Trump relance l’idée de surtaxes douanières massives

Économie
tarifs douane juillet 2025

Une proposition choc : un droit de douane minimum de 15 à 20 %

Lors d’une interview sur Fox Business, Donald Trump a affirmé qu’il envisageait d’instaurer un droit de douane minimum de 15 à 20 % sur toutes les importations aux États-Unis, s’il revenait à la Maison-Blanche. L’ancien président, en campagne pour un nouveau mandat, souhaite imposer une « surtaxe plancher » afin de réindustrialiser l’Amérique et de compenser ce qu’il considère comme un déséquilibre commercial défavorable, en particulier avec la Chine.

Trump a précisé que cette mesure viserait à établir un seuil minimum pour chaque produit importé, estimant que cela permettrait de forcer les entreprises à relocaliser leur production sur le sol américain. À l’heure actuelle, les droits de douane américains varient largement selon les produits : de 2 % sur les équipements médicaux à 25 % sur certains biens chinois, en vertu des mesures de représailles instaurées pendant son précédent mandat.

Une stratégie perçue comme brutale mais cohérente

Pour ses partisans, cette proposition s’inscrit dans une vision claire de souveraineté économique et de reconstitution de la base industrielle nationale. Elle s’appuie sur une rhétorique de « guerre commerciale » que Trump avait déjà mise en œuvre dès 2018 en ciblant notamment la Chine. À l’époque, il avait introduit plus de 18 000 lignes tarifaires supplémentaires, taxant plus de 350 milliards de dollars d’importations chinoises.

Mais cette méthode, souvent jugée brutale, ne fait pas l’unanimité. Les économistes pointent une logique simpliste qui ignore les effets de second tour sur les chaînes d’approvisionnement, les prix à la consommation et la compétitivité des entreprises américaines. De nombreux biens intermédiaires utilisés dans l’industrie américaine proviennent de l’étranger : taxer systématiquement les importations pourrait donc pénaliser les industriels eux-mêmes.

Les limites d’une fiscalité douanière généralisée

Plusieurs experts soulignent les failles de cette approche. Une taxation systématique des importations, indépendamment de leur origine ou de leur nature, reviendrait à instaurer une politique de hausse généralisée des prix. Or, l’inflation reste un sujet sensible pour les ménages américains, déjà touchés par une hausse du coût de la vie depuis la pandémie et le conflit en Ukraine.

Par ailleurs, cette stratégie pourrait susciter des représailles de la part des partenaires commerciaux des États-Unis. En cas de retour au pouvoir, Trump pourrait remettre en cause les règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), comme il l’avait déjà fait dans le passé. Des mesures aussi unilatérales risqueraient de déclencher des guerres commerciales et d’aggraver les tensions géopolitiques, notamment avec l’Union européenne.

Une logique politique avant tout

L’annonce de cette surtaxe plancher doit également être lue dans le contexte électoral. Donald Trump cherche à mobiliser son électorat autour de thématiques identitaires et économiques fortes. En promettant une taxation massive des importations, il entend répondre aux inquiétudes de la classe moyenne et des ouvriers touchés par les délocalisations.

Cependant, les effets concrets de ces politiques protectionnistes sur l’emploi industriel sont contestés. Plusieurs études ont montré que les hausses de droits de douane imposées lors du premier mandat Trump n’ont pas permis de relancer durablement l’industrie américaine. Elles ont en revanche contribué à accroître les coûts pour les entreprises et les consommateurs.

Vers un nouveau cycle d’incertitude commerciale

Si Donald Trump est réélu et met en œuvre cette mesure, le monde pourrait entrer dans une nouvelle ère d’incertitude commerciale. Les chaînes de valeur mondiales, déjà fragilisées par la pandémie et les tensions géopolitiques, pourraient subir un nouveau choc. Les entreprises seraient contraintes d’adapter rapidement leurs circuits d’approvisionnement, avec des conséquences économiques difficiles à anticiper.

La Chine, souvent désignée comme cible principale par Trump, pourrait réagir par des contre-mesures, aggravant une confrontation déjà bien installée. L’Union européenne, quant à elle, serait également concernée, notamment sur les secteurs automobiles, technologiques ou agricoles.

Dans un contexte mondial où la stabilité commerciale est cruciale pour éviter un ralentissement généralisé, la perspective d’un droit de douane plancher à 15 ou 20 % résonne comme un signal d’alerte. Derrière une logique de puissance affichée se cache une potentielle remise en cause de l’ordre économique mondial tel qu’il a été construit depuis les années 1990.

Sources : Ouest-France, Le Monde

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