Les conséquences économiques et boursières d’un euro faible contre le dollar (Dorval AM)

L'euro sous pression face aux menaces commerciales de Donald Trump
Les déclarations de Donald Trump sur le commerce ont fortement influencé le taux de change de l’euro contre le dollar, le rapprochant de son record de sous-évaluation atteint en 2022 en termes d’écart à la parité de pouvoir d’achat. Bien que cette situation ne se traduise pas par un gain significatif en compétitivité macroéconomique pour la zone euro, elle constitue un soutien important aux bénéfices des grandes multinationales européennes.
À la hausse comme à la baisse, l’euro réagit aux annonces et prises de position de l’ancien président américain. Cette flexibilité du taux de change représente un avantage, jouant un rôle d’absorbeur de choc face aux incertitudes économiques et commerciales. Actuellement, par rapport à sa parité de pouvoir d’achat, estimée à 1,4 USD par l’OCDE, l’euro est sous-évalué de 27 % contre le dollar. Cette situation semble particulièrement favorable à la compétitivité-prix des entreprises européennes sur le marché international.
Une sous-évaluation conjoncturelle et partiellement structurelle
Cette sous-évaluation est bienvenue à un moment où la zone euro traverse une période de fragilité économique. Le taux de change reflète l’écart de conjoncture entre les deux régions, ainsi que l’écart de taux d’intérêt qui pourrait s’accentuer en 2025. En effet, la BCE devrait poursuivre sa baisse des taux, tandis que les attentes restent plus incertaines concernant la politique monétaire de la Réserve fédérale américaine (Fed).
Cependant, cet écart quasi-record par rapport à la parité de pouvoir d’achat doit être relativisé. Il résulte en partie du choc des termes de l’échange observé en 2021 et 2022, lors de la réouverture post-Covid et de la crise énergétique en Europe, causée par la rupture d’approvisionnement en gaz russe bon marché. Bien que ce choc ait été partiellement absorbé depuis, ses effets continuent de peser sur la monnaie européenne, ce qui plaide en faveur du maintien d’un euro faible à moyen terme.
Une compétitivité-prix qui dépasse le seul taux de change euro-dollar
Le taux de change euro-dollar n’est qu’un élément parmi d'autres dans l’évaluation de la compétitivité-prix de la zone euro, les États-Unis ne représentant que 15 % du commerce extérieur de biens de la zone euro (18 % des exportations et 11 % des importations). Pour une analyse plus complète, il convient d'observer le taux de change effectif réel, qui prend en compte le poids des principaux partenaires commerciaux ainsi que les différentiels d’inflation.
Ce dernier se situe actuellement 5 % en dessous de sa moyenne historique, illustrant une stabilité globale de l’euro. En effet, si la monnaie européenne est fortement sous-évaluée face au dollar, au yuan chinois et au zloty polonais, cette situation est contrebalancée par une nette surévaluation face au yen japonais, aux devises scandinaves et, dans une moindre mesure, à la livre sterling.
Ainsi, bien que l’euro affiche une sous-évaluation marquée contre certaines devises clés, son impact sur la compétitivité globale de la zone euro reste modéré grâce à l’équilibre des variations face aux autres monnaies.
L’euro faible : un moteur de croissance pour les bénéfices des multinationales européennes
Si la zone euro ne bénéficie pas d’une forte impulsion macroéconomique liée à son taux de change, les grandes entreprises européennes cotées en bourse tirent, en revanche, un avantage significatif de la faiblesse de l’euro.
En effet, si les exportations de la zone euro vers les États-Unis ne représentent que 3 % du PIB, les ventes américaines des multinationales européennes pèsent bien plus lourd dans leur chiffre d’affaires global. Pour les sociétés composant l’EuroStoxx 50, ce pourcentage atteint en moyenne 20 %.
Dans ce contexte, la nette sous-évaluation de l’euro face au dollar en termes de parité de pouvoir d’achat constitue un atout majeur pour ces entreprises. En gonflant leurs bénéfices lorsqu’ils sont convertis en euros, cette situation soutient également la performance des marchés actions européens, rendant les entreprises exportatrices particulièrement attractives pour les investisseurs.
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