La montée en puissance de la gestion passive (Venn Capital)

La tendance la plus marquante pour l’industrie de la gestion d ‘actifs au cours de ces dix dernières années fut la montée en puissance de la gestion passive.
En 2023, les encours gérés de façon passive ont même supplanté pour la première fois ceux de la gestion active traditionnelle !
Évolution de la gestion active vs passive depuis 1993

Cet engouement pour la gestion indicielle a notamment été alimenté par la très forte surperformance des grandes valeurs technologiques de croissance (les fameux acronymes GAFAM, MAG7 etc…), dont le plébiscite s’est accentué lors de la crise sanitaire de 2020. En effet, ces titres cochaient alors toutes les cases du mouvement de fuite vers la sécurité/qualité : des valeurs Growth, dont la taille assurait une certaine pérennité dans l’environnement incertain des confinements et qui plus est bénéficiaient généralement de cet effet ‘Stay-at-Home’ (télétravail ; livraisons à domicile ; streaming etc…).
Les indices se sont ainsi polarisés à marche forcée.
Alors que la gestion passive promettait historiquement une exposition diversifiée à un large panier de valeurs représentant la profondeur du marché, le Top 10 du S&P 500 - qui pesait en moyenne 15 à 20% sur les dernières décennies - compte aujourd’hui pour près de 40% de l’indice !
John C. Bogle fondateur de Vanguard et pionnier de la gestion indicielle, soulignait que« De tels fonds éliminent le risque des valeurs individuelles, le risque des secteurs de marché ».
Pourrait-il encore tenir ces propos aujourd’hui vis-à-vis des fonds passifs ?
À l’inverse, la gestion active qui prônait à l’origine une approche singulière, de conviction, propre à chaque gestionnaire de portefeuille, s’est, au fil des années, de plus en plus édulcorée via une proportion grandissante de fonds ‘pseudo-actifs’.
Là aussi, le monde de la gestion d’actifs s’est donc mis à tourner à l’envers, voire de travers…Le raisonnement derrière la gestion passive était de bénéficier de « l’efficience des marchés »liée aux arbitrages des intervenants actifs. Si la gestion active l’est de moins en moins et que la gestion passive est devenue prépondérante, les flux passifs sont alors passés de 'preneurs de prix' à 'faiseurs de prix'. Au lieu de profiter des équilibres de marché, ils en sont de plus en plus les déterminants. Dans un tel environnement, le rationnel à la genèse de cette approche tient-il toujours ? La créature n’a-t-elle pas échappé à son créateur ?
À l’occasion d’une interview au Financial Times, Eugène Fama, le prix Nobel à l’origine de la théorie de l’efficience des marchés, soulignait justement : « The efficient market hypothesis is just 'amodel. It’s got to be wrong to some extent' »…
Depuis 3 ans, les anomalies de la décennie précédente semblent être en voie de normalisation
En 2022 suite à une poussée inflationniste mondiale, les banquiers centraux n’ont eu d’autre choix que de relever les taux monétaires afin d’endiguer une éventuelle spirale de hausse des prix. La vive réaction des diverses banques centrales a permis de ramener les taux d’intérêts et d’inflation proches de leurs moyennes historiques de long terme et ainsi de sortir des politiques de taux 0 qui avaient prévalu pendant près de 15 ans.
Ce séisme monétaire a enclenché un lent mouvement de tectonique des plaques sur les marchés qui devrait amener à une normalisation progressive des excès évoqués précédemment. Les ajustements dans la sphère du non-côté ont été brutaux. La valorisation sur la classe du private equity est en net repli par rapport au pic de 2021(environ -20%). Des ajustements de valeurs liquidatives des fonds de PE sont-ils à attendre comme ce que nous avons pu constater sur certains pans du marché immobilier ? Certaines SCPI ont en effet vu leurs valeurs révisées jusqu’à -40% !
Ces éléments semblent témoigner d’un regain de considération pour les critères de valorisation et la liquidité.
Ce changement de paradigme affecte également les marchés d’actions cotés. Nous observons des mouvements de rotations de styles beaucoup plus fréquents et violents depuis 3 ans, ce qui peut présager la fin du règne sans partage des valeurs de croissance. En dehors des États-Unis, le style Value semble notamment avoir touché un point bas en 2021.
Par ailleurs, le dégonflement de la concentration des indices de marchés actions devraient être un autre symptôme de ce retour à la normale au sein de la sphère financière. Historiquement, toutes les phases d’ultra-polarisation des indices se sont en effet soldées par un retournement.
La surperformance des Top 10 des indices pourraient ainsi toucher à sa fin et renouer avec la tendance historique.
Dans ce contexte quel scénario peut-on envisager pour les marchés actions sur les années à venir ?
Sans préjuger de ce que pourrait-être la performance des indices en 2025, dans un environnement de marchés ‘normalisés’, les marchés actions devraient continuer à offrir - sur un horizon moyen terme - le rendement annualisé qu’ils ont délivré historiquement (de l’ordre de 7 à 8% par an, ajusté de l’inflation). Par ailleurs, les phases de dépolarisation des indices boursiers se sont souvent avérées très favorables aux stratégies de gestion active qui, du fait de leur positionnement singulier, sont capables de dégager de la surperformance lorsque les poids lourds de la cote décélèrent.
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