Chine : l’inversion de la tendance déflationniste se fait attendre (Swiss Life AM)

Une taxe moyenne de 40 % sur les produits chinois
Le 10 novembre, la trêve douanière en vigueur entre les États-Unis et la Chine prendra fin. Actuellement, la taxe moyenne effective sur les produits chinois est d’environ 40 %. Même si, pour l’heure, aucune flambée des droits de douane n’est anticipée, plusieurs thèmes économiques et géopolitiques pourraient peser sur un climat jusqu’ici conciliant et servir de leviers stratégiques de négociation. Parmi eux figurent les restrictions dans le secteur technologique, les pratiques commerciales de Pékin ainsi que les importations chinoises de pétrole russe.
Des accords commerciaux soutiennent les pays émergents
En août, plusieurs pays émergents ont conclu un accord commercial avec les États-Unis, offrant une meilleure visibilité aux entreprises. Cette évolution se traduit dans les indices PMI, qui pourraient avoir passé leur point bas. Le PMI agrégé du secteur industriel des pays émergents a franchi la barre des 50 points en août, indiquant une expansion. Si certains sous-indicateurs comme l’emploi et les commandes à l’exportation restent en retrait, les indicateurs liés à l’économie intérieure sont robustes.
Une expansion malgré les nouvelles taxes mondiales
Le 1er août, D. Trump a annoncé de nouvelles taxes mondiales, entrées en vigueur le 7 août. Pour de nombreux pays émergents, le bilan est moins mauvais que prévu. Des pays comme la Corée du Sud, le Vietnam, l’Indonésie, les Philippines, la Malaisie et la Thaïlande ont obtenu de nouveaux accords commerciaux avec Washington. Même si les concessions restent largement unilatérales, elles ont réduit les pourcentages menaçants brandis en avril. À l’avenir, la plupart des pays émergents devraient faire face à des droits de douane entre 10 % et 20 %, un poids jugé supportable.
Une meilleure visibilité favorise l’investissement et la consommation
Ce cadre douanier plus stable se reflète dans les dernières enquêtes auprès des entreprises. Le ralentissement de la demande américaine est compensé par une solide conjoncture intérieure et par le repli de l’inflation, qui renforce le pouvoir d’achat et stimule la consommation. La baisse des pressions inflationnistes s’explique notamment par l’appréciation des devises émergentes face au dollar et par des importations chinoises avantageuses. Plusieurs pays émergents ont réduit leurs taux dès la mi-2023, et les effets se font désormais sentir : l’investissement et la consommation repartent, avec des PIB en progression.
Des tensions politiques dans plusieurs pays émergents
La situation reste agitée sur le plan politique. Au Brésil, la condamnation de Jair Bolsonaro à 27 ans de prison pourrait raviver les tensions avec Washington, qui a déjà imposé des droits de 50 % pour des raisons politiques. En Indonésie, le limogeage de la ministre des finances mine la confiance des investisseurs face au programme budgétaire populiste du président Prabowo Subianto. L’Inde est quant à elle confrontée à une pression douanière américaine accrue, avec des négociations en cours et une demande de Washington pour une taxe punitive de 100 % sur ses importations.
La Chine face à la fin de la spirale déflationniste
Depuis le début du second semestre, les données conjoncturelles chinoises déçoivent. Les exportations restent robustes, en hausse de 4,4 % en août malgré des taxes américaines de 40 %. Le ralentissement provient surtout de la correction immobilière et de la campagne « anti-involution » visant à réduire les surcapacités et à stabiliser les prix dans des secteurs comme l’acier, la chimie, le ciment, les véhicules électriques et l’énergie solaire. Si ces mesures pèsent à court terme sur l’investissement industriel, elles pourraient à long terme consolider les entreprises rentables. En août, pour la première fois depuis neuf mois, les prix à la production n’ont pas reculé. Le secteur high-tech conserve une forte dynamique de croissance et reste au cœur de la stratégie économique chinoise.
Réorientation géopolitique possible pour l’Inde
L’Inde demeure l’économie à la croissance la plus rapide au monde, avec un PIB en hausse de 7,8 % au 2e trimestre contre une prévision de 6,8 %. Le secteur tertiaire reste le moteur principal, tandis que l’industrie peine à réellement décoller. L’espoir d’un essor industriel via la stratégie « Chine+1 » se heurte encore à des freins réglementaires. Les récentes taxes américaines de 50 % sur les importations indiennes accentuent la pression, notamment face à des concurrents comme le Vietnam. La rencontre entre Narendra Modi et Xi Jinping pourrait marquer un rapprochement sino-indien, ouvrant la voie à de nouveaux investissements chinois. Si les perspectives économiques restent positives, le risque existe que l’Inde se détourne de l’Occident au profit de régimes plus autoritaires.
Exrait des perspectives Swiss Life AM Octobre 2025 Swiss Life AM
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