15' Insight – Partie 1 : Baisse des taux, le doute s’installe. Avec Gilles Etcheberrigaray et Igor de Maack
Vincent TOURAINE : Bonjour à toutes et à tous, merci d'être avec nous pour ce 3ème numéro de 15'Insight avec Elkano AM et Vitalépargne. 15'Insight, c'est le tour d'horizon de l'actualité macroéconomique et des marchés financiers en 15min montre en main. Autour de cette table, nos 2 invités, Gilles Etcheberrigaray et Igor de Maack. Bonjour messieurs.
Igor de MAACK et Gilles ETCHEBERRIGARAY : Bonjour.
VT : Igor, vous êtes Associé Dirigeant de Vitalépargne et Gilles, Président et Directeur des Investissements d'Elkano AM. 15'Insight, c'est une émission en 3 parties. Avec une première partie consacrée aux banques centrales. Fed, BCE, quelle trajectoire de taux ? Il semble que le doute s'installe sur le calendrier des baisses de taux, ce qui était évident en tout début d'année, l'est beaucoup moins, en ce printemps. Dans un deuxième temps, on se penchera sur les marchés actions. Quel bilan tirer du premier trimestre qui vient de s'achever ? Il a été faste ce premier trimestre. Qu'est-ce qu'on peut en attendre pour la suite ? Est-ce que ce bull market, et d'ailleurs, est-ce qu'on a un bull market ? Et jusqu'où peut-il aller ? Et puis dans la troisième partie, on s'intéressera notamment à l'or, l'or qui vole de record en record, mais non seulement à l'or, mais aussi au bitcoin ou encore au marché japonais. Le Nikkei qui renoue avec des niveaux qu'on n'avait pas vu depuis la bulle de la fin des années 80. Voilà pour le sommaire 15'Insight, c'est parti.
VT : Baisse des taux, est-ce que le doute s'installe ? C'est la première partie de ce 15'Insight avec Gilles Etcheberrigaray et Igor de Maack. Les marchés attendaient en début d'année encore des baisses de taux de part et d'autre de l'Atlantique à partir du mois de juin. Mais il semble que c'est beaucoup moins évident que cela à présent. Gilles, pourquoi est-ce que la situation est si complexe pour les banques centrales ?
GE : Il y a deux raisons principales. D'une part, pour la banque centrale américaine, comme on l'avait un peu évoqué la dernière fois, elle a crié victoire un peu trop tôt et l'inflation s'avère plus résistante. Effectivement, on commence à avoir des doutes sur le fait qu'elle fasse 3, ce qu'elle avait annoncé en juin. Les marchés avaient pensé 6, on est revenus à 3. En fin d'année, on était à 6 baisses de taux anticipées par les marchés. La banque avait annoncé 3. Là on est plutôt à 2-3, sachant qu'il y a l'élection américaine qui est au milieu, ça veut dire que s'il ne baisse pas en juin, derrière la prochaine baisse sera en novembre, parce que traditionnellement la banque centrale...
VT : On l'entend même parfois en mars 2025, ça repousse assez loin quand même.
GE : La croissance nominale américaine est très forte et donc la banque centrale va en tenir compte. Et ce qui se complique également, c'est que pour la première fois depuis 3-4 ans, on a une désynchronisation. En termes d'inflation entre d'une part les États-Unis qui sont avec cette croissance et d'autre part l'Europe et la Chine. Et c'est surtout la BCE qui se retrouve un peu coincée puisqu'elle attendait les Américains pour partir ensemble et là elle va devoir choisir de faire quelque chose parce qu'on a vu les chiffres d'inflation français et allemands qui ne sont pas très élevés. Donc quelque part, les taux commencent à être trop élevés dans la zone euro et la BCE s'atermoie en attendant les américains. C'est la complexité qui arrive alors qu'on avait une vision très homogène en début d'année et maintenant, on a un peu des gens qui s'éparpillent façon puzzle.
VT : Donc Igor, on a vraiment un écart qui se creuse entre une Amérique qui tourne à plein régime et une Europe qui finalement stagne.
IdM : Oui, tout à fait. Alors nous, on essaye de tourner à plein régime, mais on n'a pas le même moteur, pas le même nombre de chevaux. Effectivement, la politique monétaire, il me semble, si elle doit être synchronisée, elle doit quand même toujours être un peu amplifiée pour nous parce qu'on a vraiment des capacités de croissance réelles. Il ne faut pas oublier que le capitalisme, c'est de la croissance réelle. L'indice de l'inflation s'y rajoute, mais il faut être capable de produire des gains de productivité, du chiffre d'affaires, la valeur ajoutée et du bénéfice par action. Aujourd'hui, ce qui est gênant pour les investisseurs, c'est l'incertitude entre les deux politiques monétaires. C'est peut-être un peu moins incertain dans le cas des États-Unis parce qu'on est aussi sauvé par l'aspect croissance réelle. Donc on est tiré par cette économie. Chez nous, on est dans l'expectative, on devait suivre les Américains. Mais si les Américains ne baissent plus autant, qu'est-ce qu'on fait ? Parce que notre économie est vraiment en difficulté. D'ici juin, on va avoir les réponses. Donc c'est pour ça aussi que les marchés actions, je pense, plafonnent un peu, temporisent, parce qu'il faut avoir un chemin de lisibilité monétaire pour être un investisseur confiant.
VT : Bon, Gilles, quels sont les scénarios en matière de baisse de taux à ce jour, qu'on est en train de réviser à la lumière des dernières statistiques ?
GE : Normalement, en juin, ça se discute, mais ça sera la dernière étape, après on repasse à la fin de l'année, sur la BCE. Mais en juin, il semble probable de faire quelque chose, vu l'état d'inflation. Après, il y a une petite carte aléatoire, c'est le pétrole, parce que l'impact du pétrole est important.
VT : C'est inflationniste.
GE : C'est inflationniste, voilà.
VT : Parce que qu'est-ce qui se passe avec le pétrole ?
IdM : C'est toujours le Moyen-Orient. Ça a commencé dès le début de l'année, donc la frappe israélienne rajoute de l'incertitude...
VT : Sur le consulat iranien en Syrie.
IdM : De toute façon, le pétrole c'est un impôt sur la consommation pour les consommateurs européens. L'économie mondiale devait ralentir en 2024. C'est un peu le cas en Europe, on vient d'en parler, mais aux Etats-Unis ça tourne à plein pot, donc c'est normal que par rapport à un pétrole qui est, la production est standard, on ait une demande qui soit supérieure à ce qui était attendu, donc une tension sur le prix du pétrole.
VT : On n'est pas sorti de l'inflation de part et d'autre de l'Atlantique.
IdM : Clairement.
VT : Merci messieurs, c'est tout pour cette première partie de 15' Insight. À suivre, les marchés actions qui viennent de boucler un excellent premier trimestre. Assiste-t-on à un bull market ? Est-ce que la hausse peut se poursuivre ? On en parle tout de suite.
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