Marchés US : la fin de l’état de grâce ? Léonard Cohen, Ginjer AM
Fin de l'état de grâce : tensions économiques et désynchronisation monétaire en 2025
Cette année se finit, et elle se finit avec une déception, puisqu'il y avait beaucoup d'anticipation autour de l'annonce de la Fed.
Écoutez, on peut dire que c'est la fin de l'état de grâce. Ça a duré un mois et demi. Ça a été particulièrement fort avec des flux extraordinaires qui sont allés compléter la hausse du marché américain depuis l'élection de Trump. Tout était rose.
Et puis, avec la résistance de l'économie américaine, la résistance de l'inflation et surtout l'intégration par certains membres de la Fed d'une politique pro-cyclique de Trump et avec les éventuelles barrières douanières, eh bien ils intègrent ces perspectives et disent au marché : "Écoutez, nous, on n'envisage que deux hausses de taux d'intérêt pour 2025 et non pas quatre comme vous l'imaginez."
Toujours la même chose, les investisseurs ont toujours besoin d'avoir le vent dans le dos, ils adorent ça, et c'est moins le cas. Donc, on retombe dans des situations où il y a un peu plus de défiance.
On l'avait vu en fin de semaine dernière déjà avec la baisse du Dow Jones. En dépit de tous ces flux qui étaient arrivés, le Dow Jones avait commencé à baisser, c'est-à-dire que l'arbre cachait la forêt, les valeurs technologiques en profitaient, mais le Dow Jones baissait déjà.
Et malheureusement, aucun autre marché n'en profite. Ça montre bien que tous les yeux ne sont tournés que vers les États-Unis.
Il y a une autre inquiétude côté américain, c'est la menace d'un shutdown. Il y a eu un texte budgétaire qui a été rejeté, mais qui a été rejeté côté républicain, ce qui peut paraître surprenant.
Vous avez complètement raison de le signaler. Ça met en avant la difficulté pour le futur président de gouverner. Jusqu'à présent, c'était des différences d'appréciation entre républicains et démocrates. Là, c'est une différence d'appréciation entre Trump et ses sénateurs républicains, et ça montre à quel point, pour l'instant, la dynamique politique et le programme ne sont pas encore bien clairs.
Trump décidera tout, il n'est pas encore au pouvoir. Là, il montre que c'est lui le maître et c'est lui qui décide. Tous vont devoir le comprendre ou au contraire s'opposer, et on est dans les premiers moments de cette étape. C'est, comme on le disait tout à l'heure, la fin de l'état de grâce.
Pour revenir aux banques centrales, on constate une désynchronisation de l'action de la Fed et de la BCE. Comme on l'avait vu au mois de juin dernier, quelles pourraient être les conséquences à moyen terme ?
La conséquence a été immédiate : ça a renforcé, pour toutes les devises mondiales également le cas, le dollar par rapport à toutes les autres devises. Cette extraordinaire résistance de l'économie américaine amène à une pression à la baisse, bien sûr, sur l'euro notamment.
L'effet positif, c'est que, bien entendu, ça aidera les exportatrices qui, du coup, auront l'impact d'éventuelles hausses de tarifs ou de barrières douanières, etc., peut-être moins important, même si c'est un effet marginal. Mais vous voyez, ces micro bonnes nouvelles ne sont pas du tout regardées, parce que la situation politique en Europe, et particulièrement en France, est toujours chaotique, qu'il n'y a pas de leadership.
C'est malheureux, mais c'est comme ça, les dommages collatéraux persistent, et on ne voit que le verre à moitié vide à chaque fois. Il n'y a aucun élément permettant de profiter de ces petits reflux américains. L'Europe n'a pas pu se saisir de cette désynchronisation, en tout cas dans les politiques monétaires.
Nous, on continue de travailler avec nos balises et il faut garder le cap. C'est difficile là, c'est une fin d'année un peu poussive, c'est le moins qu'on puisse dire, mais on reste optimiste. C'est une volonté que de l'être, mais on le reste grâce à nos balises.
Vous parliez des reports éventuels du marché américain. L'Europe n'en a pas profité, mais personne n'en a profité en quelque sorte. Ce n'est pas non plus débloqué en Chine.
Écoutez, pour l'instant, c'est plus qu'une réalité. L'élection de Trump a tourné tous les regards vers les États-Unis. En fait, soit ils tirent le monde, soit c'est négatif pour le monde.
La conclusion, c'est qu'aucun marché action n'en a réellement profité. Seules quelques valeurs défensives et un peu le Japon, mais c'est très marginal. En relatif, on a vu une légère résistance.
Il n'y a pas grand-chose à dire, c'est l'année Trump, il a fédéré et maintenant on va voir comment il va gouverner.
Contributeurs
Chaque jour, nous sélectionnons pour vous, professionnels de la gestion d'actifs, une actualité chiffrée précieuse à vos analyses de marchés. Statistiques, études, infographies dans divers domaines : épargne, immobilier, économie, finances, etc. Ne manquez pas l'info visuelle quotidienne !
Ne loupez aucun événement de nos partenaires : webinars, roadshow, formations, etc. en vous inscrivant en ligne.