Le point des opportunités sur les marchés émergents (Franklin Templeton)
Les devises du monde entier ont commencé à surpasser le dollar américain vers la fin de l’année passée, ce qui a donné un coup de fouet aux actions internationales. Étant donné que la tendance va probablement s’infléchir pour les marchés émergents en 2023, qu’est-ce que les investisseurs doivent savoir en ce qui concerne l’allocation par pays ? Dina Ting, Head of Index Portfolio Management, nous fait part de ses réflexions.
Même dans un contexte d’inflation toujours élevée (bien que modérée ), certains économistes ont annoncé des prévisions prudemment optimistes pour la croissance mondiale lors du Forum économique mondial (World Economic Forum, WEF) du mois dernier.
Tout d’abord, les investisseurs attendent avec impatience le retour de la Chine. La réouverture du pays, aussi chaotique soit-elle, a soulagé certaines craintes du marché et entraîné un rebond de sa devise. Le renminbi a grimpé de 7 % entre novembre (lorsque la Chine a commencé à assouplir certaines de ses règles face à la COVID) et fin janvier, stimulant d’autant plus la performance du marché. L’indice FTSE China a grimpé d’environ 11 % depuis le début de ce trimestre en 2023.1
On constate déjà d’importantes divergences entre les marchés des différents pays après une année marquée par un écart de 40 % entre le pays le plus performant, le Brésil (+11,8 %) et la lanterne rouge, la Corée du Sud (-28,3 %). Au début de cette année, le Mexique s’est placé en tête des marchés d’actions internationaux. Fortement axé sur les biens de consommation courante et la finance, l’indice FTSE Mexico a grimpé de plus de 16 % en janvier.2 À l’autre extrémité du spectre, les difficultés rencontrées récemment par les actions indiennes ont provoqué un repli de -4 % de ce marché.3
Dans l’ensemble toutefois, l’appétit des investisseurs pour les actions des marchés émergents reste solide en raison de valorisations qui nous semblent attractives et de la probabilité d’une hausse des devises locales qui devrait pousser les actions internationales vers le haut.
La Chine mérite qu’on s’y attarde
Même si la croissance mondiale reste modeste, la réouverture de la Chine marque un tournant important. Vu le retard important accusé par la Chine l’année dernière, nous pensons que l’épargne et la demande accumulées des consommateurs chinois devraient à présent améliorer les perspectives du pays, même si les marchés développés doivent faire face à une récession potentiellement légère. Le revirement politique récent du gouvernement, qui a renoncé aux restrictions imposées face à la pandémie, a provoqué la première envolée des voyages à l’intérieur du pays depuis trois ans ainsi que des célébrations à grande échelle du Nouvel an chinois.
Dans son dernier point d’actualité économique, le Fonds monétaire international (FMI) a fait écho aux sentiments de Davos en notant que la réouverture de la Chine a « ouvert la voie à une relance plus rapide que prévu ». Les prévisions de croissance économique de la Chine sont de 5,2 % pour l’année, contre 1,4 % pour la croissance américaine. Ce rapport prévoit également une croissance mondiale de 2,9 % pour 2023, ce qui surpasse légèrement les prévisions du FMI d’octobre, et observe que les cours du pétrole n’ont pas connu de pics récents et que les marchés de l’emploi restent solides.4
Les investisseurs placent actuellement leurs espoirs dans le rebond des marchés en développement. Les économies émergentes devraient progresser de 3 % à 4 % en moyenne cette année selon certaines estimations, surpassant ainsi la croissance des marchés développés. Il règne un certain consensus misant sur une nouvelle baisse de l’inflation avec l’atténuation des problèmes de chaînes d’approvisionnement, et les investisseurs vont profiter de cette année pour s’orienter à nouveau vers les économies émergentes sous-évaluées.
Taïwan et Corée du Sud
La Chine applique des politiques plus durables de gestion de la COVID et sort du creux de la vague, ce qui devrait avoir d’importants effets induits sur ses principaux partenaires commerciaux asiatiques tels que Taïwan et la Corée du Sud. Ces deux économies axées sur les exportations sont liées aux aléas cycliques de la production de semi-conducteurs. Les marchés des puces ont subi de fortes baisses l’année dernière, et il semble qu’un revirement de tendance soit imminent.
Les investisseurs se sont rués sur ces marchés lors de la reprise de la négociation après le Nouvel An lunaire. Le marché boursier taïwanais a grimpé d’environ 6 % en dollars américains entre le 30 janvier et le 3 février, grâce notamment aux gains enregistrés par le secteur technologique5.
Sensibles aux fluctuations des prix des matières premières mondiales, les marchés sud-coréens ont souffert l’année dernière mais ont terminé par un redressement de plus de 18 % sur le quatrième trimestre.6 À long terme, les entreprises coréennes à la pointe de la technologie dans des secteurs tels que l’automobile, les batteries pour véhicules électriques (VE) et les puces pour mémoire semblent occuper une position concurrentielle en vue de la croissance.
Mexique
Nous pensons que le Mexique est une autre économie bien placée pour tirer parti de la réorganisation des chaînes d’approvisionnement mondiales à l’heure où de nombreuses multinationales se détournent de la Chine. Son produit intérieur brut (PIB) a progressé de 0,4 % au 4e trimestre par rapport aux trois mois précédents.7 Et en janvier, le FMI a revu à la hausse sa prévision de croissance du PIB du pays pour 2023 de 1,2 % à 1,7 %.8
Les entreprises manufacturières mondiales investissent de plus en plus agressivement au Mexique dans le cadre de la tendance plus générale au « near-shoring », qui rapproche la production des principaux partenaires commerciaux. Cette tendance a probablement profité à la population active mexicaine. Le Mexique a notamment enregistré un taux de chômage inférieur aux prévisions de 2,8 % en décembre, contre 3,5 % en décembre 2021. Les rapatriements de fonds de ressortissants mexicains vivant à l’étranger se sont également envolés ces dernières années.9
À l’heure où le secteur maritime mondial continue de poursuivre des objectifs ambitieux de décarbonation, le Mexique présente des avantages importants pour un secteur solide des « carburants de transport maritime zéro carbone » selon le WEF. Selon des études publiées l’année dernière, les observateurs s’attendent à ce que la disponibilité abondante de sources renouvelables au Mexique fasse du pays l’un des principaux exportateurs de combustibles propres, ce qui permettra d’accélérer la transition du Mexique vers une économie à faible intensité de carbone tout en favorisant la création de nombreux nouveaux emplois verts.10
À la fin de l’année dernière, le marché d’actions mexicain mesuré par l’indice FTSE Mexico RIC Capped avait progressé de 2 % sur base annualisée après un redressement de près de 14 % au quatrième trimestre.11 L’inflation reste toutefois obstinément élevée au Mexique malgré une intervention précoce et agressive des banques centrales d’Amérique latine l’année dernière. Mais les analystes s’attendent toujours à ce que l’inflation ralentisse en 2023 et reste inférieure au pic de septembre.
Pour ceux qui mettent en œuvre une allocation d'actifs mondiale, nous vantons souvent les avantages des ETF portant sur un seul pays et des ETF régionaux en tant qu'outils pouvant aider les investisseurs à créer des résultats différenciés. Nous pensons que la sélection de véhicules d’investissement économiques, comme des ETF sur un seul pays conçus pour une mise en œuvre précise, peut être la bonne approche pour de nombreux investisseurs dans ce contexte.
Nous pensons que les investisseurs devraient envisager l’allocation par pays en tenant compte des éléments suivants :
- Fondamentaux : les entreprises et secteurs représentant chaque pays
- Macroéconomie : Croissance du PIB, politique monétaire, contexte géopolitique, démographie
- Thèmes émergents : tendances plus passagères qui favorisent certains pays.
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