Des sociétés ultra innovantes pour notre santé de demain (Financière de l'Arc)
Nous restons positifs sur le secteur de la santé pour ces prochaines années. L’actuelle forte innovation et l’efficacité des nouvelles solutions thérapeutiques proposées, couplées à une demande structurellement forte en produits médicaux et vouée à croître dans le temps, constituent de solides fondamentaux qui devraient perdurer, selon nous, non seulement pour 2025 et 2026, mais bien au-delà. Nous maintenons notre optimisme, en dépit de l’actualité récente qui perturbe les investisseurs. Voici les arguments qui démontrent pourquoi la croissance actuelle des entreprises de ce segment de la cote reste inexorablement forte.
Qui dépense le plus en recherche et développement entre Nvidia et Merck&Co ?
Vous serez surpris, mais la réponse est sans hésitation le laboratoire pharmaceutique Merck&Co. En 2023, Nvidia a dépensé 8,7 milliards de dollars contre 30,5 milliards de dollars pour Merck&Co. Retraitées des 16,9 milliards d’acquisitions externes de programmes de recherche clinique, les dépenses internes en recherche et développement du spécialiste en oncologie ressortent tout de même à 13,6 milliards de dollars, soit un montant supérieur de plus de 50% à celui de Nvidia. La comparaison est d’autant plus pertinente que les deux entreprises ont réalisé, l’année dernière, un chiffre d’affaires en milliards de dollars assez similaire (60,9 pour Nvidia contre 60,12 pour Merck&Co). Ce ne sera plus le cas cette année, avec la forte progression sur les neuf premiers mois de l’activité du leader en cartes graphiques, dopée par l’intelligence artificielle (91,17 milliards de dollars en 2024 contre 27,51 milliards en 2023). Néanmoins, Merck&Co a dépensé 13,32 milliards de dollars sur un chiffre d’affaires quasiment deux fois moindre de 48,5 milliards, soit un peu plus de 10 milliards en recherche & développement (R&D) interne, contre 9,2 milliards de dollars pour Nvidia.
Des investissements en santé proportionnellement supérieurs à ceux des géants du NASDAQ
Une tendance généralisée : les entreprises dans la santé investissent proportionnellement plus d’argent pour leur avenir que les stars du NASDAQ, à savoir Microsoft, Apple, Alphabet et Nvidia. La raison est simple : ce sont des entreprises technologiques à part entière, qui surfent sur une vague d’innovation très forte, pour faire face à un besoin élevé de renouvellement de produits. D’ailleurs, dix d’entre elles font partie intégrante de l’indice NASDAQ 100 (Intuitive Surgical, Amgen, Vertex Pharmaceuticals, Gilead Pharmaceuticals, Regeneron Pharmaceuticals, Astrazeneca, IDEXX Laboratories, Dexcom, Biogen et Illumina). Le ratio dépenses en R&D sur revenus ressort à 15% pour Alphabet, 14% pour Nvidia, 12% pour Microsoft et à 8% pour Apple. Ces chiffres sont similaires à une société française de moyenne capitalisation leader dans le diagnostic in-vitro comme Biomerieux (12,5%) et au leader mondial des robots chirurgicaux Intuitive Surgical (14%). De nombreuses sociétés de la santé dépensent plus de 20% de leur chiffre d’affaires dans cette catégorie de dépenses (34% pour Regeneron Pharmaceuticals, 32% pour Vertex Pharmaceutical, 30% pour iIllumina, 25% pour Biogen, 24% pour Astrazeneca, Novartis et Roche Holding et 21% pour Gilead Sciences). La seule exception dans les GAFAM étant Meta Platforms (29%), contrainte d’investir davantage que ses pairs, pour combler son retard dans l’intelligence artificielle.
Un record d’essais cliniques et de nouveaux programmes prometteurs dans la santé
Un nombre d’essais cliniques initiés dans le monde record, avec un pipeline de nouveaux programmes très fourni au sein des grandes sociétés du secteur.
Selon Evaluate Pharma, les dépenses en R&D des laboratoires pharmaceutiques ont dépassé le seuil des 300 milliards de dollars en 2023 et devraient atteindre 366 milliards en 2030. Ces efforts financiers gigantesques ont des conséquences bien réelles, à savoir un nombre d’essais cliniques initiés dans le monde qui bat chaque année son record historique. Pour illustrer ce boom biotechnologique, cette donnée avait atteint, en 2023, le chiffre considérable de 40 000, contre 2 000 en 2001. Ce niveau sera dépassé en 2024, puisqu'à mi-décembre le compteur atteint déjà les 42 000. C’est un indicateur de croissance à long-terme très fiable, puisqu’il faut compter entre 5 à 10 ans pour développer un nouveau médicament et le faire approuver par les autorités. De facto, le nombre de nouveaux médicaments approuvés par la Food and Drug Administration américaine devraient rester à un rythme élevé ces prochaines années.
Pour 2025 et 2026 : l’innovation et la demande doperont les profits
Des fondamentaux très solides pour 2025 et 2026. L’innovation et une demande forte se traduisent concrètement par une augmentation des profits.
Dans une étude sectorielle du 3 décembre dernier, BofA a calculé que les valeurs pharmaceutiques affichaient le taux annualisé de croissance des revenus le plus élevé en Europe (8%) pour 2025 et 2026, devant celles de l’aéronautique et de la défense. Les valeurs medtechs se situent juste derrière, avec 7%, mais avec un taux annuel de progression des bénéfices par action de 15%, supérieur à celui des pharmaceutiques (12%). Dans une note de stratégie, intitulée « Perspectives globales 2025 », JP Morgan a mis en évidence que la croissance des bénéfices par action pour le secteur de la santé en 2025 est estimée par le consensus des analystes IBES à 20,2% aux USA et à 12,8 en zone euro. Ces données robustes, couplées à une valorisation plus basse (respectivement en dessous et sur sa moyenne historique pour les pharmaceutiques et les medtechs) démontrent l’attractivité de ce segment de la cote.
L’inexorable augmentation des dépenses de santé dans le monde
Le vieux refrain que les dépenses mondiales de santé augmenteront plus rapidement que le PIB mondial, du fait du vieillissement de la population mondiale et d’une tendance à de meilleurs soins, est une réalité et non une théorie. Aux États-Unis, les projections du Congressional Budget Office publiées dans son rapport de juin 2024, intitulé « An Update to the Budget and Economic Outlook: 2024 to 2034 », sont sans appel. Les dépenses totales de l’État fédéral vont déraper de 3 400 milliards de dollars ces 10 prochaines années, soit une augmentation annuelle de 4,1%. Celles allouées aux programmes de santé, principalement à Medicare et à Medicaid, augmenteront sur la même période de 1 396 milliards de dollars (de 1 839 à 3 235 milliards de dollars), soit une progression annuelle de 5,81%.
Un marché de la prescription constamment révisé à la hausse. Dans son rapport, intitulé « World preview 2024 », Evaluate Pharma estime que le marché mondial des médicaments de prescription passera de 1 053 en 2023 à 1 743 milliards de dollars en 2030, soit une croissance annualisée de 7,47%. Ces estimations intègrent toutes les pertes d’exclusivité de nombreux blockbusters sur cette période. Les dix principales molécules en matière de ventes devraient toutes dépasser 15 milliards de dollars de ventes.
Un marché contre l’obésité au tout début de son développement
Tout le monde connait Wegovy et Zepbound, les pépites contre l’obésité de Novo Nordisk et d’Eli Lilly. Les ventes de ces deux molécules dans cette seule indication devraient totaliser en 2024 respectivement 8 et 5 milliards de dollars, selon le consensus Bloomberg. Dans son étude « Themes 2025 », TD Cowen a recensé, avec des données fournies par Iqvia, un nombre de prescriptions aux États-Unis dépassant le seuil des 2 millions. Le nombre d’obèses dans ce pays, en plus des personnes en surpoids, est estimé à plus de 22 millions. Nous sommes potentiellement sur un marché gigantesque bien au-dessus de 100 milliards de dollars, même si le prix unitaire, pour un nombre de plus en plus important de patients, devrait logiquement baisser dans le temps. Le nombre de nouvelles molécules en développement sera important, car beaucoup d’acteurs veulent leur part du gâteau. Le marché va tout simplement se fragmenter entre des molécules de nouvelle génération plus puissantes, ciblant les catégories les plus en surpoids dans l’obésité, des modes de traitement différents (par injection ou par voie orale), et des posologies différentes (quotidiennes, hebdomadaires ou mensuelles).
Une réforme des prix des médicaments déjà approuvée aux États-Unis
Le budget des États étant par définition limité, il est évident que tous seront obligés de procéder à des réformes pour limiter la progression de leurs dépenses de santé. Cependant, la révolution biotechnologique et technologique, couplée à une démographie très vieillissante, fait que ces mesures ne pourront que freiner la tendance, mais pas l’inverser, tant le besoin en nouveaux traitements est important. De surcroît, une réforme limitant le prix des médicaments les plus anciens a été adoptée aux États-Unis en août 2022, dans le cadre de la loi IRA. Concrètement, les médicaments, dont les ventes sont les plus importantes au sein des programmes Medicare (part A et part B) et ayant perdu leur période d’exclusivité, peuvent figurer dans une liste de révision de prix à la baisse. Cette liste, connue bien en avance de son application, permet d’identifier les sociétés les plus vulnérables. Une fois encore, les sociétés les plus innovantes arrivent à bien surmonter cette réduction octroyée. De plus, le programme Medicare ne représente qu’une partie ultra-minoritaire des dépenses totales. Le reste est géré par les mutuelles privées.
Une nouvelle approche pour plus d’efficience ?
La triple victoire de Donald Trump et de ses alliés à l’élection présidentielle, à la Chambre des représentants et au Sénat, a fait couler beaucoup d’encre. Les nominations aux postes-clés du ministère de la Santé, de la FDA et à d’autres agences gouvernementales ont été également beaucoup controversées. Il faut rester pragmatique. La majorité à la nouvelle assemblée de la Chambre des représentants étant seulement de trois sièges (220 pour une majorité de 218), il sera très compliqué de faire passer de nouvelles réformes structurelles. Le Congrès détermine l’enveloppe globale des dépenses fédérales dans le cadre d’une loi annuelle de financement. Néanmoins, la nomination de Robert Kennedy Junior, antivax notoire et adepte du vivre mieux en adoptant une hygiène de vie plus saine, plutôt que de traiter par médicament, peut à terme faire évoluer les tendances de consommation. Cependant, il faudra plusieurs années, voire plusieurs décennies, pour modifier durablement les habitudes alimentaires des Américains. À court terme, nous nous efforcerons d’éviter les valeurs vaccins, surtout celles exploitant des produits dont le mécanisme d’action utilise l’ARN Messager. Nous maintenons également notre sous-pondération dans les mutuelles américaines, car la volonté politique est forte pour faire baisser les coûts de santé sur les contrats privés. Toutefois, obtenir une majorité avec des Républicains traditionnellement opposés à une régulation est une tâche ardue. En revanche, nous surpondérons les valeurs d’équipements médicaux et les spécialistes du diagnostic, car elles sont moins exposées à ce vacarme sonore, qui brouille la vision des investisseurs, mais pas le fondamental positif du secteur.
Par Arnaud Benoist-Vidal, gérant du fonds Arc Actions Santé Innovante ESG, Financière de l'Arc
Sources : bioMérieux-2023-Annual-Report.pdf.coredownload.pdf; https://www.biomerieux.com/content/dam/biomerieux-com/investor/02---news---reports/annual-report/bioM%C3%A9rieux-2023-Annual-Report.pdf.coredownload.pdf; Le nombre d’essais cliniques recensées sur le site; BOFA J.P. Morgan AM, Bloomberg, Cowen research
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