la zone euro.

Réunions des Banques Centrales en Juin 2023

A l’occasion de sa réunion du 14 juin dernier, la Réserve fédérale des Etats-Unis a relevé ses prévisions de croissance pour l’année 2023, passant de 0.4% à 1.0% de croissance réelle attendue. Dans le même temps, alors que le niveau de chômage moyen attendu pour le dernier trimestre 2023 était de 4.5% au mois de mars dernier, les prévisions de ce mois de juin l’anticipent à 4.1%. C’est donc une amélioration du contexte économique en comparaison des prévisions antérieures qui s’est matérialisée lors de cette réunion, ce qui a également conduit la Fed à revoir sa prévision d’inflation « core » à 3.9% au lieu de 3.6% pour le dernier trimestre de l’année. Un contexte qui a ouvert la possibilité de voir la Fed relever, à une ou plusieurs reprises, ses taux directeurs au cours des prochaines réunions, ce qui dépendra de la teneur des données macroéconomiques qui seront publiées dans les prochaines semaines.

En tout état de cause, cette nouvelle approche de la Réserve fédérale ne peut pas être considérée comme « plus stricte » qu’elle ne l’était auparavant puisque celle-ci est le fruit du constat d’une économie plus forte que préalablement anticipé, il ne s’agit alors que d’un mouvement relatif. De plus, malgré la persistance de l’inflation « core », la Réserve fédérale peut constater un reflux des chiffres de l’inflation, l’indice PCE s’établissant désormais à 3.85% en rythme annuel, 3.42% en rythme semestriel annualisé, et 2.45% en rythme trimestriel annualisé.

Malgré un cadre macroéconomique favorable, et dans un contexte de ralentissement de l’inflation, l’évolution des chiffres de l’emploi devrait prendre une importance plus forte dans la prise de décision de la Fed au cours des prochains mois. Malgré la bonne tenue des derniers chiffres, un éventuel retournement de l’emploi américain pourrait en effet provoquer une réaction de pause plus durable des autorités monétaires. Dans le cas contraire d’une persistance de la dynamique favorable de l’emploi américain, plus probable au regard des dernières données publiées, la Fed sera alors ouverte à une, éventuellement deux hausses de taux au cours des prochaines réunions.

La BCE abaisse ses prévisions de croissance

Lors de sa conférence de presse du 15 juin, la Banque centrale européenne a pour sa part légèrement abaissé ses prévisions de croissance pour l’année 2023, passant de 1% à 0.9% (en rythme annuel alors que la Fed publie ses anticipations pour une croissance entre le T4 2022 et le T4 2023). Le détail de ces prévisions marque cependant un changement de tendance plus profond : alors que la consommation des ménages était initialement anticipée à +0.7%, elle est désormais attendue à +0.2%, une baisse compensée en partie par une hausse attendue de l’investissement (+1.5% contre 0.3% initialement), ce qui est principalement le résultat des programmes d’investissements publics NGEU (Next Generation EU).

Cependant, les prévisions réalisées par la Banque centrale européenne pour sa réunion du 15 juin ont été arrêtées le 23 mai dernier, c’est-à-dire à une date antérieure à la publication de la deuxième estimation des chiffres du PIB du premier trimestre 2023. Ainsi, la prévision BCE fait état d’une croissance de +0.1% au premier trimestre alors que le chiffre publié le 8 juin est de -0.1%. De plus, pour réaliser le « restant » de croissance attendue pour l’ensemble de l’année (désormais à +0.7% en prenant en compte le chiffre publié du premier trimestre), une croissance de +0.3% devra être réalisée aux 2e et 3e trimestres et de +0.4% pour le dernier trimestre de l’année, alors même que le chiffre du second trimestre est désormais plutôt attendu en territoire négatif. Les anticipations réalisées par le « Now-casting the Euro Area GDP » anticipent une baisse de PIB de 1% sur le Q2 au sein de la zone euro.

Malgré ce climat macroéconomique dégradé, c’est une hausse des taux qui a été décidée par le Conseil des Gouverneurs de la BCE pour ce mois de juin 2023, tout en annonçant sa volonté de poursuivre ce cycle lors de sa prochaine réunion du mois de juillet, et possiblement pour le mois de septembre. Une décision qui porterait les taux de la zone euro à un niveau de 4.00%, niveau jamais atteint depuis la naissance de la Banque centrale européenne.

Or, selon les dernières données publiées par Eurostat, la persistance réelle de l’inflation sous-jacente tend à masquer une baisse importante de l’indice HICP, mesure officielle de l’inflation pour la BCE. Au cours du second trimestre 2023, l’inflation constatée aura été de 1.8% en chiffre annualisé (et de 5.5% en chiffre annuel). De plus, si les chiffres apparaissent conformes aux projections réalisées en mars dernier, ils sont désormais un point inférieur aux projections de la fin d’année 2023.

Ainsi, relativement aux projections de fin 2022, malgré une inflation moins forte qu’anticipé, et une croissance aujourd’hui négative, la Banque centrale européenne a choisi de poursuivre son cycle de resserrement. 

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