La spécialisation continue d’influencer le marché du capital-risque et de la croissance en Europe (IPEM)

IPEM, International Private Equity Market, est le principal facilitateur de relations dans le domaine du private equity à l’échelle mondiale. Les événements IPEM sont mondialement reconnus pour rassembler les investisseurs, allocataires, conseillers et prestataires de services les plus influents de l’industrie. Leur format dynamique favorise l’innovation et façonne le débat dans les marchés privés, tout en mettant en avant la responsabilité ESG. Voici quelques idées clés sur l’investissement climatique issues de nos deux derniers événements.

‍Le capital-risque en Europe : des hauts et des bas

‍L’industrie du capital-risque en Europe tente encore de se stabiliser après une année 2023 morose. Le deuxième trimestre de l’année a été encourageant, avec 15,6 milliards de dollars levés. Cependant, le troisième trimestre a été plus difficile, avec une baisse de plus de 50 % des financements de stade avancé par rapport à l’année précédente. Selon Crunchbase, les financements early-stage pour les start-ups européennes ont diminué de 12 % sur un an. Cela n’a toutefois pas freiné l’appétit des gestionnaires de fonds de capital-risque, plusieurs nouveaux fonds ayant été lancés récemment, notamment Atomico, basé à Londres, qui a levé 1,24 milliard de dollars à travers deux fonds. Côté croissance, Resurge Growth Partners a lancé un fonds de capital-risque de 120 millions d’euros pour soutenir les start-ups européennes et israéliennes.Le capital total en capital-risque pour 2024 est estimé à 18,8 milliards de dollars. Comme mentionné dans le Weekly Spin d’IPEM, l’Union européenne prend des mesures pour combler l’écart d’innovation entre l’Europe, les États-Unis et la Chine. La nouvelle initiative, Trusted Investors Network, verra l’UE collaborer avec des investisseurs en capital-risque européens pour soutenir les investissements technologiques et catalyser la croissance des entreprises spécialisées dans la deep tech. Au total, quelque 71 investisseurs, gérant des actifs combinés de 90 milliards d’euros, ont adhéré à cette initiative.La recherche des meilleures opportunités d’investissement est de plus en plus compétitive, notamment pour les séries A et B, alors que les firmes européennes de capital-risque cherchent à déployer leurs capitaux. Lors du Venture & Growth Summit d’IPEM Paris 2024, on a observé des signes que le marché du capital-risque en Europe devient plus sophistiqué, avec des transactions mieux protégées contre les risques. Les investisseurs consacrent plus de temps aux évaluations, ce qui rallonge les délais de conclusion des transactions. Des instruments de stade avancé comme les bons de souscription d’IPO (Initial Public Offering) sont utilisés pour réaligner les valorisations au moment de la sortie, à mesure que les structures de transactions évoluent.

‍L’influence croissante de l’intelligence artificielle (IA)

‍Les thématiques abordées par les intervenants lors du Venture & Growth Summit ont couvert divers domaines d’investissement, tels que les logiciels de gestion de la chaîne d’approvisionnement, la regtech, les logiciels ESG/de conformité, la healthtech et la cleantech. Bien que les investisseurs en capital-risque s’intéressent de près à l’intelligence artificielle générative, une certaine prudence subsiste. Cela s’explique par le rythme rapide de l’innovation : des modèles de langage étendus (LLM) peuvent devenir obsolètes quelques mois après leur lancement, rendant difficile l’identification des opportunités de monétisation. On s’attend toutefois à ce que la couche applicative de l’IA générative permette de construire des modèles économiques viables, bien que de nombreux risques demeurent.Sans surprise, le thème de l’IA a été central lors du Venture & Growth Summit. Les experts ont exploré l’impact de l’IA sur les entreprises en portefeuille, la manière d’utiliser des outils d’IA propriétaires pour l’analyse de marché, le filtrage et l’amélioration de la valeur après investissement, ainsi que son importance dans des secteurs comme la cybersécurité. Selon Gartner, le marché des logiciels d’IA devrait croître à un taux annuel de 19,1 % au cours des six prochaines années, atteignant 297 milliards de dollars de dépenses mondiales d’ici 2027.Des investisseurs européens de premier plan comme Eurazeo ont soutenu 45 entreprises en phase de croissance, dont 30 figurent parmi les plus grandes licornes européennes. Leur équipe utilise des modèles d’IA en interne pour améliorer le processus d’investissement, du filtrage de données non structurées à la due diligence, en passant par la création de valeur après investissement. Cette approche basée sur les données leur permet de mieux évaluer la performance des entreprises en termes d’efficacité marketing, financière et de croissance.Lors du sommet, il a également été noté que des entreprises multi-stades comme Forgepoint Capital utilisent des outils d’IA pour créer des cartographies de marché propriétaires, notamment des moteurs de requête basés sur l’IA générative. Ces outils agrègent des sources de transactions au-delà de la recherche de marché traditionnelle, identifiant ainsi les entreprises de prochaine génération les mieux équipées pour transformer le marché dans la cybersécurité et l’IA.

‍La spécialisation sectorielle l’emporte sur la spécialisation financière

‍Les intervenants ont souligné la nécessité de stratégies d’investissement spécialisées pour répondre aux attentes croissantes des fondateurs, qui exigent un engagement et une compréhension plus profonds de la part des investisseurs. Dans un secteur comme les technologies logicielles, chaque modèle économique et de revenus a ses propres spécificités. Par exemple, investir dans une entreprise axée sur l’IA présente un profil de risque très différent de celui d’une solution logicielle de gestion de flux de travail plus traditionnelle.Par rapport au capital-risque, les investisseurs jouent un rôle clé en soutenant de nouvelles idées, de nouveaux produits, en réalisant des acquisitions et en conseillant sur des recapitalisations. Cela pousse les investisseurs à se spécialiser davantage par secteur que par finance. Cela ne signifie pas que les gestionnaires de capital-risque n’appliquent pas leur propre expertise sectorielle. CPD Venture Capital, le plus grand gestionnaire de capital-risque d’Italie, illustre bien cette tendance en identifiant des secteurs stratégiques pour l’écosystème italien, comme la technologie spatiale, la robotique et l’industrie 4.0, l’agritech et les sciences de la vie.

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