La tendance haussière des marchés va-t-elle durer ? (Groupe La Française)

Croissance solide, consommation résiliente : les marchés conservent leur dynamique
La période estivale a été favorable pour l’ensemble des actifs risqués. Plusieurs facteurs expliquent cette tendance positive initiée fin avril : des perspectives de croissance en amélioration, moins d’incertitudes liées aux droits de douane, des banques centrales plus accommodantes et des investisseurs jusqu’ici peu investis à la suite du choc de Liberation Day. La question aujourd’hui est de savoir si ces éléments favorables sont toujours en place ou si certains évènements pourraient compromettre cette tendance.
En ce qui concerne la croissance, les prévisions s’améliorent progressivement avec une consommation toujours forte aux États-Unis et une bonne résilience des indicateurs de la zone euro. Certains doutes subsistent toujours sur la rapidité d’implémentation du plan d’investissement allemand mais la tendance ne devrait pas s’inverser. La baisse des prix de l’énergie (en Euro) au cours des derniers mois continue à redonner un peu d’allant aux secteurs manufacturiers européens après trois ans de quasi-dépression.
Aux États-Unis, l’enjeu principal est de savoir comment la consommation va évoluer au cours des prochains mois. La hausse de l’inflation conjuguée à un marché du travail dont la demande faiblit devrait engendrer une baisse de l’inflation salariale réelle à moyen terme. Cela exercerait une pression à la baisse sur la consommation. Rappelons ici deux points qui nous paraissent cruciaux :
En premier lieu, conjointement à une demande de travail en berne, il faut noter que l’offre de travail est elle aussi en forte baisse. Les dernières prévisions de la Fed de St Louis montrent ainsi que seules 32 000 à 82 000 créations de postes par mois sont nécessaires pour maintenir le taux de chômage stable (Lower Immigration Projections Mean Lower Breakeven Employment Growth Estimates). La réforme des Visas H1B devrait encore accentuer ce phénomène.
Le second point à rappeler est que la consommation américaine repose de plus en plus sur les ménages les plus aisés et que ces derniers profitent à plein de la hausse des actifs financiers. Une partie de la population américaine va souffrir de la baisse des salaires réels, mais d’un point de vue purement économique, cela pourrait ne pas avoir d’effets tangibles sur la consommation tant que l’effet richesse reste aussi positif. Ainsi, nous pensons que la consommation américaine peut encore une fois surprendre les sceptiques en s’avérant plus dynamique que prévu.
En revanche, cette baisse de l’offre d’emploi aura à long terme des impacts négatifs sur la croissance potentielle mais il est encore trop tôt pour s’en inquiéter.
Des signaux positifs, mais des risques géopolitiques et de marché à surveiller
La politique de l’administration américaine concernant les droits de douane reste difficile à prévoir comme en atteste la mise en place de droits additionnels de 50% sur les meubles de cuisine et de salle de bain à partir du 1er octobre. Comme en juin, le marché s’est habitué à cette incertitude, tant que les accords entre les principales zones n’évoluent pas, les réactions devraient rester mesurées.
La dynamique d’inflation reste la même qu’avant l’été avec une inflation dans lazone euro en ligne avec les attentes de la BCE et une inflation américaine en hausse progressive. Côté euro, on anticipe des chiffres inférieurs aux attentes à moyen terme (suite à une faible consommation, des effets retardés de la hausse de l’Euro et de la baisse du prix du pétrole) mais à horizon quelques mois il n’y a selon nous pas grand-chose à espérer de la BCE. Outre-Atlantique, la hausse graduelle devrait se poursuivre mais le risque nous semble un peu moins fort qu’avant l’été. En effet, les indicateurs avancés affichent dernièrement un risque inflationniste à la baisse. C’est une bonne nouvelle pour la Fed mais une moins bonne pour les marges desentreprises qui déclarent avoir de plus en plus de difficultés à répercuter les hausses de prix aux consommateurs finaux.
Sur les marchés obligataires, les anticipations de baisses de taux de la Fed nous paraissent optimistes au regard de la dynamique de croissance, mais il est difficile de savoir comment évoluera le rapport de force entre l’exécutif et la Réserve Fédérale. La cour suprême a statué en faveur de Lisa Cook pour le moment mais se prononcera à nouveau en janvier.
Côté géopolitique, les tensions entre la Russie et ses proches voisins augmentent graduellement. Impossible de prédire la tournure que cela prendra, mais actuellement c’est un risque peu (voire pas) pris en compte par les marchés. Le risque de dérapage d’un côté ou de l’autre nous semble aujourd’hui plus fort qu’avant l’été.
Le contexte n’est donc pas très différent d’avant l’été et nos allocations sont logiquement assez similaires. Un biais légèrement positif sur les actions avec une préférence maintenant pour la zone émergente / Chine plutôt que sur les États-Unis en raison de valorisations tendues. Même avec des prévisions de bénéfices très optimistes, le potentiel haussier nous parait en effet assez faible. Côté actions euro, nous restons positifs sur les banques ainsi que sur les industriels. Sur les marchés obligataires, nous maintenons notre prudence sur les parties longues de la courbe et une neutralité sur les spreads de crédit en raison, là aussi, de niveaux peu attractifs. Et comme depuis maintenant plus d’un an, nous conservons une vision positive sur l’or.
Perspectives pour le mois d’octobre
L’environnement évolue peu mais les valorisations se tendent graduellement. Côté géopolitique, le risque d’un dérapage entre la Russie et les pays limitrophes nous semble augmenter mais en face de ça, le support budgétaire et monétaire reste présent. Aux États-Unis, le shutdown pourrait entrainer un peu plus de volatilité s’il venait à durer.
Actions - Nous prenons des profits sur les actions US après leur forte progression au cours des 3 derniers mois. Préférence pour les actions émergentes et chinoises. Maintien d’un biais positif sur les banques et les industrielles en zone euro.
Crédit - Les valorisations présentent peu d’intérêt, ce qui nous amène à neutraliser notre vue positive. Cependant, pas d’éléments de rupture qui militeraient pour une vision plus prudente avec une demande toujours forte des investisseurs finaux.
Taux - Prudence toujours sur les parties longues de courbe en lien avec le peu de sérieux budgétaire des principales économies. Préférence pour les taux euro vs US. Biais positif sur les points morts d’inflation US.
Par François Rimeu, stratégiste senior au Crédit Mutuel AM, Groupe La Française
Les analyses de marchés de nos partenaires
Lire aussi :
Les marchés actions progressent en septembre, portés par la tech et l’IA
Marchés au sommet : optimisme rationnel ou excès de confiance ?
Marchés financiers : un rallye inattendu en ce début d’octobre
Les informations contenues dans ce document ne sauraient constituer un conseil en investissement, une proposition d’investissement ou une incitation quelconque à opérer sur les marchés financiers. Les appréciations formulées reflètent l’opinion de leurs auteurs à la date de publication et ne constituent pas un engagement contractuel du Groupe La Française. Ces appréciations sont susceptibles d’évoluer sans préavis dans les limites du prospectus qui seul fait foi. Le Groupe La Française ne saurait être tenu responsable, de quelque façon que ce soit, de tout dommage direct ou indirect résultant de l’usage de la présente publication ou des informations qu’elle contient. La présente publication ne peut être reproduite, totalement ou partiellement, diffusée ou distribuée à des tiers, sans l’autorisation écrite préalable du Groupe La Française.
Coordonnées internet des autorités de tutelle : Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution (ACPR) www.acpr.banque-france.fr, Autorité des Marchés Financiers (AMF) www.amf-france.org.
Chaque jour, nous sélectionnons pour vous, professionnels de la gestion d'actifs, une actualité chiffrée précieuse à vos analyses de marchés. Statistiques, études, infographies dans divers domaines : épargne, immobilier, économie, finances, etc. Ne manquez pas l'info visuelle quotidienne !
Ne loupez aucun événement de nos partenaires : webinars, roadshow, formations, etc. en vous inscrivant en ligne.

.webp)


































