“La Chine et les États-Unis s’affrontent sur les taxes” Marina Garlatti, Tailor AM

Les nouvelles taxes américaines ont agité les marchés
On va revenir un peu sur ce qui s'est passé depuis une semaine, une semaine agitée pour le moins.
Oui, on a eu la semaine dernière toute une série d'annonces sur les droits de douane. On a d'une part un droit de douane par défaut de 10% qui sera appliqué sur toutes les importations américaines, et d'autre part une surtaxe imposée à de nombreux partenaires commerciaux. Alors là, le chiffre est très variable, calculé selon le déficit commercial du pays avec les États-Unis. Par exemple, on a 20% de surtaxe sur l'Union européenne. Il y a une clause d'ajustement qui est prévue sur ces droits de douane, donc ils pourront être augmentés en cas de mesure de rétorsion des pays ciblés, et ils pourront être réduits si jamais les pays coopèrent. Donc là, on entre dans une période de négociation et ou d'escalade des tensions. Pour le moment, il y a une cinquantaine de pays qui ont débuté une démarche de négociation, le Japon par exemple. L'Union européenne est en train de préparer sa réponse, elle n'exclut pas de mesures de rétorsion pour le moment, et on a des pays qui ripostent clairement, la Chine, qui a répondu en faisant également passer ses droits de douane sur les produits américains à 34 %. En réponse, les États-Unis ont augmenté de 50 points supplémentaires les droits de douane sur la Chine, ce qui les fait passer à 104 %, ce qui est absolument énorme, et ça laisse finalement aucune place à la discussion. Et c'est, je pense, une des raisons de la baisse des marchés d'aujourd'hui.
Quelles sont un peu les conséquences pour les marchés et pour l'économie à plus long terme ?
Avec ces mesures-là, on a un taux moyen de droits de douane appliqué par les États-Unis qui va passer de 2,3 % avant l'élection de Donald Trump à plus de 20 % aujourd'hui. Donc c'est une vraie rupture, c'est un niveau qu'on n'a pas observé depuis un siècle. Évidemment, ça aura un impact inflationniste, mais ça aura aussi un impact récessif. Et ça, ça commence à heurter la confiance des ménages. Donc attention à l'impact sur la consommation, qui est quand même un moteur clé de l'économie américaine. Ça commence à heurter aussi la confiance des entreprises. On a eu la semaine dernière l'ISM manufacturier qui est sorti en zone de contraction. Hier, l'indice de confiance des PME américaines qui était en net recul. Et donc cet aspect récessif, est intégrée aujourd'hui par les marchés, enfin commence à être intégrée en ce moment. On a une volatilité extrêmement élevée, que ce soit sur les actions ou sur les taux. Par exemple, sur la journée de lundi, le VIX a atteint 60 en intraday, ce qui est vraiment très élevé, et le 10 ans US est passé de 3,85 à 4,15, le taux 10 ans US. Donc oui, forte volatilité, on a un dollar qui est impacté aussi et qui perd en quelque sorte son statut de valeur refuge, donc une période vraiment pas évidente sur les marchés.
Comment est-ce que vous vous positionnez chez Tailor dans ces périodes compliquées ?
Je dirais que le maître mot, ça reste la prudence. On est sous-pondérés sur la partie action. On a d'ailleurs profité du rebond d'hier pour continuer d'alléger un peu notre exposition, notamment sur les États-Unis. C'est vrai qu'après une telle baisse, la question légitime, c'est quand est-ce qu'on rachète ? Ça nous paraît trop tôt, effectivement les valorisations deviennent attractives, mais l'évolution des marchés dépend fortement des annonces de Donald Trump. Puis le marché réagit vite, on a vu le retournement lundi par exemple sur la rumeur d'une pause de 90 jours. Donc il y a un côté totalement imprévisible. On voit peu de catalyseurs à court terme, sauf si Trump revient en arrière, mais c'est très peu probable. Il a encore annoncé hier qu'il allait taper fort sur la pharma. D'ailleurs, Sanofi perd 5% ce matin. Donc oui, prudence sur les actions. Sur la partie obligataire, on est plus à l'aise sur l'Europe. La BCE a plus de marge de manœuvre pour agir grâce à un risque inflationniste qui reste plus mesuré qu'aux États-Unis.
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