"La France cristallise toutes les inquiétudes" Léonard Cohen, Ginjer AM
Un contexte international tendu
Nous sortons d'une semaine où la France cristallise de nombreuses inquiétudes, beaucoup d'inquiétudes domestiques mais aussi des inquiétudes liées au contexte international.
Absolument, elle cristallise toutes les peurs, toutes les angoisses. Il y a dix jours, ça commençait avec les décisions de Poutine de renforcer sa dialectique en faveur d'une guerre totale. Bien évidemment, la situation politique en France est ce que tout le monde connaît, donc l'absence de visibilité pour la suite est très marquée sur la France. Bien évidemment, le contexte international en rajoute un petit peu, et notamment vis-à-vis de l'Europe avec d'éventuelles taxes douanières, donc la France cumule tous les sujets.
L'importance des balises dans l'analyse de marchés
Quand c'est comme ça, quand il y a peu de visibilité, c'était le cas, et c'est pour ça que je vous le rappelle souvent au moment du Brexit, au moment du Covid, on a des méthodes de travail pour tenter d'y voir plus clair. Donc nous, nous utilisons des balises, des balises qui ne sont pas liées simplement à l'analyse fondamentale, qui sont liées à d'autres types de critères, notamment de flux, de mécanique, de marché, etc. Et une nouvelle fois, elles nous enjoignent à ne pas paniquer. Et donc, dans ce cadre-là, et ça fait 13 ans que nous les utilisons, donc on a un petit recul sur les choses, il y a déjà eu la guerre en Ukraine, il y a déjà eu des taxes douanières, il y a déjà eu des événements qui pouvaient faire craindre un ralentissement brutal et une perte de croissance, comme ça avait été le cas pour le Brexit. Et à chaque fois, ces balises nous ont enjoint à ne pas paniquer et c'est le cas encore une fois. Donc écoutez, nous, on garde le cap, on ne panique pas et on pense que tout ça va petit à petit démontrer que la situation est moins pire qu'attendu. C'est-à-dire que les investisseurs paniquent, ont peur et ensuite on se rend compte que ce n'est pas glorieux mais c'est moins grave que ce qu'on pouvait imaginer.
Une meilleure situation en Allemagne
Comment expliquer sur de nombreux points comme la guerre en Ukraine, les taxes douanières ou l'instabilité politique que l'Allemagne, qui connaît aussi ces problématiques, s'en sorte mieux avec par exemple le DAX qui est positif depuis le début de l'année ?
Oui, il y a une grosse différence, bien sûr. C'est bien évidemment la situation économique en Allemagne. Bien sûr qu'ils sont en récession, bien sûr qu'ils sont en ralentissement, mais ils ont les moyens de refinancer leur économie et de relancer de la croissance que nous n'avons pas en France. À côté de cela, bien évidemment, il y a une situation technique particulière. La composition de l'indice allemand, et notamment avec la forte pondération d'un SAP, de valeurs technologiques, et les très beaux rebonds des banques allemandes, Deutsche Bank et Commerzbank, contrairement à ce qui s'est passé en France, ont amené à une meilleure stabilité en dépit, effectivement, vous le disiez, du fait que l'Allemagne, et notamment avec son industrie automobile, pourrait être plus taxée par Trump s'il devait mettre cette taxe douanière à l'œuvre. Ce sont des éléments de fond structurels et techniques, et aussi politiques, puisque pour l'instant, le parti d'opposition reste un des partis historiques, et donc pourrait prendre le pouvoir lors des prochaines élections en février. C'est une forme de stabilité sur 30 ans qui existe et qui fait moins craindre de dommages pour la suite en Allemagne que ce qui pourrait exister en France, d'où la stabilité et la performance du marché allemand.
L'évolution du spread franco-allemand
C'est ce qui explique également le spread entre les taux allemand et les taux français pour vous ?
Vous avez raison de le signaler, oui le spread s'est écarté, mais je fais remarquer aux uns et aux autres que dans cette période dure de ces dix derniers jours où les marchés ont glissé, en France notamment, les taux d'intérêt, l'OAT 10 ans, ont baissé en France. Donc ça aurait pu être meilleur. Le spread s'est écarté, mais les taux d'intérêt ont baissé. Et donc dans le fly to quality qui a eu lieu, la France en a moins profité, mais elle reste achetée par certains investisseurs. Et ça, ça justifie aussi une partie des raisons qui font que nos balises ne s'affolent pas pour la suite.
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