Le retour en grâce des marchés émergents

À la faveur d’une désaffection pour les actifs américains et/ou libellés en dollars, ces économies suscitent un regain d’intérêt. Parmi leurs attraits, une situation économique et budgétaire plus enviable que celle des pays développés.
Serait-ce la fin d’un cycle ?
À l’évidence, le retour de Donald Trump aux affaires semble avoir refermé une parenthèse où les actifs américains occupaient une place de choix dans les portefeuilles. La guerre commerciale a en effet ouvert une période d’incertitude économique mettant en exergue, de l’autre côté de l’Atlantique, une survalorisation des marchés, une situation déficitaire périlleuse et une surévaluation du dollar. Autant de facteurs qui ont incité les investisseurs à délaisser les actifs du pays de l’Oncle Sam pour se tourner vers d’autres horizons, notamment émergents.
Un alignement des planètes
Dans ce nouveau contexte, « les investisseurs en quête de croissance et d’orthodoxie budgétaire ont considéré les marchés émergents comme une destination d’investissement moins hostile, moins fragile et moins à risque », commente Abdallah Guezour, responsable de la gestion dette émergente et matières premières chez Schroders. Mais une destination surtout plus intéressante. Car ces pays profitent désormais d’un alignement des planètes. « La croissance du PNB des émergents est bien au-dessus de la moyenne des pays développés, avec un écart de 2 à 3 % », souligne Hervé Thiard, directeur général de Pictet AM. À cela s’ajoute une inflation faible au regard de taux d’intérêt qui sont aujourd’hui en moyenne de 7,9 %. Autant dire, un environnement monétaire favorable. Sans parler de finances publiques plus saines. « Alors qu’en déficit les États-Unis ont un profil un peu risqué, l’Inde, l’Asie en général ou certains pays d’Amérique latine, comme le Mexique, s’en sortent bien mieux », pointe Xavier Hovasse, gérant du fonds Carmignac Emergents.
Des opportunités attrayantes
Au-delà de ce cadre, l’affaiblissement du dollar se traduit par une meilleure performance des marchés émergents. À commencer par celui de la dette souveraine. D’autant que « les taux émergents offrent les opportunités les plus attrayantes en raison de rendements réels élevés, d’une inflation maîtrisée, d’une dynamique budgétaire nettement plus favorable que dans les économies développées », précise Abdallah Guezour. Le marché de crédit pour les entreprises n’est pas en reste. « Il affiche de bons rendements avec des perspectives de croissance attrayantes et, dans ces conditions, un risque de défaut faible », détaille Hervé Thiard. Les marchés actions ne manquent pas d’attrait non plus avec certains leaderships et de faibles valorisations. « Les perspectives de croissance suggèrent une révision à la hausse des prévisions de bénéfices au cours du second semestre, de l’ordre de 100 points de base pour l’ensemble des émergents », anticipe Hervé Thiard. Précisément, certains thèmes d’investissement se distinguent particulièrement. En premier lieu, l’IA et les nombreux prestataires des big techs américaines, souvent sous-valorisés (TSMC, Hynix, Samsung…). « La Chine dispose désormais d’entreprises leaders dans leur domaine, que ce soit dans le secteur technologique, des voitures électriques, des batteries ou des énergies renouvelables », souligne Xavier Hovasse.
Par Gaël Vautrin
Numéro Spécial Gestion de Patrimoine 2025 - Challenges & Club Patrimoine
Lire aussi :
Réduction de l’écart : les valorisations du marché indien ouvrent de nouvelles perspectives
Chine : En voie de stabilisation
Dette émergente : bonne ou mauvaise idée ?
Contributeurs
Chaque jour, nous sélectionnons pour vous, professionnels de la gestion d'actifs, une actualité chiffrée précieuse à vos analyses de marchés. Statistiques, études, infographies dans divers domaines : épargne, immobilier, économie, finances, etc. Ne manquez pas l'info visuelle quotidienne !
Ne loupez aucun événement de nos partenaires : webinars, roadshow, formations, etc. en vous inscrivant en ligne.

.webp)




































