« Les foyers de croissance se concentrent sur quelques segments » (Covéa Finance)

Les secteurs stratégiques et ceux qui favorisent l’automatisation restent attractifs. Il en est de même pour les petites et moyennes capitalisations. Les Etats-Unis restent soutenus par des avantages compétitifs majeurs.
Jacques-André Nadal, Directeur Adjoint des Gestions, Covéa Finance
Quelle est votre vision du monde à l’approche de la fin de l’année 2025 ?
L’environnement concurrentiel mondial s’intensifie. Nombre de pays émergents s’érigent en concurrents directs des pays développés et peuvent se fédérer, parfois, en blocs puissants, à l’image du développement de l’organisation BRICS+. Par ailleurs, les évènements, tels que le Covid-19 ou le conflit en Ukraine, ont rappelé aux pays occidentaux leurs dépendances et leurs fragilités. Chaque pays veut se réindustrialiser et relocaliser les industries stratégiques. Les investissements et les dépenses se concentrent sur ces secteurs qui entretiennent la croissance des économies. Leur corollaire est un endettement et des coûts de financement en augmentation. Enfin, les Etats se protègent en instaurant normes, règlementations et barrières à l’entrée.
Quelles sont les conséquences des évolutions de ce monde qui apparaît moins coopératif, plus régional ?
La première est une concurrence accrue pour l’accès aux ressources de tous ordres. Les ressources naturelles sont essentielles pour maîtriser les chaînes d’approvisionnement des secteurs stratégiques tels que la technologie, la défense ou l’énergie. La présence de compétences humaines en capacité d’accompagner localement l’essor de ces industries est également un prérequis. Enfin, capter les ressources financières est un impératif pour financer des besoins immenses des sphères publiques et privées. Une autre conséquence, dérivée en partie de la première, est l’installation d’une inflation persistante. Celle-ci réduit les marges de manœuvre des banques centrales qui maintiennent des conditions de financement restrictives.
Le poids des Etats et du politique augmente. Comment cela impacte-t-il les entreprises ?
La remise en cause du libre-échange et du multilatéralisme modifie en profondeur le fonctionnement du commerce mondial. Les entreprises, qui avaient optimisé leurs chaînes de valeur pour profiter de la mondialisation, doivent désormais adapter leurs modèles d’affaires. Les distorsions de concurrence se multiplient et les coûts des intrants exercent une pression forte sur les marges. Elles investissent donc pour reconstruire des filières de fournisseurs résilientes et compétitives, repenser l’organisation de leurs outils de production pour qu’ils restent concurrentiels, et doivent continuer de trouver de nouveaux débouchés. Dans ce nouvel environnement, les avantages dont jouissaient les sociétés multinationales par rapport aux acteurs plus domestiques semblent moins pertinents.
Quelles en sont les conséquences pour les marchés financiers ?
L’inflation persistante s’ajoute à une hausse généralisée de l’endettement et à une montée des risques politiques dans de nombreux pays, contraints, par une dette élevée, de réaliser des arbitrages douloureux. Les pressions sur les parties longues des courbes de taux sont donc fortes. Par ailleurs, pour les entreprises, la hausse des coûts des intrants, les investissements nécessaires décrits, combinés à la hausse du loyer de l’argent et une augmentation de la fiscalité rendue nécessaire par les besoins de financement des Etats, génèrent une plus grande volatilité des résultats des entreprises et donc des cours de bourse. Enfin, les foyers de croissance se concentrent sur quelques segments, alors que les autres pans des économies subissent les conséquences négatives de ces évolutions, ce qui se traduit par une forte concentration des performances.
Quels sont les points clés de votre stratégie d’investissement ?
La trajectoire des marchés devrait rester heurtée, soumise aux aléas des décisions politiques et des rapports de force géopolitiques ainsi qu’aux effets de bord de la concentration des flux. Cela offrira à nouveau des opportunités mais requiert diversification et réactivité. Sur les bourses, les secteurs stratégiques ainsi que ceux qui favorisent l’automatisation restent attractifs. Il en est de même pour les petites et moyennes capitalisations dont les désavantages relatifs s’estompent. L’attractivité des Etats-Unis reste soutenue par des avantages compétitifs majeurs. L’Europe avance au travers d’initiatives individuelles, mais le risque politique et la difficulté à déployer une stratégie commune sont sources de volatilité. Concernant les marchés de taux, la pentification des courbes se poursuivra et pourrait offrir des points d’entrée sur les dettes souveraines.
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