Fonds datés ou fonds ouverts, que choisir ? Romain Gobert (Groupe La Française), Thomas d’Hauteville (La Financière d'Hauteville) et Antoine Cauchy (Treeefle Gestion Privée)
Romain Gobert, Directeur Commercial Distribution Externe du Groupe La Française répond aux questions d'Antoine Cauchy, Co-Fondateur de Treeefle Gestion Privée et Thomas d'Hauteville, Fondateur de la Financière d'Hauteville. Voir la video complète
Fonds ouverts contre fonds à échéance ou datés : nous en avons beaucoup parlé ces derniers temps, à l'heure où les taux étaient à la hausse.
Fonds ouverts vs fonds à échéance ou datés, que faire dans un environnement de taux radicalement différent ?
Antoine Cauchy : Je reviens sur un sujet qui est régulièrement abordé chez La Française : vous avez été des pionniers historiquement sur la partie fonds datés. Maintenant, vous mettez davantage l'accent sur les fonds ouverts. C'est la fin des fonds datés ? C'est toujours la même guéguerre ? Aujourd'hui, est-ce la fin des fonds datés ?
Romain Gobert : C'est vrai que c'est se tirer une balle dans le pied de dire que c'est la fin des fonds datés. En fait, il y a deux sujets entre les fonds ouverts et les fonds datés. Je pense qu'aujourd'hui, nous sommes mieux positionnés sur un fonds ouvert. Mais la vraie raison, c'est que les fonds datés, je pense qu'en compte-titres, cela peut encore avoir du sens, mais en assurance-vie, avec ce qui se passe et ce que les assureurs peuvent proposer sur leur fonds en euros avec des taux boostés, prendre le risque sur un fonds à échéance avec un rendement qui est presque équivalent à ce qu'on peut retrouver chez les assureurs en fonds en euros, je ne suis pas sûr qu'il faille prendre ce risque. Je pense qu'il faudrait entre 100 et 150 points de base de plus que le fonds en euros pour justifier le risque High Yield. Donc, en compte-titres, je dirais oui, cela a encore du sens sur le fonds à échéance. En assurance-vie, je dirais plutôt fonds ouverts, car : nous pourrons bénéficier des inefficiences du marché, bouger un peu plus la duration, qui est un élément très important. Vu le contexte de marché, je pense qu'il va y avoir une baisse des taux, et des rappels anticipés d'obligations à venir dans les fonds à échéance. Donc forcément, il y aura un effritement du rendement au fur et à mesure du temps sur les fonds à échéance, ce qui n'arrivera pas forcément avec un fonds ouvert où nous pourrons mieux piloter l'allocation crédit.
Le marché et les fonds datés n'incitent-ils pas à accepter des notations plus basses pour maintenir le rendement ?
Thomas d'Hauteville : Justement, par rapport au contexte du marché et notamment aux fonds datés, le risque aujourd'hui n'est-il pas d'aller chercher des notations trop basses pour essayer de conserver un niveau de rendement suffisant, à la fois pour vous et pour les clients finaux ?
RG : C'est tout à fait vrai et c'est d'ailleurs pour cela que les fonds datés se concentrent plutôt sur des entreprises de la vieille économie, plutôt industries lourdes, automobiles, etc. Cela peut être beaucoup plus impacté, car ce sont des valeurs plutôt cycliques, donc elles risquent d'être davantage affectées à terme par les enjeux économiques et politiques, notamment en Europe. C'est pour cela qu'aujourd'hui, le fonds que nous proposons, le fonds ouvert La Française Crédit Innovation s'appuie sur les 25 % du marché High Yield global. Il cible des sociétés innovantes High Yield, qui seront les pépites de demain, et les Investment Grade de demain. Nous nous concentrons donc sur un High Yield bien noté, qui devrait moins souffrir des conditions économiques à venir. Nous en parlerons davantage dans la troisième partie de cette émission.
AC : Romain, je reviens un peu à ce match. Les fonds datés ont toujours été présentés comme des fonds patrimoniaux qu'on pourrait détenir en fond de portefeuille. Au final, on se rend compte qu'il y a toujours un peu de market timing associé à ce type de fonds. N'y a-t-il pas une antinomie à présenter ainsi les fonds datés ?
RG : Nous avons une date d'échéance que nous respectons plus ou moins jamais sur la durée d'investissement. Le fonds daté, au départ, était pensé pour un rendement à échéance. Et en fait, nous avions cette visibilité sur le rendement. Cela fait un certain temps, à La Française, que nous avons cessé de raisonner ainsi. D'ailleurs, c'est pour cela que nous proposons même des simulations avec des atterrissages de valeur liquidative afin de bien faire comprendre aux investisseurs qu'il faut privilégier une logique de valeur liquidative plutôt que de rendement. Et je pense que, demain, avec tout ce qui se passe, notamment la baisse des taux à venir, ce que nous vous proposons aujourd'hui comme fonds à échéance et ce que nous proposons aussi à La Française en termes de rendement porté, il faut savoir qu'il y aura certainement un effritement du rendement d'ici l'échéance. C'est pour cela qu'aujourd'hui, je pense qu'il y aura davantage à gagner en termes de performance avec un fonds ouvert flexible crédit ou un fonds thématique crédit, ayant un focus sur une allocation particulière, plutôt que d'investir dans un fonds à échéance global.
TH : À titre personnel, vous avez déjà effleuré le sujet, mais concrètement, êtes-vous plutôt favorable aux fonds obligataires flexibles ou aux fonds datés ?
RG : Effectivement, il y a deux solutions, selon moi, sur le marché du crédit. Soit un fonds obligataire flexible, qui peut avoir du sens, où le gérant essaiera de trouver toutes les opportunités pour générer de la performance sur le marché du crédit. Soit un fonds long-only avec plusieurs thématiques au sein du fonds, incluant un biais croissance, qui profitera de la baisse des taux avec peut-être une sensibilité accrue. Ce type de fonds aurait une duration plus élevée en fonction des éléments de marché et de la courbe des taux. Je pense que c'est ainsi qu'il faut pour une allocation crédit.
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