15' Insight – Partie 3 : Or, Bitcoin, Nikkei, pourquoi tant de records ? Avec Gilles Etcheberrigaray et Igor de Maack

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15' Insight – Partie 3 : Or, Bitcoin, Nikkei, pourquoi tant de records ? Avec Gilles Etcheberrigaray et Igor de Maack

VT : Or, Nikkei, Bitcoin, que penser de tout ce qui flambe en ce moment ? C'est la troisième partie de ce 15'Insight, toujours avec Gilles Etcheberrigaray et Igor de Maack. On va commencer avec l'or, justement, qui ne cesse de surprendre. Ça y est, le cap des 2 300$ l'once est franchie. Igor, ça vous surprend ou pas ?
 
IdM : C'est un peu surprenant parce qu'on le dit en général, ça ne peut pas être commun avec une hausse du dollar, ce qui était un peu le cas ces derniers temps. Après, l'or est toujours un actif de la peur, c'est-à-dire que quand on a une crainte sur le système politique et monétaire...
 
VT : C'est-à-dire qu'on a peur en ce moment ?
 
IdM : Oui, de toute façon, dans l'ère moderne, c'est assez fréquent maintenant d'avoir peur. Mais on a peur de cette politique monétaire qui est incertaine, de l'environnement géopolitique qui, lui, est très déséquilibré. C'est assez logique. Pour le bitcoin par exemple, qui est une sorte de forme d'or numérique. C'est un peu les mêmes ressorts, sauf qu'attention : l'or est un matériau physique, ce qui n'est pas le cas du bitcoin. Il ne faut pas non plus tout mélanger. Ce sont des marqueurs de gens qui ne veulent plus aller dans des actifs dits purement coté financier, sachant qu'attention ni l'or, ni le bitcoin ne versent de rendement.
 
GE : Tout à fait, c'est un malaise un peu sous-jacent cette flambée de l'or, parce qu'effectivement on se dit que les banques centrales pourraient être dans un corner dans les mois qui viennent.
 
VT : Elles achètent aussi de l'or les banques centrales ?
 
GE : Oui les banques centrales émergentes. Mais quelque part, c'est le sentiment que tout n'est pas aussi rose dans le bull market; c'est à dire qu'on a un risque au niveau des politiques monétaires, qui est reflété dans cette poussée de l'or. Alors qu'effectivement le dollar monte, les taux sont plutôt à la hausse, donc c'est des choses qui sont plutôt négatives normalement.
 
VT : C'est une sorte de signal faible ?
 
GE : Oui, je dirais que c'est un signal faible qui pousse à la prudence sur les marchés actions, il y a peut-être une correction qui arrive. Il y a un risque quand même, parce qu'on est dans un scénario optimal, comme je l'ai dit, croissance élevée, taux stable, qui n'est pas forcément stable ou qui peut durer un, trois, six mois mais qui est à un moment avec les élections américaines, on n'en a pas parlé...
 
IdM : La moitié du monde va voter.
 
GE : On en parlera la prochaine fois, mais on a d’autres nuages à l'horizon. L'or, à mon avis, reflète un peu ce signal faible.
 
VT : Alors le Nikkei qui renoue avec les 40 000 points, du jamais vu depuis la fin 89, au top de la bulle spéculative japonaise, c'est normal ou pas ? C'est exubérant ?
 
GE : Alors non, ce n'est pas exubérant, si on le mesure en dollars ou en or. Il y a une face cachée à cette montée du Nikkei. La chute du Yen. C'est-à-dire, exprimé en dollars ou exprimé en euros, le Nikkei n'est pas des records aussi élevés. On a une monnaie qui est complètement dévaluée au Japon, et les taux intérêts sont les plus négatifs de la planète aujourd'hui. Et donc, effectivement...
 
VT : Même si la banque centrale japonaise a mis fin...
 
GE : C'est ce qui a poussé les actions au plus haut. C'est plus symbolique qu'autre chose, c'est le minimum syndical et effectivement le yen a continué à chuter après cette fin de politique négative. Les actions japonaises sont en hausse ; c'est un indicateur cyclique d'élargissement du marché haussier. Mais c'est au prix du sacrifice de la monnaie qu'il faut tenir compte de la valorisation en euros quand on achète des actions japonaises, et du risque lié à la monnaie sur les actions japonaises.
 
VT : Un mot sur les actions et sur le Japon.
 
IdM : Le Japon, n'oublions pas que c'est le laboratoire démographique de notre monde moderne. C'est celui qui a commencé à vieillir le plus vite et qui va entrer dans une phase où, justement, comment alimenter la machine productive avec très peu de ressources humaines ? Donc c'est probablement l'économie qui va devoir faire le plus de gains de productivité. Peut-être qu'avec le changement d'attitude sur le retour sur fonds propres, c'est une économie qui va nous surprendre parce qu'elle est confrontée à des défis, beaucoup plus proches que nous sur la démographie. Il y a aussi la vision : on a investi dans le Japon pour investir sur la Chine, sans être en Chine, qui joue. Mais c'est une économie qui est très intéressante, à plein de points de vue, avec du potentiel mais des défis.
 
VT : On garde un peu de place pour le bitcoin quand même ?
 
GE : Je confirme ce qu'a dit Igor, c'est l'or numérique. Simplement, il y a des gens les plus traditionnels qui achètent de l'or, les autres achètent du bitcoin. Mais c'est une défiance par rapport aux monnaies, aux banques centrales, à l'économie au final. Et je dirais que sur le Japon, il faut faire attention à l'évolution du Yen.
C'est quelque chose de très important pour la performance du marché japonais. Et si le Yen est le pendant de l'or, s'il y a un problème sur le Yen, il y aura un problème sur les actions japonaises.
 
VT : Je termine sur le Bitcoin quand même, 70 000 dollars.
 
IdM : Un peu moins, il a rebaissé.
 
VT : Oui, ça tourne autour des 70 000, ça a dépassé largement, c'est repassé en dessous. Ça va à 100 000 ? Un million ? Un million de dollars ?
 
IdM : Non, moi je ne peux pas faire de prévision sur un actif que je ne connais pas, et dont je ne comprends pas la dynamique de hausse et de baisse.
 
VT : Vous ne mettez pas ça dans vos allocations ?
 
IdM : D'abord, on n'a pas le droit en tant que CGP. Ensuite, non, ce n'est pas notre domaine. Il faut toujours se rappeler qu'un actif, la façon de le valoriser, c'est le flux qu'il dégage. C'est pour cela qu'il est difficile de valoriser l'or, à part que l'or a quand même une fonction industrielle, le bitcoin, non. Puisqu'on utilise l'or dans l'industrie automobile ou l'industrie aéronautique.
 
VT : Même un ETF sur le Bitcoin ?
 
GE : Ça existe aux États-Unis, mais ce n'est pas accessible pour les Européens. L'intérêt de cet ETF, comme on a pu le voir, c'est qu'aujourd'hui, on a un vrai prix. C'est-à-dire qu'on a eu des flux entrants assez fort aux Etats-Unis sur le mois de janvier. Ces flux se sont arrêtés. Donc maintenant, ces flux de particuliers américains dicteront le fait qu'ils arrivent à 100 000 ou pas. Ça m'étonnerait, mais c'est toujours possible.
 
VT : Et bien ce sera le mot de la fin. Merci messieurs d'avoir participé à ce 15'Insight. Igor de Maack, Associé Dirigeant de Vitalépargne et Gilles Etcheberrigaray, Président Directeur des investissements d'Elkano AM et merci à toutes et à tous de nous avoir suivis.

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