Les cryptomonnaies entrent dans une nouvelle dimension

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Nées il y a une quinzaine d’années, ces « devises numériques » disruptives font désormais partie du paysage patrimonial. Adoptées par les institutionnels, les particuliers et même les États, elles sont une classe d’actifs à part entière. Mais gare aux escroqueries.

Encore rebelles ou déjà conventionnelles ? Désormais classiques ou à jamais subversives ? À la faveur d’une récente actualité, les cryptomonnaies semblent désormais être entrées dans une nouvelle dimension. Comme un nouveau cycle d’émancipation qui aurait pour point de départ la réélection de Donald Trump à la Maison-Blanche.

Signe de cette évolution, en plein chaos d’une guerre commerciale mondiale grondante, le Bitcoin était au printemps recherché comme une alternative parmi d’autres aux actifs libellés en dollar. Un épisode qui ne va pas sans interroger sur les changements qu’il induit. En réalité, « même avant la présidentielle américaine, la partie était déjà gagnée pour les cryptos, analyse Thibaut Boutrou, COO et cofondateur de Meria. L’élection de Trump n’a été qu’une exposition médiatique supplémentaire à une normalisation qui était déjà en marche depuis un certain temps ».

Face à cette irrésistible ascension, même les États préparent leur conversion. « La volonté affichée par Donald Trump de constituer des réserves de cryptos s’inscrit dans ce sens, explique Luciano Somoza. Tout comme, en Europe ou en Chine, les projets d’euro ou de yuan numériques. Bien que ces monnaies ne soient pas à proprement parler des cryptomonnaies, il existe un intérêt croissant à adopter des solutions basées sur la technologie blockchain ou DLT. »

Un « accélérateur d’investissement »

À l’aube de ce nouveau « mégacycle », comme l’appellent certains, comment appréhender les cryptomonnaies, en matière d’investissement ? « Il y a deux façons de les envisager : soit les voir comme une classe d’actifs, soit les considérer comme la colonne vertébrale de la finance de demain », estime Florian Freyssenet, fondateur de TokenLand et Next Gen Patrimoine, pour qui elles sont avant tout un « accélérateur d’investissement ». Un avis partagé en partie par Luciano Somoza, qui les voit comme « un actif d’investissement pratique pour s’affranchir de contraintes liées au système financier international ».

Un terrain fertile en arnaques

L’univers des cryptomonnaies a beau se normaliser, il n’en demeure pas moins un terrain fertile en arnaques, où les fausses plateformes se sont multipliées, promettant des gains mirobolants. Sur le sujet, l’Autorité des marchés financiers rappelait, fin juin, « qu’aucune société sérieuse ne peut garantir un rendement minimum avec un investissement dans les cryptomonnaies ». Mettant en garde contre les « discours trop beaux pour être vrais », l’instance soulignait notamment l’obligation pour un intermédiaire de disposer du statut de prestataire de services sur actifs numériques. Dans son dernier rapport, le gendarme de la Bourse indiquait qu’au chapitre des arnaques ce sont celles liées à l’offre de cryptoactifs qui arrivent en tête.

Après dix ans de développement chaotique, les monnaies numériques ont fini par intéresser les institutionnels

De la crise financière de 2008 pour être exact. Tout un symbole ! Né en marge d’un secteur financier traditionnel en pleine déroute sur la base du Livre blanc de Satoshi Nakamoto et d’une formule mathématique, le phénomène a, depuis, connu pas moins de six cycles. Une genèse rebelle et un cheminement chaotique marqué, entre autres, par plusieurs bulles… et autant de krachs. « À partir des années 2020 s’opère un changement structurel, constate Luciano Somoza, professeur assistant en finance à l’Essec. Si cet univers était jusqu’alors une sorte de domaine réservé aux initiés, il va susciter un intérêt grandissant de la part des institutionnels et, à la faveur du Covid, des particuliers. »

Le vrai coup d’accélérateur à la normalisation a été donné avec l’arrivée des premiers etf en 2021

« L’étape des ETF valide implicitement et officiellement la légalité de cet écosystème par les institutions et les régulateurs qui y étaient jusqu’alors réfractaires, souligne Florian Freyssenet, Fondateur de TokenLand et Next Gen Patrimoine. Ensuite, c’est le lancement de l’ETF Bitcoin Spot de BlackRock en 2024 qui marque un vrai tournant. Quand un acteur de cette taille entre dans la danse, cela confirme de façon effective qu’il n’y aura plus de retour en arrière. Cela réduit, par ailleurs, nettement le risque inhérent à ce genre d’actif. » Surfant sur ce premier succès qui s’est avéré être le plus gros démarrage d’un ETF de l’histoire, le géant mondial de la gestion d’actifs a lancé, en mars dernier, un produit similaire en Europe propre à ouvrir en grand les portes du « cryptounivers » aux banques du Vieux Continent.

En matière de finance, qui dit normalisation dit aussi fixation des règles

Chacun voit midi à sa porte. Sur le sujet, « il existe différentes approches, explique Thibaut Boutrou. Alors que les Etats-Unis privilégient un laissez faire mais encadré, l’Europe a opté pour la réglementation. Tandis qu’en Asie c’est un peu un entre-deux ». Dans les grandes lignes, la directive européenne MiCA (Markets in Crypto-Assets), présentée au printemps, impose notamment aux prestataires de services sur actifs numériques (PSAN) l’obligation préalable d’un agrément et un devoir de transparence et de divulgation d’informations financières. En tout état de cause, la réglementation naissante est surtout le signe d’une adhésion croissante. Dans l’Hexagone, où le phénomène a mis du temps à s’implanter, entre 10 et 12 % des Français détiennent aujourd’hui des cryptomonnaies. « Il y a une narration qui entoure les cryptos et qui invite les particuliers à prendre leur épargne et leur patrimoine en main, décrypte Thibaut Boutrou. C’est un support qui rend la finance plus accessible grâce à de nombreux outils, en particulier les réseaux sociaux. » Témoignage de cet essor, la naissance en mai de la première néobanque (Deblock) ayant obtenu l’agrément AMF pour gérer des cryptoactifs.

Par Gaël Vautrin

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