« La patience et la sélectivité sont essentielles sur ces marchés » (Natixis IM, Version Patrimoine, Lumnis Gestion Privée)

À l’occasion de Patrimonia 2025, Gad Amar, Head of Western Europe Distribution chez Natixis Investment Managers, a répondu aux questions d’Yves Mazin, Gérant de Version Patrimoine et d’Alexandre Mazzuca, Directeur Général délégué de Lumnis Gestion Privée. Quelle classe d’actifs privilégier ? Comment expliquer la tenue du marché américain ? Les valorisations permettent-elles de rentrer sur ces marchés ? Quelle est l’offre de Natixis en Private Equity ?
Yves Mazin : La première question, c'est la rentrée. Nos clients rentrent de vacances. Effectivement, on a parlé du climat géopolitique. Les marchés sont chers. Ils ne baissent pas alors que tout devrait les faire baisser. Quelle classe d'actifs, vers quoi aller ? C'est la question de la rentrée que nous posent nos clients.
Gad Amar : Yves, merci de poser cette question, qui est une question que l'on a pu voir de la part de beaucoup de nos partenaires. Et il est vrai que, déjà, peut-être pour la repositionner, ce qui est surprenant, et je serais curieux d'avoir votre ressenti aussi à tous les deux, c'est que nos partenaires, conseillers en gestion de patrimoine, nous ont dit qu'ils étaient plus conservateurs que leurs clients. Et je pense que ça dénote une certaine appétence au risque que l'on constate encore à ce jour. Je ne sais pas ce que tu en penses.
YM : Je te le confirme, aujourd'hui, quand on a du cash qui arrive, on met une partie en attente.
Une prudence face à des marchés insensibles aux tensions géopolitiques
Alexandre Mazzuca : Je le confirme également. On incite certains clients à la prudence. Justement, ça a peut-être amené à ma question. On a l'impression que les marchés sont complètement hermétiques aux événements géopolitiques, sociaux, écologiques aussi, et que seul le président américain Trump peut faire vaciller, bouger les marchés. Quel commentaire peux-tu faire à ce sujet ?
GA : On ne peut qu'aller dans le même sens de ce que tous les deux vous observez auprès de vos clients et qu'on voit avec tous nos partenaires, c'est cette volonté d'être un peu plus prudent que les clients finaux. Et quelque part, en fait, ce qu'on observe, c'est que les marchés, pendant tout l'été, on pensait qu'il y aurait une correction. Pas réellement de correction. Des marchés plus ou moins flats, mais pas de correction. Une appétence qui était au début sur l'Europe, qui est en train de rebasculer vers les États-Unis. Un allongement des durations dans les portefeuilles obligataires. Et donc, on constate à peu près la même chose. C'est-à-dire une appétence au risque et le besoin d'être plus conservateur que ses clients pour, évidemment, les protéger.
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Un marché actions américain au cœur des débats
AM : Je reprends la parole parce que, justement, pour les clients qui souhaiteraient quand même s'investir sur les marchés actions, on a cette impression qu'ils sont un peu au plus haut depuis trois ans maintenant, qu'il y a des fortes valorisations, survalorisations, notamment marché US ou tech. Peux-tu me donner ton avis sur ce fameux marché actions ?
GA : Alors, sur le marché actions États-Unis, évidemment, c'est une vraie question parce qu'on avait vu au début d'année, si tu te souviens, au début, nos partenaires, nous compris, on voyait un Trump put. Tout le monde disait que c'était formidable. Puis Libération Day, on s'est retrouvés avec une inquiétude majeure. Et puis, finalement, on a vu des allocations sur l'Europe au niveau des actions. Et puis là, depuis la fin de l'été, un regain d'intérêt. Il est vrai que pour ce qui concerne l'offre de Natixis, comme on est en gestion active, une des stratégies que nous mettons en avant, qui est chez Loomis, vraiment du stock-picking pur, et ça marche très, très bien. Mais c'est vrai que, de manière générale, on voit une appétence à nouveau sur les actions américaines qui traduit aussi probablement le différentiel de croissance que l'on observe toujours et que nous ne voyons, malheureusement pour nous, pas en France en tout cas. Et je ne sais pas ce que vous observez aussi, mais c'est tous les deux. Mais en tout cas, c'est quelque chose que nous, on a pu voir depuis le début de la rentrée.
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L’importance d’une allocation diversifiée et progressive
YM : En tant que conseiller, on essaye d'avoir une vision beaucoup plus long terme que ces mouvements de marché. On essaye d'avoir des allocations un peu balancées, diversifiées. Au sein du cabinet, on est revenus sur l'Europe en octobre l'année dernière, un tout petit peu trop tôt. C'est ça qui est toujours un peu compliqué. Le seul moyen d'accompagner le client, c'est de lui dire qu'il faut regarder à long terme. Et ce sont des équilibres entre grand pays, grosse capi, petite capi. On a la tentation, tout d'un coup, de bouger. Le vrai sujet, enfin je ne sais pas si c'est comme ça que tu vis, c'est quand on a des nouveaux clients qui arrivent. Eux sont acheteurs et c'est nous qui sommes les deux pieds sur le frein. La seule réponse qu'on a trouvée, c'est l'investissement progressif.
GA : C'est sans doute une des meilleures stratégies, ce que le gérant de notre fonds, sur le fonds US Growth notamment, dit. C'est le temps dans le marché qui va, quelque part, récompenser la patience des investisseurs. Et ce qu'on voit, sur toutes les périodes de 5 ans que l'on peut prendre, sur cette stratégie notamment, c'est du pur stock-picking, les clients gagnent de l'argent. Donc, c'est la patience. Donc, je peux abonder dans ton sens. C'est la stratégie à faire. Il faut être patient, accompagner les clients, probablement les freiner dans l'entrain dans des moments pour pouvoir rentrer au meilleur moment. Absolument. Et patience, ce n'est pas évident pour des clients qui vivent dans une société où tout va toujours plus vite, où il faut aller vite. Donc, la patience pour l'épargne, le rendement, c'est le maître mot, je dirais aujourd'hui.
Le Private Equity, une diversification sous conditions
YM : Le Private Equity, alors c'est vrai qu'une des tentations dans la diversification, c'est d'essayer d'autres classes d'actifs. Et la vertu du Private Equity, c'est de ne pas être coté. Et donc, on s'abstrait de la volatilité des marchés. Sur le Private Equity, moi, j'ai quand même une inquiétude. Un des moteurs du Private Equity, c'est quand même le levier de la dette. Les taux ont remonté. Et surtout, il y a eu énormément de flux qui sont allés vers le Private Equity. De façon un peu simpliste, j'ai envie de dire, est-ce que ce n'est pas trop tard ?
GA : C'est une très bonne question que tu poses, Yves. Et je pense que tu évoquais la prudence qu'Alexandre et toi avez pour le compte de vos clients. Je pense qu'il faut surtout choisir les stratégies qui vont être d'abord éprouvées dans le temps. Nous, avec Flexstone, par exemple, on a pris deux ans pour construire une stratégie et notre objectif était d'apporter une qualité institutionnelle au grand public. Donc on l'a fait via un FCPR. Mais plus important que le véhicule, c'est de s'assurer qu'il y ait cette adéquation et ce temps dans les marchés. Parce qu'effectivement, le Private Equity, tu as raison, il n'y a pas de valorisation au jour le jour. Mais ça ne veut pas dire que les entreprises vivent dans un monde parallèle. Elles suivent les cycles économiques. Et donc c'est pour ça que le choix du partenaire avec lequel on fait le Private Equity est clé. Et donc effectivement, il faut vraiment s'assurer d'avoir la bonne stratégie et de la patience là aussi.
Une stratégie de Private Equity pour le marché retail
AM : Merci, Gad. Justement, dans le prolongement, le Private Equity, on l'a dit, est en plein essor. Il touche maintenant le marché retail depuis quelques années. Comment Natixis va se distinguer justement sur ce marché ?
GA : Là encore, notre objectif est d'apporter à nos clients une stratégie qui aura la même qualité de gestion que ce que l'on fait pour nos clients institutionnels. On ne veut pas baisser de gamme sous couvert de se dire on va faire un véhicule retail. C'est absolument pas notre approche. À ce titre, on s'est assurés dans ce fonds qui va avoir du primaire, du secondaire et du co-invest, d'avoir la même qualité de gestion, la même exigence. Et à partir de là, il faut être un petit peu plus, il y aura plus de cash, ça, c'est la réglementation qui nous l'impose, mais les clients qui vont rentrer dans ce fonds auront une véritable expérience de Private Equity et on ne veut pas que le rendement qu'ils attendent soit complètement dilué par un excès de cash. Effectivement, ça va s'adresser à une clientèle qui est capable de comprendre qu'il faut être patient, qu'il faut attendre et qu'il faut accepter que c'est un peu moins liquide. On ne veut pas faire un faux produit de Private Equity.
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Des allocations de long terme pour accompagner les clients
YM : Oui, parce que venir à Patrimonia, c'est le plaisir de se retrouver. Mais on aime bien repartir de Patrimonia avec quelques idées. Pour que la question ne soit pas trop bizarre ou sans réponse. Aujourd'hui, moi, je vais repartir dans mon bureau. Enfin, plutôt demain, je vais repartir dans mon bureau et j'ai deux types de clients qui vont arriver. J'ai des clients qui ont du stock aujourd'hui. Et je me dis qu'est-ce que je peux leur proposer comme idée, on va dire à 3-5 ans. Raisonnons pas sur le court terme parce que la météo est trop changeante. Et pour des clients qui viendraient pour la première fois, pareil, sur une stratégie à 3-5 ans, est-ce que c'est les mêmes produits, les mêmes classes d'actifs ?
GA : Je pense que c'est une excellente question. Pour nous, les stratégies que l'on propose sont des stratégies dans le temps. Effectivement, on peut très bien, en fonction d'un environnement de taux, par exemple, si on n'a pas parlé de gestion obligataire depuis le début de cette discussion, c'est quand même un des piliers d'une allocation d'actifs. Et il faut, en fonction de l'environnement de taux, choisir plus ou moins du court terme. Là, on voit des taux qui commencent à baisser. Il faut peut-être allonger un petit peu. Et donc, peut-être que c'est ce genre de stratégie qu'il faut avoir en tête. Maintenant, sur le très long terme, je pense que les trois blocs dont on a parlé, il est impossible d'ignorer les actions américaines. Le Private Equity, ça va apporter une grande diversification dans le temps pour les porteurs. Et ce sera certainement une amélioration de leur couple rendement-risque et de leur expérience et des rendements qu'ils vont pouvoir obtenir et des objectifs qu'ils pourront réaliser. Donc, pour nous, il faut rester à peu près avec les mêmes verticales et être capables d'accompagner nos clients dans le temps.
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