Les marchés européens parviendront-ils à conserver leur avance ? Louis de Fels (Gay-Lussac Gestion), Vincent Roger ( GLR Gestion Privée) et Jean-Laurent Cadorel (Optélios Capital)

Analyses de marchés
Louis de Fels (Gay-Lussac Gestion), Vincent Roger ( GLR Gestion Privée) et Jean-Laurent Cadorel (Optélios Capital), Vincent Touraine (Club Patrimoine)

La surperformance des bourses européennes face à Wall Street depuis le début de l'année signe-t-elle l'avènement d'un nouvel exceptionnalisme européen ?

Louis De Fels, Responsable de la gestion collective de Gay-Lussac Gestion revient sur le potentiel des marchés européens. Avec Vincent Roger, Directeur Associé de GLR Gestion Privée et Jean-Laurent Cadorel, Responsable des Investissements chez Optélios Capital.

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Avant toute chose, un mot de ce que représente Gay-Lussac Gestion en termes d'encours, de spécialité ?

Louis De Fels : Gay-Lussac Gestion est une boutique française indépendante, c'est très important. Avant, on appartenait à un grand groupe américain. Et donc aujourd'hui, maintenant, on est très fiers d'être une boutique française indépendante avec 1,5 Mds$ sous gestion. On fait de la gestion sous mandat, de l'épargne salariale et aujourd'hui, on est là pour la gestion collective et cette spécialité, notamment sur les micro, small et mid caps.

L’Europe peut-elle incarner un nouvel exceptionnalisme économique ?

Jean-Laurent Cadorel : Sur l'exceptionnalisme européen, la première question, c'est de savoir à quel point, selon vous, la surperformance de l'Europe, c'est une surperformance sectorielle, c'est-à-dire liée par exemple aux bancaires qui vont surperformer la tech, ou est-ce que c'est vraiment une surperformance géographique ?

LDF : Exactement, Europe is back. L'exceptionnalisme européen, on y croit. C'est vrai que pour le moment, c'est plutôt assez sectoriel. On pense qu'on n'est qu'au début. Il faut se rappeler, c'est depuis 2014. Les États-Unis font du déficit. C'est eux qui sont le moteur de la croissance mondiale. Et pour la première fois, grâce à nos amis allemands, c'est peut-être l'Europe, enfin, qui va revenir sur le devant de la scène et qui va refaire du déficit. Donc on arrive enfin à une révision de la croissance de la zone euro, notamment de l'Allemagne, au moment où les États-Unis sont en fort ralentissement. Clairement aujourd'hui, je pense que si on avait eu l'émission fin de l'année dernière, tout le monde aurait dit, il faut être full US et l'Europe va sous-performer et c'est l'inverse. Pour le moment, ça a été tiré plutôt sur les secteurs plutôt value, avec la rotation sectorielle. On voit qu'en ce moment, les utilities reviennent à fond, les bancaires ont très fortement surperformé. Et aux États-Unis, pour la première fois depuis très longtemps, c'est vraiment les 7 magnifiques que tout le monde avait depuis des années qui ont fortement sous-performé le Nasdaq. Quand vous prenez le S&P493, il n'a pas forcément baissé. Il y a énormément de secteurs qui sont encore en hausse dans le S&P. Donc c'est vraiment la rotation en dehors de la tech et de la consommation discrétionnaire qui est très liée à la fin de l'exceptionnalisme aux US et notamment à ce fameux taux d'épargne qu'ils ont mangé aux US.

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Le cycle économique pourrait-il favoriser l’Europe ?

Vincent Roger : Une question par rapport au cycle. On sait que les États-Unis sont souvent en avance sur le cycle économique. Est-ce que ça peut durer d'avoir aujourd'hui cette prépondérance de l'Europe au niveau des performances et des résultats ? Quel est votre avis ? Est-ce que c'est dû aux annonces budgétaires de l'Allemagne, un feu de paille ?

LDF : C'est vrai que pour la première fois, ça va être très bizarre. On va voir peut-être, on le pense, chez Gay-Lussac Gestion, une fin de cycle aux États-Unis. Ça a été repoussé, repoussé, repoussé notamment par les excès budgétaires, toute cette croissance. Rappelez-vous, pendant les deux dernières années, on se disait « Est-ce qu'il y a une récession aux États-Unis ? ». Finalement, elle n'est pas venue. Et là, on pense sincèrement que les États-Unis sont en ralentissement. On l'a clairement vu. Ça y est, il y a même des grandes maisons comme Goldman Sachs qui n'ont plus que 1 % de croissance cette année. Ça va peut-être être encore révisé à la baisse au moment où l'Europe, depuis quasiment 3 ans qu'on est en résistance, depuis la guerre en Ukraine, on souffre beaucoup. Est-ce que l'Europe va réussir à s'en sortir si elle ralentit trop ? Ça, c'est une vraie question, puisqu'on sait très bien que si les États-Unis ralentissent trop fort, ça entraîne tout le reste. Pour le moment, ne boudons pas notre plaisir. Ça ne fait que depuis le mois de novembre, ça fait 4 mois que l'Europe surperforme. Et normalement, quand l'Europe se met à surperformer, c'est souvent sur des périodes de 12-14 mois. Ne gâchons pas notre plaisir.

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Les flux d’investissement se tournent-ils enfin vers l’Europe ?

JLC : Vous parlez d'institutions comme Goldman Sachs. Est-ce que vous voyez des flux institutionnels qui bougent, peut-être des États-Unis vers l'Europe ?

LDF : Alors, pour l'instant, les flux, en tout cas aux États-Unis, sont toujours restés. On voit que le retail reste très fortement investi aux États-Unis. Il y a encore l'euphorie Trump qui est encore là, même si on a vu dans les derniers chiffres macro, ça ralentit. Donc, pour l'instant, les flux sont là. Depuis l'annonce du plan allemand début mars, en 10 jours, il n'y a jamais eu autant de flux qui sont arrivés sur l'Europe. Pour l'instant, c'est arrivé uniquement que dans les méga-cap, un peu dans les mid-cap, notamment allemandes. Mais en revanche, dans les micro et small-cap, nous, on ne l'a pas encore vu chez Gay-Lussac Gestion. On espère que ça arrivera, en tout cas.

Le contexte politique mondial pèse-t-il sur la prime de risque ?

VR : Est-ce qu'on observe une prime de risque politique avec tout ce qu'on entend, tout le brouhaha qui est autour de la politique américaine et de Trump ? Et comment elle se matérialise, comment on l'observe ?

LDF : C'est la même question. Déjà, en Europe, la prime de risque, on a une prime de risque liée aussi à la géopolitique. Et le problème, c'est que le marché s'était peut-être emballé un peu trop tôt sur la fin de la guerre. Et on voit que finalement, ça patine un peu. Clairement, il y a une vraie prime de risque. Ce serait une vraie bonne nouvelle, en plus du plan de relance allemand. Pour le moment, elle est en train de remonter. Il y a une prime de risque aussi au niveau politique, notamment en France. Clairement, on l'a vu sur le spread OAT-Bund. Et je pense qu'aux États-Unis, c'est une bonne question, je ne pense pas encore pour l'instant, pour l'instant, l'exceptionnalisme américain est encore là, il est encore dans les pensées, ça commence à être remis en cause, on le voit, mais c'est encore trop tôt pour le dire, même si nous, on pense que ça va remonter, la prime de risque va forcément remonter.

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