Impôt sur la fortune improductive : l’assurance vie dans le viseur du Budget 2026

Fiscalité
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Une collecte record pour l’assurance vie en septembre

Les épargnants français continuent de plébisciter l’assurance vie. En septembre, les dépôts ont atteint 14,9 milliards d’euros, soit une hausse de 20 % sur un an, selon France Assureurs. Ce montant constitue un record historique pour ce mois, traduisant « la vitalité d’un modèle d’épargne qui conjugue stabilité financière et progrès économique », commente Paul Esmein, directeur général de la fédération.

Les prestations versées par les assureurs, incluant rachats et versements aux bénéficiaires, s’élèvent à 10,8 milliards d’euros, en hausse de 8 %. La collecte nette atteint ainsi 4,1 milliards d’euros, soit 1,7 milliard de plus qu’en septembre 2024. Du jamais-vu pour un mois de septembre.

Ce dynamisme s’explique par un taux de rendement moyen des fonds en euros de 2,6 %, la bonne tenue des marchés boursiers et la baisse du taux du Livret A, qui rend l’assurance vie plus attractive. Selon Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’Épargne, « la baisse du rendement du Livret A, combinée au maintien de celui des fonds en euros, explique la progression remarquable de la collecte nette ».

Un encours colossal de 2 084 milliards d’euros

À fin août, l’encours total des contrats d’assurance vie atteignait 2 084 milliards d’euros, en hausse de 5,1 % sur un an. Cette somme considérable attire l’attention des pouvoirs publics au moment où le projet de loi de finances 2026 est débattu à l’Assemblée nationale.

Les députés ont adopté un amendement transformant l’impôt sur la fortune immobilière (IFI) en un impôt sur la fortune improductive, élargissant son assiette à certains placements financiers, notamment les contrats d’assurance vie en fonds euros détenus par les épargnants les plus fortunés.

Cette proposition, portée par Jean-Paul Mattei (MoDem) et amendée par Philippe Brun (PS), vise à taxer les patrimoines considérés comme « improductifs », c’est-à-dire peu engagés dans le financement de l’économie réelle. Elle a été adoptée contre l’avis du gouvernement par 163 voix pour et 150 contre.

De l’IFI à l’impôt sur la fortune improductive : une réforme de portée élargie

L’IFI, créé en 2018 pour remplacer l’ISF, se limitait aux biens immobiliers d’une valeur supérieure à 1,3 million d’euros net. Le nouvel impôt conserve ce seuil, mais son assiette inclut désormais les biens immobiliers, les objets précieux, les véhicules de collection, les yachts, les avions, les cryptoactifs, les liquidités et certains produits financiers non investis dans les entreprises.

Le barème progressif, compris entre 0,5 % et 1,5 %, est remplacé par un taux unique de 1 % sur la part du patrimoine excédant le seuil d’imposition. Un sous-amendement adopté prévoit également un abattement de 1 million d’euros sur la résidence principale ou unique du foyer fiscal, contre 30 % de la valeur sous le régime de l’IFI.

Selon le gouvernement, ce nouveau dispositif pourrait rapporter 500 millions d’euros, tandis que les socialistes estiment son rendement potentiel à 4 milliards d’euros. L’IFI avait généré 2,2 milliards d’euros en 2024.

L’assurance vie et la notion d’épargne « improductive »

L’intégration des fonds euros dans le périmètre du nouvel impôt provoque de vives réactions dans le secteur. Pour Paul Esmein, directeur général de France Assureurs, « les fonds euros financent l’économie productive ; il est donc très étonnant de les retrouver dans un amendement sur la fortune improductive ».

Les chiffres le confirment : à fin juin 2025, 63 % des encours de l’assurance vie étaient investis dans des titres d’entreprises, contre 24 % dans des obligations souveraines. Le secteur souligne ainsi que ces placements contribuent directement au financement de l’économie réelle.

Malgré ces arguments, l’assurance vie, forte de plus de 2 000 milliards d’euros d’encours, reste une cible naturelle des réflexions fiscales. Les débats autour de la distinction entre épargne « productive » et « improductive » devraient se poursuivre au Sénat lors de l’examen du texte.

Un impact à anticiper pour les patrimoines supérieurs à 1,3 million d’euros

Les conseillers en gestion de patrimoine devront suivre attentivement la navette parlementaire. Si la mesure est définitivement adoptée, elle pourrait modifier la fiscalité de certains portefeuilles patrimoniaux, notamment ceux détenant une proportion importante d’assurance vie en fonds euros.

Pour les épargnants concernés, l’arbitrage entre unités de compte et fonds euros pourrait redevenir un enjeu stratégique. Les contrats multi-supports, investis dans des actifs économiques productifs, resteraient exclus de cette taxation.

La réforme, encore incertaine dans sa version finale, marque néanmoins un retour partiel de la logique de l’ISF : taxer la détention de capital jugé inactif plutôt que les seuls actifs immobiliers.

Sources : La Tribune, LCP, Capital

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