Le bouleversement du monde pèse sur les stratégies d’investissement (Covéa Finance)

Entre l’émergence d’un multirégionalisme et la recherche de souveraineté, les enjeux géopolitiques influent sur les perspectives des marchés établies par Covéa Finance pour 2025.
Nos observations se confirment : remise en cause du multilatéralisme, retour du Politique, géopolitique des matières premières, développement de distorsions de concurrence entre économies, émergence d’un multirégionalisme. La formation progressive d’une opposition planétaire et d’un rejet du modèle occidental se traduit par l’émergence d’un ordre alternatif autour des BRICS dont les échanges bilatéraux se développent ainsi bien plus que le commerce mondial. Dans ce contexte, le Politique reprend la main sur l’Economique. Avec la nécessaire reconstitution des souverainetés stratégiques, nous assistons à une nouvelle volonté politique qui se traduit par l’élaboration de plans de réindustrialisation, de rapatriement de chaînes de production et de sécurisation des approvisionnements et des facteurs de production. De surcroît, le monde est surendetté.
Ce bouleversement du monde pèse bien sûr sur notre stratégie d’investissement. Elle nous amène à nous interroger sur l’identification de ceux qui financeront demain les déficits public et extérieur des pays occidentaux. Or, l’utilisation d’outils règlementaires protectionnistes se renforce et contribue à maintenir une pression sur les prix et les besoins de financement des États. Nous nous attendions à un retour des taux souverains de long terme sur les niveaux élevés de ces dernières années. Nous y sommes.
Nous profiterons de la pentification des courbes
Pour sa part, à contre-courant du reste de l’Union européenne, la France émettra en 2025 un montant record. Or, les taux longs français, comme leurs homologues de la zone euro, n’auront plus le soutien du programme d’urgence-pandémie de la BCE, puisque le réinvestissement des remboursements de titres arrivant à échéance s’est bel et bien terminé fin 2024. Par ailleurs, ces émissions subiront la concurrence de celles des plans de relance de la Commission européenne. Dans ce contexte, les parties longues de la courbe devraient continuer de se tendre, alors que les parties courtes subiront une pression plus baissière. Nous l’identifions comme une opportunité pour profiter de la pentification des courbes, augmenter progressivement la sensibilité des portefeuilles tout en veillant à conserver des échéanciers cohérents et améliorer les produits récurrents des portefeuilles.
Une sélection rigoureuse des émetteurs et du rang de séniorité des créances
Sur le crédit, nous sommes toujours attentifs à la fois au niveau absolu des taux d’intérêt et à la prime de risque. Si la demande des investisseurs et les flux des ETF obligataires ont permis une compression de cette dernière, on ne peut exclure une remontée de la volatilité du crédit et des fenêtres d’opportunités alors que 40 milliards de prêts garantis par l’État français pendant la pandémie de Covid-19 sont à rembourser dans les 2 ans sur fond d’incertitudes politiques et fiscales, et que l’économie allemande est en panne et met à mal ses clients et ses fournisseurs européens. La sélection rigoureuse des émetteurs et du rang de séniorité des créances restera donc le maître-mot !
Les valeurs américaines bénéficient d’avantages comparatifs
Sur les marchés actions, notre préférence pour le marché américain et sa devise est conservée, au regard de plusieurs avantages comparatifs des États-Unis, fondés sur un accès facilité aux ressources humaines, financières, ou liées aux matières premières. Les États-Unis ont ainsi la capacité de déployer une politique industrielle volontariste tandis que l’Europe se heurte à un manque d’accès aux ressources, exacerbé par la montée du multirégionalisme dans le monde. Ses ambitions sont également contrariées par un environnement politique qui complique la mise en œuvre d’initiatives collectives et par des marges de manœuvre budgétaires limitées. Les entreprises américaines, très centrées sur leur propre économie en termes de débouchés, vont donc profiter de cet environnement. En termes d’interventions sur les marchés, nous maintenons à la fois une approche réactive sur les premiers retracements des seuils dits « benchmark » et une stratégie plus exigeante pour les points majeurs compte tenu de la concentration des performances et des bénéfices des indices et d’une volatilité qui reste basse. Enfin, nous resterons sélectifs, en privilégiant les valeurs qui n’ont pas bénéficié de la polarisation de la trajectoire des marchés, alors que ceux-ci entament une phase de déconcentration de la structure des performances.
Par Francis Jaisson, Directeur Général Délégué en charge de l’ensemble des Gestions, de la Commercialisation, de la Négociation et de l’ensemble des Recherches de Covéa Finance.
Ce document contient des opinions et analyses conçues par Covéa Finance à partir de données chiffrées qu’elle considère comme fiables au jour de leur établissement en fonction du contexte économique, financier ou boursier. Il est produit à titre indicatif et ne peut être considéré comme une offre de vente ou un conseil en investissement. Il ne constitue pas la base d’un engagement de quelque nature que ce soit. Covéa Finance ne saurait être tenue responsable de toute décision prise sur la base d’une information contenue dans ce document.
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