2025 : une année « Trump Dependent » ? (Ofi Invest AM)
* Trump Dependant = dépendant de Trump
L’environnement macroéconomique reste globalement porteur. Pour la résilience de la croissance mondiale, les États-Unis jouent un rôle déterminant une fois de plus grâce à la vigueur de la consommation et du revenu disponible. En revanche, la zone Euro ne connaît qu’une reprise très modérée, avec de fortes disparités sectorielles et nationales. La dynamique de la consommation privée est la cause principale de la différence de croissance entre les deux régions.
Consommation et croissance
Aux États-Unis, le marché du travail n’est plus en excès de demande, ce qui devrait inciter les ménages américains à modérer leur consommation. L’évolution du marché du travail restera décisive pour la suite, mais les anticipations de prolongation des réductions d’impôts pour les particuliers au-delà de 2025 que Donald Trump souhaite déployer pourraient encourager les consommateurs à maintenir leurs dépenses et donner un coup de pouce supplémentaire à la croissance. En zone Euro, grâce à un taux de chômage au plus bas et au rattrapage salarial de l’inflation qui se poursuit progressivement, la consommation devrait continuer à croître légèrement, avant que l’investissement - d’abord résidentiel puis des entreprises - ne prenne le relais, stimulé par des conditions de financement moins strictes.
À court terme, les baisses des taux directeurs devraient se poursuivre
Partout, la baisse significative de l’inflation, désormais proche des 2 %, a permis aux Banques Centrales de commencer à assouplir leurs politiques monétaires.
Les risques sont plus équilibrés entre croissance et inflation, et l’inflation reste sur une trajectoire de retour à la cible en 2025. Les baisses graduelles des taux directeurs devraient donc se poursuivre dans les prochains mois. En zone Euro, les taux directeurs devraient atterrir vers la zone de neutralité (autour de 2 %) l’an prochain. Aux États-Unis, les augmentations des droits de douane voulues par Donald Trump sont probablement le principal risque qui plane sur l’inflation américaine ; toutefois elles ne devraient pas être appliquées avant le deuxième trimestre 2025, ce qui signifie que les premiers effets sur l’inflation réalisée ne se feront sentir qu’à partir du second semestre dans le meilleur des cas. Dans un tel scénario, si l’inflation américaine s’avère finalement plus persistante, les taux directeurs pourraient diminuer moins que prévu en 2025, et rester plus proches de 4 % que de 3 %.
Trump : des différences importantes entre les impacts de court terme et de long terme
L’ampleur de la mise en œuvre du programme de Donald Trump est incertaine et pourrait entraîner des répercussions importantes sur l’économie américaine (et mondiale). À court terme, l’effet haussier sur la croissance des baisses d’impôts devrait compenser l’effet négatif de la hausse des droits de douane et du durcissement de la politique d’immigration. À moyen terme cependant, les freins à la croissance engendrés par le protectionnisme et une politique migratoire plus stricte devraient prévaloir. Les effets seront donc potentiellement différents sur les marchés en fonction de l’horizon temporel. Enfin, le président américain jouera toujours un rôle clé dans l’équilibre géopolitique mondial déjà instable.
Les États-Unis ont dépassé le Royaume-Uni en tant que principal partenaire commercial de la zone Euro à partir de 2015. La liste des 5 premiers marchés d’exportations de biens de la zone Euro est complétée par la Chine, la Suisse et la Turquie. La zone Euro exporte un peu plus de 500 Mds$ vers les États-Unis, soit 18 % de ses exportations totales de biens en dehors de la zone. En supposant une élasticité unitaire du commerce aux droits de douane, c’est à dire qu’une hausse de 10 % des droits de douane engendre une baisse de 10 % des exportations, les moindres importations américaines pourraient engendrer une baisse de l’activité économique d’environ 0,3 % du PIB en zone Euro, sans compter l’impact négatif de l’incertitude sur le commerce mondial. Ces effets négatifs ne seraient que légèrement compensés par une hausse des exportations liée à une politique budgétaire américaine plus expansionniste.
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