À quelle distance sommes-nous des taux d’intérêt « neutres » ? (Schroders)

17 septembre 2025, James Bilson, stratégiste obligataire au sein de l’équipe Global Unconstrained Fixed Income de Schroders, partage sa dernière analyse sur les marchés obligataires mondiaux et les choix d’allocation de l’équipe.
Pour une banque centrale, déterminer le taux d’intérêt « neutre » est une étape essentielle – mais théorique – de sa stratégie monétaire. Ce taux représente, en théorie, le point d’équilibre où les taux ne freinent ni ne stimulent l’activité économique. Il dépend de multiples facteurs comme la productivité ou la démographie.
Comme il est difficile de connaître précisément ce niveau neutre, ce qui importe pour les marchés obligataires est surtout la perception des banques centrales : à quel point pensent-elles être proches de ce seuil ?
En effet, une banque centrale qui estime avoir atteint la neutralité réagira différemment aux nouvelles données économiques qu’une institution qui se considère encore en territoire restrictif.
Conséquences pour les marchés obligataires
La Banque centrale européenne (BCE) estime déjà avoir atteint un taux de politique monétaire neutre, après avoir divisé par deux ses taux directeurs depuis le début du cycle d’assouplissement mi-2024.
Les marchés anticipent que la Réserve fédérale américaine (Fed) atteindra, elle aussi, ce niveau neutre dans les prochains trimestres. De notre côté, nous ajustons également notre position sur la duration (sensibilité aux taux) à « neutre ». Les prix actuels des obligations reflètent déjà ce scénario, ce qui incite à la patience.
Scénarios économiques pour fin 2025
À l’approche du dernier trimestre 2025, nous continuons de privilégier le scénario d’atterrissage en douceur (soft landing) avec une probabilité de 60 %. Les risques restent néanmoins orientés à la baisse :
- 30 % de probabilité d’un atterrissage brutal (hard landing), qui impliquerait que la Fed abaisse ses taux d’ici fin 2026 sous 3 %,
- 10 % de probabilité d’absence d’atterrissage (no landing), où les taux resteraient restrictifs, au-delà de 4 %.
Il faut toutefois comparer cette analyse économique avec ce qui est déjà intégré dans les prix obligataires pour évaluer le couple risque/rendement des positions de portefeuille. Les rendements des Treasuries américains ayant déjà reculé (les rendements évoluent à l’inverse des prix), nous estimons qu’environ 50 % du scénario de hard landing est déjà pris en compte. Le marché nous semble donc correctement valorisé, mais il n’y a pas lieu de se précipiter : nous attendons de meilleures opportunités.
Emploi américain : ralentissement ou récession ?
Le marché du travail américain stagne depuis plusieurs mois. Pour les actifs cycliques (crédit, actions), ce ralentissement, combiné à une politique monétaire plus souple, n’a pas posé de problème jusqu’ici. Une détérioration plus marquée serait en revanche préoccupante.
Nous ne prévoyons pas de récession du marché du travail. Selon nous, ce coup de frein reflète surtout un climat d’incertitude qui incite les entreprises à différer aussi bien les embauches que les licenciements. Lorsque cette incertitude se dissipera, nous anticipons une stabilisation, mais pas de rebond spectaculaire.
Pourquoi ne pas baisser davantage les taux ?
Le mois dernier, nous estimions déjà que la BCE n’avait guère besoin d’assouplir plus sa politique. Depuis, notre analyse n’a pas changé et la récente conférence de presse de Christine Lagarde montre que le Conseil des gouverneurs partage de plus en plus cette position.
Nous pensons que les rendements de la zone euro pourraient encore progresser légèrement, les anticipations de nouvelles baisses de taux étant progressivement retirées, et que la courbe pourrait se pentifier (hausse relative des rendements à long terme) en raison d’un déséquilibre offre/demande sur les maturités longues.
Allocation d’actifs : rester sélectif
Nous conservons une position prudente sur le crédit d’entreprise, qu’il soit investment grade ou high yield. Les fondamentaux restent solides, mais les valorisations sont élevées. Un affaiblissement du marché offrirait des opportunités d’achat, mais pour l’instant, nous préférons rester en attente.
Nous voyons en revanche de meilleures opportunités dans :
- les MBS d’agences (titres adossés à des créances hypothécaires),
- les covered bonds (obligations sécurisées de qualité élevée),
- la dette des marchés émergents, en devises locales ou libellée en euros.
Par Schroders
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